Ailleurs : Commanderie Saint Jean, patrimoine Renaissance remarquable à Sélestat

 

La Commanderie Saint Jean à Sélestat, a été construite entre 1560 et 1566, sur les plans de l'architecte Michel Sindelin afin d'accueillir les activités de l'ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem. Remarquable patrimoine Renaissance, son style caractéristique de la seconde moitié du XVIème siècle se distingue par les lignes et motifs d'influence italienne. Son allure actuelle est le fruit de campagnes successives de réhabilitation depuis le XVIème siècle, notamment au XIXème siècle, au cours duquel deux tourelles et une coursière sont ajoutés. La bâtisse s'inscrit dans un plan rectangulaire de 26 mètres sur 14. Au centre se trouve une tourelle dont la porte gothique ouvre sur un escalier hélicoïdal réalisé en limon, haut de 75 marches, réalisé par quatorze compagnons qui ont chacun laissé leur poinçon. La porte voisine à l'esthétique Renaissance se distingue par des pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens et un entablement à frise d'arabesques. L'oriel s'inspire du style antique, pilastres à chapiteaux ioniques, balustres à feuillages. La voûte du rez-de-chaussée est frappée des armes de Jean Holl, le commandeur de Strasbourg, commanditaire du bâtiment. La Commanderie de Saint Jean est inscrite à l'inventaire des Monuments historiques le 29 avril 1931. 







La Commanderie de l'ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem est fondée à Sélestat en 1265. Albert le Grand (1193-1280) - frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste et chimiste allemand, évêque de Ratisbonne durant trois ans (1260-1263), professeur de renom au XIIIe siècle dont le plus célèbre disciple est saint Thomas d'Aquin - bénit la chapelle originelle, dédiée à saint Michel, en 1268.  

En 1399, la commanderie passe sous le contrôle de celle de Strasbourg et devient un prieuré. Une nouvelle église édifiée en 1407 et dédiée à saint Jean-Baptiste reprend pour fondations du choeur la chapelle primitive. Les prêtres logent alors au sein du Ritterhof, "Maison des Moines", bâtisse datée de 1410. Le domaine agrandi, une école avec internat est créée. L'enseignement se déroule au sein de l'église. 

En 1559, Jean - Johann - Holl, commandeur des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem de Strasbourg, fait appel à l'architecte Michel Sindelin afin de réaliser un nouveau bâtiment susceptible d'accueillir la communauté. Le chantier s'achève en 1566 mais la date de 1565 est retenue pour être gravée dans la pierre, date à laquelle l'architecte meurt dans un accident. 

En 1632, au cours de la Guerre de Trente ans (1618-1648), une attaque des troupes suédoises qui assiègent Sélestat endommage la commanderie. La toiture du chœur de l'église s'effondre ainsi que le campanile. Au lendemain du conflit, le magistrat de Sélestat fait raser les vestiges du choeur. Une portion conséquente du domaine est cédée à la ville dans le cadre de la construction d'une nouvelle enceinte défensive et le percement de la rue dans le prolongement du Vieux Marché aux Vins. 







En 1792, les biens du Clergé sont nationalisés. Le domaine de la commanderie de Saint Jean est vendu à des particuliers puis racheté, en 1806, par la Ville de Sélestat. La municipalité y développe un collège secondaire et un internat, en activité jusqu'en 1910. Dans l'ancienne église désacralisée, un étage supplémentaire est créé dans les hauteurs afin de multiplier le nombre de salles de cours. 

Le bâtiment fait l'objet de remaniements au XIXème siècle au cours desquels deux tourelles d'angle et une coursière sont ajoutées sur la façade arrière, les toitures refaites. L'ancienne église vétuste est rasée au cours de la première moitié du XXème siècle. 

En 1970, une restauration d'envergure réhabilite la bâtisse de 1565. La municipalité de Sélestat implante des services techniques de la ville au sein de l'édifice réaménagé. L'office de tourisme y siège de 1984 à 2019. 

Commanderie de Saint Jean
10 boulevard Leclerc / place du Vieux Marché aux Vins - 67600 Sélestat



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.