Paris : Pavillon de l'Ermitage, vestiges du château de Bagnolet dans le jardin de l'Hospice Debrousse - XXème

 

Le pavillon de l'Ermitage, bâtisse de style Régence, est une ancienne annexe du château de Bagnolet, rasé en 1771, dernier vestige du domaine. Il se déploie dans le jardin l'Hospice Debrousse, ouvert au public en 1982. Le pavillon originel, d'inspiration italienne, construit entre 1723 et 1727, présente un toit plat avec balustrade. Les deux fenêtres latérales disposées de part et d'autre de l'avant-corps sont percées ultérieurement. Aujourd'hui, trois salons sont ouverts à la visite, sur réservation auprès de l'Association des amis de l'Ermitage. En 1761, le nouveau propriétaire Louis-Philippe d'Orléans commande de nouveaux décors néoclassiques à la grecque. Toujours visibles, trois peintures murales en grisailles, attribuées à Jean Valade (1710-1787), représentent des ermites parmi lesquels saint Venert et sainte Azelle ainsi qu'une scène de "La Tentation de saint Antoine". Ce sont elles qui auraient donné leur nom au pavillon. 







Le village de Charonne entre champs et vignobles, devient lieu de villégiature de l'aristocratie et de la bourgeoisie, dès le XVIIème siècle. De grands domaines voient le jour, le château de Charonne prisé de Richelieu, le château des Bruyères du côté des Lilas, propriété du prince de Rohan, le château de Ménilmontant, aujourd'hui tous disparus. Le pavillon de l'Ermitage est le dernier vestige du château de Bagnolet.

À l'origine, le château de Bagnolet est résidence seigneuriale, relativement modeste, édifiée au début du XVIIème siècle, pour Étienne Regnault. Anne de Montafié (1577-1644), comtesse de Soissons, s'en porte acquéreur en 1636 et embellit la propriété. Sa fille, son héritière, Marie de Bourbon-Condé (1606-1692), princesse de Carignan, y réside et y reçoit la société des lettres et des arts. Au lendemain de sa disparition, le domaine est vendu, en 1700 à François Le Juge, fermier général. Il entreprend une extension des bâtiments et la résidence prend des dimensions de château. Louis Chevalier, secrétaire du roi, achète le domaine en 1711. 

En 1719, Françoise-Marie de Bourbon, dite la Seconde Mademoiselle de Blois (1677-1749), fille légitimée de Louis XIV et la marquise de Montespan, épouse du régent, le duc d'Orléans, en devient la propriétaire. Le château de Bagnolet devient sa résidence favorite. Elle achète de nouvelles parcelles, agrandi les jardins, fait construire trois pavillons entre 1723 et 1727. Afin de faciliter la circulation vers Paris, "l'allée de Madame", future rue des Orteaux, est tracée à travers la propriété. 








En 1759, le domaine s'étend sur deux-cents arpents. Morcelé, déboisé, loti, il est vendu par Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793) en 1769, afin de financer l'acquisition du Château du Raincy. Le château de Bagnolet est progressivement démoli à partir de 1771. 

Le pavillon de l'Ermitage, préservé, devient la propriété de Claude Théodore Merelle de Joigny, avocat, secrétaire du procureur du roi au Châtelet, bailli général, entre 1772 et 1787. Il revend le pavillon à Jean de Batz, baron de Sainte-Croix (1754-1822), et devient le repaire des "conjurés de Charonne". Ce groupuscule anti-révolutionnaire tente de sauver Louis XVI le jour de son exécution, le 21 janvier 1793, de faire évader Marie-Antoinette de la prison du Temple. Les cinquante-quatre conjurés de Charonne sont arrêtés puis guillotinés le 17 juin 1794 place du Trône. Le baron de Batz, introuvable, échappe à ce sort. Il sera distingué par le cordon de Saint-Louis en 1823. 

François Pomerel, confiseur de la duchesse de Berry, propriétaire en 1820, fait graver ses initiales sur la façade. Un hospice de vieillards est construit, grâce à la générosité de la baronne Alquier, née Debrousse, en 1884. Il se déploie sur une parcelle de l'ancien domaine du Château de Bagnolet, située en face du pavillon de l'Ermitage. Les héritiers Pomerel vendent ce dernier, en 1887, à l'Assistance publique. Il est affecté à des services administratifs liés à la direction. Propriété de l'hôpital jusqu'en 1972, le pavillon est dévolu au centre d’action sociale de la Ville de Paris. Il fait l'objet d'une restauration d'envergure à partir de 1987. Ouvert au public en 2005, le lieu est animé par l’Association des amis de l’Ermitage qui organise des visites sous réservation et des expositions. 

Pavillon de l'Ermitage
Jardin de l'Hôpital Debrousse
148 rue de Bagnolet - Paris 20
Métro Porte de Bagnolet ligne 3



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Éditions de Minuit
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette
Le guide du promeneur 20è arrondissement - Anne-Marie Dubois - Éditions Parigramme