Paris : Église Sainte Marie des Batignolles, témoin de l'histoire d'un hameau modeste devenu quartier parisien prisé - XVIIème

 

L'église Sainte Marie des Batignolles, place du docteur Félix Lobligeois, dans le XVIIème arrondissement, a été modelée en plusieurs étapes. La première campagne de construction, sous la direction de l'architecte Auguste Molinos, se déroule de 1826-1829. À la suite d'un premier agrandissement en 1834, elle fait l'objet d'une extension d'envergure menée de 1839 à 1851 par l'architecte Paul-Félix Lequeux. Sa façade de style néo-classique, presque austère, s'inspire de l'esthétique sobre de la basilique romaine antique. Quatre colonnes soutiennent un porche de temple au fronton triangulaire. Sainte Marie des Batignolles se distingue par l'absence de clocher, la cloche Étiennette se trouve perchée dans un campanile édifié en 1857.

L'intérieur de l'église a perdu une partie de ses décors peints à l'occasion de restaurations radicales. Les plafonds plats à compartiments peints ont échappé. Parmi les oeuvres remarquables, Sainte Marie des Batignolles conserve une statue de saint François d'Assise en terre émaillée du céramiste Jules Loebnitz (1836-1895), une Vierge noire du XIXème siècle d'origine inconnue, probablement d'Espagne ainsi que des Vierges du Nord. Les tableaux offerts par les paroissiens ont été déposés dans les années 1980. Le choeur se caractérise par la richesse de ses boiseries, notamment un retable sculpté et des bas-reliefs polychromes. Au fond de la niche se trouve une Vierge aux nuages sous un éclairage zénithal naturel. Le maître-autel est en chêne. La chapelle de gauche est consacrée à saint Vincent de Paul, celle de droite à la Vierge. L'orgue construit en 1923 par les facteurs de la Maison Cavaillé Coll Mutin, a été restauré en 1947 et 1994.








En 1824, le hameau des Batignolles, modeste agglomération de six-mille habitants, dépend de la commune de Clichy. Un généreux mécène Soumagnat dit Magny fait don d'une parcelle au village, don auquel s'ajoute un second terrain offert par la société Navarre. Le docteur Charles-François Lemercier de Manneville (1783-1835), futur conseiller municipal des Batignolles-Monceau, lance une souscription afin de financer la construction d'une église. Dupuy, architecte municipal de Clichy, dresse un plan initial doublé d'un devis de 116 000 francs, bien supérieur aux moyens du hameau des Batignolles.

En absence de subventions municipales officielles, Lemercier réunit 37 000 francs, budget modeste complété par les dons du roi Charles X et de la dauphine Marie-Adélaïde, duchesse d'Angoulême. Ces fonds permettent l'érection d'une chapelle en bois, composée d'une simple nef et consacrée à la sainte patronne de la royale bienfaitrice. L'architecte Auguste Isodore Molinos (1790-1848) mène le chantier de 1826 à 1829. L'édifice est béni le 4 octobre 1829.








L'accroissement de la population conduit à la création de la commune indépendante de Batignolles-Monceau en 1830. Il devient nécessaire d'agrandir le lieu de culte afin d'accueillir les fidèles. En 1831, Sainte Marie des Batignolles est érigée en paroisse. Le chantier d'extension débute en 1839. L'architecte Paul Eugène Leuqueux (1806-1873) imagine un plan en croix latine. Il ajoute deux chapelles, deux bas-côtés, un transept et un chœur. 

Le 2 avril 1841, Monseigneur Denys Affre, archevêque de Paris, bénit la statue de la Vierge, consacre les deux autels dédiés à la Vierge Marie et saint Vincent de Paul. Le chantier s'achève en 1851 mais le projet de clocher double n'aboutit pas. La cloche Étiennette qui porte la mention "Hildebrand, fondeur de l'Empereur, 1857" est installée au-dessus du porche au sein d'un campanile qui ne devait être provisoire.








En 1871, lors de la Commune, l'église Saint Marie des Batignolles accueille des réunions féministes pour l'égalité des droits. L'église Sainte Marie des Batignolles est inscrite au titre des Monuments historiques par arrêté du 12 décembre 1975.

Église Sainte Marie des Batignolles 
77 place Dr Félix Lobligeois - paris 17
Métro Brochant ligne 13, La Fourche ligne 13, Rome ligne 2



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Plan local d'urbanisme Paris 17
Le guide du promeneur 17è arrondissement - Rodolphe Trouilleux - Éditions Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette