Paris : Église Saint Michel des Batignolles, sanctuaire patrimonial du XXème siècle - XVIIème

 

L'Église Saint Michel des Batignolles, construite entre 1913 et 1935, est le troisième lieu de culte successif édifié dans le quartier des Épinettes. En 1913, l'architecte Bernard Haubold (1875-1943) imagine un édifice moderniste de style romano-byzantin, briques de Bourgogne et structure de béton. Un campanile prolongement du porche côté Sud compète un plan basilical. À son sommet, l'archange Saint Michel à 37 mètres de hauteur, réplique en bronze de la statue qui se trouve au Mont Saint Michel, oeuvre du sculpteur Emmanuel Frémiet (1824-1910), veille sur la paroisse.

Le décor intérieur se distingue par la profusion du mobilier en bois précieux marqueté, chemin de croix, chaire, ambons, stalles et bancs d'oeuvre. Les peintures murales signées Jacques Malespinat datent de 1949, "Pesée des âmes" dans la chapelle Saint Michel et "Annonciation" dans la chapelle de la Vierge, "Christ de Gloire" dans le choeur. Le vitrail de la chapelle Notre-Dame de Pitié, réalisé d'après les cartons du peintre Marcel Magne (1877-1944), commémore le sacrifice des victimes de la Première Guerre Mondiale. L'Église Saint Michel des Batignolles, labellisée Patrimoine du XXème siècle, fait l'objet d'une inscription au titre des Monuments historiques par arrêté du 29 juin 2016.








La commune Batignolles-Monceau est créée en 1830 par le détachement des anciens hameaux des Batignolles, des Épinettes et du village de Monceau, incorporés au territoire de Clichy au lendemain de la Révolution. L'accroissement de la population et du nombre des fidèles rend nécessaire la construction de nouveaux lieux de culte.

En 1858, un décret impérial valide la création d'une annexe de l'église Sainte Marie des Batignolles. Dans les faits, la chapelle Saint Michel primitive, sanctuaire provisoire édifié en cinq mois dans le quartier des Épinettes sous l'impulsion de l'abbé de la Planche, a vu le jour à la fin de l'année 1857. Ce premier bâtiment en retrait de l'avenue de Saint Ouen, dessiné par l'architecte Louis Boileau (1812-1896), est conçu à partir de matériaux récupérés sur le chantier de l'église Saint Augustin. La chapelle placée sous le vocable de Saint Jean sera rasée à la fin des années 1910. 

Une deuxième chapelle, modeste et temporaire, est construite en 1900-03 au numéro 19 avenue de Saint Ouen afin d'accueillir catéchisme et presbytère. Un temps aumônerie de la paroisse, le bâtiment sans intérêt patrimonial est rasé en 2015 pour faire place à un immeuble paroissial de six étages, comprenant des logements, une crèche privée, des salles de classe du Lycée Saint Michel des Batignolles ainsi que des salles en location.








Le chanoine Guillaume André Baston (1741-1825), évêque de Sées en 1813, révoqué à la Restauration, initie la création d'un troisième sanctuaire d'envergure. Le permis de construire est délivré en 1913. Bernard Haubold, architecte en chef des Monuments historiques de 1907 à 1941, architecte en chef du Mont-Saint-Michel en de 1929 à 1933, dessine les plans de l'église Saint Michel des Batignolles et dirige le chantier. La première pierre est posée le 19 novembre 1913 par Monseigneur Émile Chesnelong (1856-1931), archevêque de Sens. La conception de l'église Saint Michel des Batignolles prend le parti des innovations techniques. Des arcs ou des poutres relient quatre-vingt-six puits de béton situés de 7 à 15 mètres de profondeur. 

La Première Guerre Mondiale perturbe l'avancée des travaux et le chantier est suspendu. Il reprend au lendemain de l'Armistice. En 1921, voûtes et toitures sont achevées. L'avancement du gros œuvre est une nouvelle fois interrompu, faute de financement. Le curé de la paroisse Saint François de Salle, monseigneur Edmond Loutil (1863-1959) lance un appel aux dons dans le journal La Croix où il écrit sous le nom de plume Pierre l'Ermite.

Le cardinal Louis-Ernest Dubois (1856-1929) bénit l'église le 21 septembre 1925, tandis que les travaux se poursuivent. La nef mesure alors 55 mètres de long. 1928 marque l'achèvement de la tribune et des chapelles, l'installation des portes, la pose du dallage. En 1932, le chantier du campanile reprend. L'année suivante, le cardinal Jean Verdier (1864-1929) bénit les quatre cloches, Léonie, Marguerite, Jeanne-Marguerite, Yves-Denise. Les travaux du campanile aboutissent en 1934. La statue de l'archange Saint Michel rejoint le sommet à 37 mètres de hauteur, le 12 octobre 1934. L'horloge électrique est mise en service.








En 1937, une souscription lancée auprès des fidèles permet d'acquérir un orgue provenant de l'ancien Hôtel Majestic, oeuvre du facteur tchèque Rieger, à l'origine orgue de salon, avec une fonction d'orgue de cinéma. Il fait l'objet d'un relevage en 1975 par Gutschenritter. 

La statue de Saint Michel, déstabilisé à la suite d'une tempête violente, est déposée le 4 février 1990. Faute de budget, elle ne retrouve sa place que le 18 novembre 2007.

Église Saint Michel des Batignolles
1 place Saint Jean - Paris 17
Horaires : Lundi de 16h30 à 19h - Du mardi au jeudi de 7h45 à 19h30 - Vendredi de 7h45 à 20h - Samedi, dimanche de 9h à 19h30
Métro Place de Clichy lignes 2, 13



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du promeneur 17è arrondissement - Rodolphe Trouilleux - Éditions Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette
Guide d’architecture Paris 1900-2008 - Éric Lapierre - Pavillon de l’Arsenal
Guide de l’architecture moderne à Paris 1900-1990 - Hervé Martin - Éditions Alternatives