Paris : Cimetière de Charonne, l'un des deux derniers cimetières parisiens mitoyens d'une église, atmosphère de village au coeur de la Capitale - XXème

 

Le cimetière de Charonne, l'un des deux seuls cimetières parisiens attachés à une église, est un ancien cimetière paroissial, probablement aussi vieux que l'église Saint Germain de Charonne dont il dépend. Les vestiges les plus anciens de celle-ci remontent au XIIème siècle. Elle fait l'objet d'une protection patrimoniale par classement à l'inventaire des Monuments historiques depuis 1923. La seconde nécropole dans ce cas est le cimetière du Calvaire, attenant à l'église Saint Pierre de Montmartre. Les deux cimetières détiennent le titre de plus petits cimetières de Paris, Charonne avec une surface de 41 ares et le Calvaire 6 ares. L'atmosphère villageoise du cimetière de Charonne, rendez-vous prisé des riverains seniors, contraste avec l'opulence du Père Lachaise voisin. Parmi les six-cent-cinquante sépultures, il y a peu de tombes anciennes mais le temps y semble comme suspendu dans une douceur champêtre. Le cimetière est inscrit à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 18 septembre 1964. 






Le cimetière de Charonne devient cimetière communal en 1791. Il fait l'objet d'extensions successives en 1830, en 1845 puis en 1858. En 1860, lors du rattachement du village de Charonne au territoire de Paris, le cimetière est temporairement fermé dans l'esprit de la loi impériale de 1804 qui interdit les inhumations dans l'enceinte des villes et des bourgs. Il rouvre cependant peu de temps après.

En 1897, la dépendance développée de l'autre côté du chemin du Parc de Charonne est désaffectée afin de permettre le creusement du réservoir de Charonne. Le chantier met à jour un charnier, huit-cents dépouilles en uniforme militaires, les soldat Fédérées fusillés au lendemain des derniers combats de la Commune en mai 1871 et enterrés sommairement dans des fosses communes. La ville procède à une nouvelle inhumation le long du mur Sud du cimetière de Charonne, sépulture désormais signalée par une plaque commémorative. 







Le cimetière de Charonne compte quelques défunts célèbres. La tombe de Josette Clotis (1910-1944), femmes de lettres, journaliste, compagne d'André Malraux de 1933 à son décès, mère de ses deux fils Gauthier et Vincent Malraux, décédés dans un accident de voiture en 1961, également inhumés dans le cimetière de Charonne. La présence de ses sépultures aurait incité Malraux à intervenir afin de préserver une portion du village de Charonne, menacée par les promoteurs dans le cadre d'un projet de quinze tours de quarante étages. 

La Tombe de François Eloy Bègue (1750-1838), dit "le père Magloire", peintre en bâtiment, poète, légendaire affabulateur qui se prétendait secrétaire de Maximilien de Robespierre (1758-1794) est classée aux Monuments historiques par arrêté du 17 février 1965. La statue présente sur la sépulture ne le représente pas. Il s'agit d'un bronze récupéré par son ami et logeur Herbeaumont, ferrailleur de son état. Ce bronze d'origine inconnue pourrait représenter Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). 








Marie de Miribel (1872-1959), fondatrice de l'oeuvre de la Croix de Saint Simon et Résistante durant la Seconde Guerre Mondiale repose non-loin de la comédienne Emmanuelle Riva (1927-2017), actrice de théâtre réputée, révélée au grand public par des films tels que "Hiroshima, mon amour" (1959) d'Alain Resnais, "Thérèse Desqueyroux" (1962) de Georges Franju, "Venus beauté (institut)" (1999) de Tonie Marshall, "Amour" (2012) de Michael Haneke. 

Le cimetière accueille également des personnalités d'extrême-droite sulfureuses : Robert Brasillach (1909-1945), journaliste, écrivain, figure de la collaboration et de l'antisémitisme sous l'Occupation, arrêté et fusillé pour intelligence avec l'ennemi à la Libération, son beau-frère Maurice Bardèche (1907-1998), polémiste négationniste, Paul Marion (1899-1954), journaliste, militant fasciste et membre du gouvernement de Vichy.  

Cimetière de Charonne doc
119 rue de Bagnolet - Paris 20
Métro Gambetta ligne 3 / Porte de Bagnolet ligne 3



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Éditions Parigramme