Ailleurs : Maison Ziegler à Sélestat, témoin de l'architecture privée de la première Renaissance alsacienne

 

La Maison Ziegler, située dans le centre historique de Sélestat, témoigne de l'architecture privée au cours de la première Renaissance alsacienne. Résidence de l'architecte Stephan Ziegler et son épouse Anna Römer, la bâtisse est achevée en 1538. L'oriel de fond ajouté en 1545 vient embellir la façade par une avancée qui s'élève depuis le rez-de-chaussée. La Maison Ziegler fait l'objet d'une protection patrimoniale. L'inscription partielle à l'inventaire des Monuments historiques du 5 avril 1930 concerne la façade sur rue avec oriel, la façade sur cour avec tourelle d'escalier et escalier en bois.

 





Au 18 rue de Verdun, à Sélestat, la Maison Ziegler se déploie sur quatre niveaux, un sous-sol avec des caves voûtées, un rez-de-chaussée, un niveau intermédiaire et des combles sous un toit à long pans et tuiles plates. Propriété privée, elle se divise aujourd'hui en quatre logements individuels.

Les élévations à travées de la façade répondent à un programme décoratif inspirés des traités de Vitruve - architecte romain du Ier siècle avant JC - ouvrages reproduits et conservés au sein de la Bibliothèque humaniste de Sélestat. Volutes, candélabres, motifs végétaux cotoient coquilles et dauphins, bestiaire mythologique sirènes et griffons, têtes humaines. Une inscription en latin - "Steph. Ziegler a Senheim Architectus et Pub. Structor huius Civit. Selat. Ac Anna Romerin conjuges. Aedificium hoc suum in meliorem faciem restituebant. AN. MDXLV " - atteste des dates de construction. L'écu en accolade serait la signature de Ziegler.

L'oriel, ajouté en 1545, est sculpté de pilastres avec quatorze médaillons buchés au cours de la Révolution de 1789. Ils représentaient des profils d'architectes, en particulier Vitruve, d'artistes et savants de l'Antiquité grecque et romaine. Parmi les éléments remarquables à noter, il existe deux escaliers, l'un en bois, le second à vis en grés, et une porte cochère datée du deuxième quart du XVIème siècle.

Au XVIIIème siècle, la maison est modifiée. Les ouvertures sont élargies, fenêtres et portes extérieures remaniées, fenêtres du corps de passage agrandies. Sur la cour intérieure, un escalier en bois à départs sculptés est ajouté. Les annexes de cette époque, bâtiments d'exploitation, ont été rasées avant inventaire. 







Au début des années 2000, les propriétaires Michèle Studler et son frère Raymond Schleppy entreprennent la restauration de ce patrimoine sélestadien, intimement lié à l'histoire de leur famille. Leur grand-père y avait installé son entreprise de couverture zinguerie. Le budget total s'élèvera à 160 000 euros.

Entre 2003 et 2006, la fratrie s'attelle à la réfection de la toiture et ses fuites dommageables pour le bâti. Vaste de 1000m2, elle est couverte de "biberschwang", tuiles alsaciennes en queue de castor qui nécessitent un savoir-faire artisanal particulier. 

La restauration des façades et leurs décors sculptés débute en 2013. L'oriel, construction en saillie, particulièrement abîmé à la suite d'une restauration malheureuse datant du XIXème siècle, est confié au tailleur de pierre Olivier Badermann. Le balcon avait fait l'objet d'interventions antérieures afin d'en assurer l'étanchéité. Mais ces travaux avaient compromis l'évacuation correcte des eaux de pluie. Ainsi le grès altéré par l'humidité constante se désagrégeait sur les parties basses. La nouvelle restauration a corrigé les erreurs passées. Tout en tentant de conserver les matériaux d'origine, les angles détériorés ont été remplacés par des pierres issues de la carrière de Rothbach dans les Vosges du Nord. Ces nouveaux grés ont été scellés grâce à la technique des goujons de fibre de verre, sur lesquels la rouille n'a pas d'emprise. Les façades ont été également recrépies.

Maison Ziegler
18 rue de Verdun - 67600 Sélestat



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.