Paris : Rue Saint Blaise, le charme de l'ancien village de Charonne, pittoresque échappée hors du temps - XXème

 

La rue Saint Blaise, îlot préservé, a conservé son charme villageois du XIXème siècle. Ancienne voie principale de Charonne, l'une des communes rattachées au territoire de la ville de Paris en 1860, elle évoque les rivages sereins de province, loin des trépidations de la Capitale. Dès le XVIIIème siècle, aristocrates et bourgeois y font construire des maisons secondaires. La modeste bourgade de vignerons, entre vignobles et champs, devient lieu de villégiature des privilégiés en mal de nature. Le siècle suivant, Charonne, réputé pour son bon air, voit se développer les pensions de nourrices où sont placés les très jeunes enfants des classes populaires.  

Aujourd'hui, la rue Saint-Blaise joliment pavée et partiellement piétonne, sinue dans la perspective de l'église Saint Germaine de Charonne, cœur de l'ancien village. Bordée de petits commerces, elle se distingue dans sa première portion préservée, par ses maisons de ville restaurées avec soin et souvent dotées à l'arrière de courettes ou de jardinets, ses immeubles faubouriens et ses constructions plus récentes, respectueuses du gabarit général. La rue Saint-Blaise associe à son esthétique pittoresque une atmosphère conviviale, entretenue par une vie de quartier. Les liens se nouent le temps du marché hebdomadaire, d'une pause en terrasse, de la brocante annuelle qui se tient en juin. 







La rue principale du village de Charonne est mentionnée, dès 1672, sur le plan de Jouvin de Rochefort. En 1771, elle apparaît sous le nom de Grande rue Saint Germain et route départementale 23.

Classée dans la voirie parisienne par décret du 23 mai 1863, la rue Saint-Blaise acquiert sa dénomination actuelle par arrêté du 26 février 1867, en référence à l'une des chapelles de l'église Saint Germain de Charonne. Elle est l'une des dernières située Paris intramuros, avec l'église Saint Pierre de Montmartre, à avoir conservé son cimetière paroissial, le cimetière de Charonne

Parmi les défunts célèbres qui y reposent, se trouve Josette Clotis (1910-1944), femmes de lettres, journaliste, compagne d'André Malraux de 1933 à sa disparition, mère de ses deux fils, Gauthier et Vincent Malraux. Décédés dans un accident de voiture en 1961, ceux-ci sont également inhumés dans le cimetière de Charonne. La présence de ses sépultures aurait suscité l'intervention de Malraux quant à la préservation d'une portion du village de Charonne, menacée, dans les années 1960, par un projet de quinze tours de quarante étages chacune. 







De ses premiers numéros jusqu'à la place des Grès, au Nord-Est, la rue Saint-Blaise conserve son atmosphère de jolie province. Cette portion a conservé tout son cachet tandis que le second tronçon, au Sud-Est, a subi des modifications drastiques au cours des années 1970, transformations menées par des promoteurs adeptes du béton sans élégance. 

Les maisons de campagne du XVIIIème siècle ont disparu sans laisser beaucoup de traces. Au numéro 2 de la rue Saint-Blaise se trouvait un hôtel particulier disparu, édifié sur les plans de l'architecte Jacques-François Blondel (1706-1774), figure du style Louis XVI. Au numéro 5, l'architecte Nicolas Le Camus de Mézières (1721-1789) s'était fait construire un pavillon, rasé en 1929. Au numéro 46, un portail à mascarons têtes de Neptune, dernier vestige d'une maison du XVIIIème siècle, paraît bien incongru détaché de sa bâtisse originelle. De 1836 à 1906, le pavillon accueille un pensionnat régi par Sœurs de la Providence de Portieux, congrégation religieuse féminine enseignante et hospitalière de droit pontifical. 







Au-delà, se trouve la ZAC Saint-Blaise (Zone d'aménagement concertée), édifiée entre les années 1960 et 1990, d'un style fort différent. À partir de 2007, la rue est inscrite dans le Grand Projet de Renouvellement Urbain (GPRU) de la ZAC Saint-Blaise, définie par la Mairie comme une "opération de requalification urbaine des quartiers en faveur de l’amélioration des conditions de vie des habitants, l’insertion et le développement économique, le développement de la coopération avec les communes voisines, l’accès aux droits des populations les plus en difficulté".

Rue Saint Blaise - Paris 20
Accès Place Saint-Blaise / 109 boulevard Davout - Paris 20
Métro Alexandre Dumas ligne 2 / Porte de Montreuil ligne 9 / Porte de Bagnolet ligne 3



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Éditions de Minuit
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette
Le guide du promeneur 20è arrondissement - Anne-Marie Dubois - Éditions Parigramme