L'Église Sainte Odile, porte de Champerret dans le XVIIème arrondissement, emprunte un vocabulaire plastique aux architectures romane et byzantine. Édifié de 1935 à 1946 à l'initiative du cardinal Jean Verdier (1864-1940), archevêque de Paris depuis 1929 et Eugène Edmond Loutil, dit Pierre l'Ermite (1863-1959), curé de la paroisse voisine Saint François de Salles, ce lieu de culte s'inscrit dans la lignée des "Chantiers du cardinal" sans pourtant avoir profité du soutien financier de cette oeuvre. Le diocèse a fait appel à la générosité des fidèles notamment dans les pages du journal La Croix afin de réunir les fonds nécessaires à la construction de l'église. La dédicace du sanctuaire à sainte Odile, patronne de l'Alsace, guérie de la cécité par le baptême, rend hommage à l'importante communauté alsacienne parisienne ainsi qu'à l'attachement personnel du père Loutil à cette région, dont était originaire sa mère.
L'architecte Jacques Barge (1904-1979) prend parti des contraintes d'une parcelle plus longue que large. Il imagine un plan caractérisé par l'asymétrie, une nef unique orientée vers l'Ouest, à droite trois absidioles, petites chapelles voûtées en cul de four, sur la gauche, les verrières de François Décorchemont. Jacques Barge associe modernité technique et tradition esthétique. L'ossature de béton armé se pare de gré rose de Saverne et de briques. Le bas-relief au tympan est l'oeuvre de la sculptrice Anne-Marie Roux-Colas (1898-1993). Les trois coupoles romanes, en voile de béton protégé par une épaisseur de cuivre, symbolisent la Trinité. Elles couvrent les trois travées. Le clocher minaret culmine à 72 mètres. Il détient le record du plus haut de Paris et dispose d'un ensemble de vingt-trois petites cloches complété par trois cloches plus importantes.
En 1934, le cardinal Jean Verdier et le père Eugène Edmond Loutil, initient la construction de l'Église Sainte Odile. La Ville de Paris offre le terrain situé sur le tracé des anciennes fortifications, mais le projet n'est pas soutenu par les fonds de l'Œuvre des Chantiers du Cardinal.
L'architecte Jacques Barge, 31 ans, réalise l'un de ses premiers projets et le seul à Paris. La première pierre de l'Église Sainte Odile est posée le 24 mars 1935 par Monseigneur Jean Verdier. La construction se trouve perturbée par les grèves de 1936 puis interrompue par la Seconde Guerre Mondiale.
De 1935 à 1938, François Décorchemont (1880-1971) réalise une verrière vaste de 300m2, en pâte de verre selon la technique du verre moulé scellé dans le ciment. Au centre, il illustre les scènes de la vie de Sainte Odile, à gauche l'archange Raphaël, à droite Saint Michel.
En 1938, le père Edmond Loutil fait appel à différents artistes pour créer le programme décoratif du chœur. Il confie la création du maître-autel à Auguste Labouret (1871-1964) et la réalisation d’un retable en émail sur cuivre repoussé au marteau, destiné au maître-autel, à Robert Barriot (1898-1970), peintre, sculpteur et émailleur d'exception. Cette oeuvre monumentale d'une seule pièce, sept panneaux de 317cm par 70 cm, représente un exploit technique. "Le Père Céleste entouré des vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse", est le plus grand émail d'un seul tenant au monde.
Robert Barriot conçoit également un coq en cuivre repoussé destiné au sommet du clocher. Durant quinze ans, avec interruption durant la Seconde Guerre Mondiale, l'artiste travaille dans ses ateliers installés au sein de la crypte tandis que sa famille demeure dans l’auditorium situé au-dessus du porche. Il quitte l'église en 1953 à la nomination du nouveau curé.
Le 17 mai 1946, le cardinal Suhard (1874-1949) bénit l'église en présence de l'évêque de Strasbourg, Monseigneur Jean-Julien Weber (1888-1981). La paroisse de Sainte Odile est créée le 1er avril 1953. La construction du presbytère s'achève. Le 18 novembre 1956, Monseigneur Jean-Julien Weber consacre les autels de l'église dédicacée à Sainte Odile.
L'église Sainte Odile est inscrite au titre des Monuments historiques par arrêté du 14 mai 2001.
Église Sainte Odile
2 avenue Stéphane Mallarmé - Paris 17
Horaires : Lundi 14h-20h - Mardi au samedi 9h-20h
Métro Porte de Champerret ligne 3
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Le guide du promeneur 17è arrondissement - Rodolphe Trouilleux - Éditions Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette
Guide d’architecture Paris 1900-2008 - Éric Lapierre - Pavillon de l’Arsenal
Guide de l’architecture moderne à Paris 1900-1990 - Hervé Martin - Éditions Alternatives
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