Paris : Maisons de vignerons du début du XIXème siècle au 134 et 136 rue de Bagnolet, la mémoire du village de Charonne - XXème

Au 134 et 136 rue de Bagnolet dans le XXème arrondissement, demeurent deux maisons de vignerons, bâtisses édifiées vers 1801-1850. Elles témoignent de l'histoire de la commune de Charonne annexée au territoire de la ville de Paris en 1860. Les deux pavillons d'un étage ont été conçus sur le modèle d'un rez-de-chaussée surélevés par un soubassement qui compensent le dénivelé naturel de la chaussée. Au XIXème siècle, la pente a été adoucie afin de faciliter le trafic routier à travers le village en pleine urbanisation. Les maisons jumelles se distinguent par la présence pittoresque d'escaliers en fer à cheval à double volée. Des soupiraux donnent un accès direct aux caves, utiles pour le commerce des premiers propriétaires, certainement vignerons et négociants en vins. 





Au XVIIème siècle, la quiétude champêtre de Charonne, entre vignobles et terres maraîchères, attire aristocrates comme bourgeois. Ils y font édifier des maisons de campagne, villégiature à quelques kilomètres de Paris. De grands domaines seigneuriaux, le château de Charonne, le château de Bagnolet, voient le jour tandis que les Jésuites constituent une propriété autour d'une colline, Champ-l’Évêque puis Mont-aux-Vignes devenu Mont-Louis le siècle suivant. Au cours du XVIIIème siècle, la communauté religieuse y installe une maison de de repos et de convalescence dirigée de 1675 à 1709, par le confesseur du roi Louis XIV, François d'Aix de La Chaise (1624-1709), dit le Père La Chaise. 

Développé autour d'une rue principale, future rue Saint-Blaise et de l'église paroissiale Saint-Germain-de-Charonne, le village de Charonne demeure peu urbanisé, perdu entre vigne et champs jusqu'au milieu du XIXème siècle. Le rattachement de la commune de Charonne au territoire de la ville de Paris en 1860 change la donne. À partir de cette annexion, le village champêtre évolue en ville à vocation industrielle. 






Sous le Second Empire et la Troisième République, manufactures, ateliers puis usines prennent leur essor sur les terrains libérés par la disparition des vignobles. Les grands travaux de modernisation de la ville, menés sous la houlette du préfet de la Seine, le baron Haussmann, repoussent les populations les plus modestes du coeur de la capitale vers l'Est parisien. Désormais, tandis que le centre de Paris s'affirme dans une gentrification revendiquée, les quartiers périphériques et la banlieue deviennent populaires et ouvriers. 

Maisons de vignerons
134-136 rue de Bagnolet - Paris 20



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Éditions de Minuit
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette