Ailleurs : Hôtel Barrière Le Royal Deauville, une institution patrimoniale, témoin du retour en grâce de la station balnéaire dans les années 1910


L'Hôtel Barrière Le Royal Deauville, prisé des stars d'Hollywood et les joueurs de polo, affirme son attachement à l'histoire hippique de la station balnéaire. Dans une ville dont l'hippodrome a été ouvert avant l'église, dans une région, le Pays d'Auge, d'élevage et de courses, il joue avec les codes du monde du cheval. Inauguré en 1913, l'établissement par son envergure, son ambition marque la création du "resort à la française". Son esthétique monumentale fait alors l'objet de commentaires désavantageux dans la presse avant d'acquérir une réputation flatteuse. Aujourd'hui, les 189 chambres et 29 suites, portent les personnalités qui y ont séjourné à l'occasion du Festival du film américain, Liz Taylor, John Travolta, Michael Douglas.

Les décors conservent des accents Belle Époque, tandis que lobby et les chambres ont été revisités par l'architecte d'intérieure Jacques Garcia dans un style Directoire. Au réputé restaurant Le Côté Royal, s'ajoute le bar l'Étrier, à la façon d'un gentlemen's club anglais, fauteuil club, piano à queue et collection de Calvados unique. Les services et équipements répondent aux codes du luxe, centre de remise en forme, spa prestigieux de sept cabines, piscine extérieure ouverte à la belle saison, conciergerie.





Eugène Cornuché (1867-1926), directeur de Maxim's à Paris, prend les rênes du Casino Salon de Trouville en 1905. L'institution vénérable envisage de se réinventer afin de répondre aux goûts modernes. La proposition originale de Cornuché, jugée trop somptuaire, est repoussée par les édiles de Trouville. L'entrepreneur démissionne en 1909 afin de présenter son projet à maire de Deauville, station balnéaire en perte de vitesse depuis la chute du Second Empire. Désiré Le Hoc (1851-1919) cherche alors à redorer l'image de sa ville auprès des clientèles parisiennes et internationales. Le carnet d'adresse prestigieux de Cornuché et la promesse d'un nouveau casino luxueux et d'un grand hôtel con le maire. 

En 1910, le conseil municipal deauvillais rompt l'accord de monopole des casinos conclu avec Trouville. Eugène Cornuché fonde les Grands Établissements de Deauville qui deviendront rapidement la Société des Hôtels et Casinos de Deauville. Il confie en 1911, la construction de l'Hôtel Normandy à l'architecte Théo Petit (1865-1930), assisté possiblement par son confrère Georges Wybo (1880-1943). Le nouveau Casino de Deauville et Le Normandy sont inaugurés en 1912.

Le succès de la saison estivale pousse Eugène Cornuché à voir les choses en grand. La Société des Hôtels et Casinos de Deauville achète la Villa Louisiane auprès de la baronne d'Erlanger, maison édifiée en 1861. Le conseil municipal délivre une permission de construire le 22 janvier 1913. Sur la parcelle sur le front de mer, libérée par la démolition de la bâtisse, un nouveau grand hôtel voit le jour, l'Hôtel Le Royal, édifié en moins de dix mois. Les architectes Théo Petit et Georges Wybo imaginent un bâtiment massif, dont la façade monumentale se dresse face à la mer. La plupart des chambres et suites offre une vue imprenable sur la Manche. Si l'hôtel répond aux codes de la villégiature de luxe, son envergure préfigure le développement du tourisme de masse. 




Plan en U, gros-oeuvre en béton armé, l'hôtel se déploie sur sept niveaux, un rez-de-chaussée surélevé sur un sous-sol, quatre étages carrés, deux étages de combles. La façade principale dans un esprit anglo-normand moderne, se développe sur 21 travées. Le rez-de-chaussée et les corps en saillie sont recouverts d'un enduit lisse. Un appareil en damier décore les deuxième et troisième étages. Un faux pan de bois structurel anime le parties hautes faux pan de bois structurel. Des tuiles plates régionale recouvrent le toit à l'impérial. 

En 1927, François André (1879-1962) succède à son associé Eugène Cornuché à la tête de la Société des hôtels et casino de Deauville - SHCD.

Réquisitionné par l'armée allemande durant la Seconde Guerre Mondiale, l'Hôtel Le Royal voit ses intérieurs pillés, son mobilier dispersé et ses décors détériorés. À la Libération, la rénovation prend quelques mois et il rouvre pour la saison d'été 1946.

Lucien Barrière, neveu de François André, rejoint l'entreprise familiale en 1951. Légataire universel de son oncle, il prend la relève en 1961 et donne son nom au groupe. 

Dans les années 1990, l'Hôtel Barrière Le Royal fait l'objet d'une nouvelle décoration intérieur menée par Jacques Garcia, le décorateur favori de Diane Barrière-Desseigne. 

Hôtel Le Royal Deauville 
Boulevard Cornuché - 14800 Deauville
Tél : 09 70 80 95 55



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.