L'exposition "Vanessa Winship. Une route sans fin", au Château d'Aubenas centre d'art contemporain et du patrimoine, rend hommage à une figure majeure de la photographie contemporaine. Née en 1960 en Angleterre, Vanessa Winship, a suivi une double formation, cinéma et photographie, avant de se consacrer, dans un premier temps, au photojournalisme. Elle a vécu une décennie entre Balkans, Turquie et Caucase, Géorgie, Arménie, documentant les conflits et les tensions avant de se recentrer sur une pratique plus artistique, de portraits intimistes et de paysages. Son travail, marqué par son aspect humaniste, associe esthétique documentaire et compositions minutieuses. Vanessa Winship considère la photographie comme le prolongement d'un processus narratif par lequel elle capture l'instant. Elle structure le récit, raconte l'histoire, dit les identités et parfois emprunte la voie de la fiction. Le noir et blanc vient nourrir ce décalage plastique avec la réalité. Vanessa Winship éclaire avec sensibilité la complexité des articulations entre paysages et personnes qui les habitent, les traversent. Elle investit l'entre-deux, la marge, porte un regard nouveau sur la représentation du réel. L'exposition "Vanessa Winship. Une route sans fin" juxtapose quatre séries emblématiques illustrant ainsi une approche protéiforme, exempte de démonstration, portée par une forme de neutralité journalistique. La photographe nous invite à comprendre le monde, la fugacité du réel, et les façons de le représenter dans sa nature insaisissable.
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Expo Ailleurs : Vanessa Winship. Une route sans fin - Le Château centre d'art contemporain et du patrimoine d'Aubenas - Jusqu'au 30 mars 2025
By La Rédaction At janvier 15, 2025 0
Le titre de l'exposition "Vanessa Winship. Une route sans fin", orchestrée par la commissaire Fiorenza Pinna, fait référence à la fois à une pratique artistique et à l'existence nomade de la photographe britannique. Une vidéo, des journaux intimes, une collection de ferrotypes procédé du XIXème siècle, maquettes de livres complètent les quatre séries photographiques. Vanessa Winship parcourt les territoires périphériques, les lieux de transition où s'expriment les contradictions. Se plaçant à la frontière, elle noue des liens particuliers avec les gens comme autant de fragments de mémoire, jalons de l'histoire en marche, progression inexorable qui fait évoluer ses images.
La série "Sweet nothings : schoolgirls from Eastern Anatolia" (2007) représente des écolières turques en uniforme originaire de cette région frontalière de l'Irak, l'Iran, la Syrie, l'Arménie, zone de conflit entre les séparatistes kurdes et l'État turc. Instant suspendu, 400 visages gravés dans la mémoire, les fillettes incarnent à la fois la fragilité et l'espoir, la simplicité, la grâce. Dans un territoire difficile, la campagne de scolarisation des filles ouvre le champ des possibles. Cette éducation se fait promesse d'avenir, de transition collective, à rebours de l'organisation traditionnelle de la société.
La série "Black Sea : between chronicle and fiction" (2002-2010), chroniques littorales de la Mer Noire, place le regard sur une région à la frontière de six pays. Textes et images se complètent, mêlent réalité et imaginaire. L'intrusion de la fiction souligne les paradoxes d'une frontière naturelle et symbolique.
En 2011, première femme distinguée par le Prix Henri Cartier Bresson, Vanessa Winship finance grâce à celui-ci un grand périple à travers le territoire américain, Californie, Nouveau-Mexique, Montana. À cette occasion, elle produit la série "she dances on Jackson" (2011-2012). La photographe aborde les États-Unis de la marge. Les rencontres fortuites s'ancrent dans le territoire et nourrissent la dimension sociale. Ces images reflètent une atmosphère de désolation solitaire.
Vanessa Winship déplace son regard à travers la "Rust belt", anciennes régions industrielles frappées de plein fouet par la délocalisation. Les vestiges des usines abandonnées symbolisent le miroir aux alouettes du rêve américain, désillusion des laissés pour compte, puissance visuelle des traces de l'activité humaine dans le paysage. Les structures en ruines, installations obsolètes dégradées par le temps et les éléments, interrogent le délabrement de l'organisation sociétale et les formes de résilience.
Dans la série "Snow" (2022), paysages d'hiver américain, la disparition de la figure humaine et le surgissement de la couleur entretiennent une ambiance anxiogène, alimentent les incertitudes et la sensation d'instabilité. L'exposition est complétée par une série consacrée à la communauté Amish qui vit hors du temps, détachée de toute forme de technologie, hommes et femmes séparés.
Les photographies de Vanessa Winship se caractérisent par une retenue empreinte de spleen, mélancolie prégnante, effets de distanciation aux choses. Elle porte un regard unique sur les paysages, les signes, les personnes croisées au hasard de ses périples. Ses images traduisent la vulnérabilité, les incertitudes de la condition humaine.
Vanessa Winship. Une route sans fin
Jusqu'au 30 mars 2025
Le Château Centre d'art contemporain et du patrimoine d'Aubenas
Place de l’Hôtel de ville – 07200 Aubenas
Tél : 04 28 70 86 15
Horaires d’ouverture
Du 6 juillet au 13 octobre 2024, ouvert 6 j/7, du mardi au dimanche de 10h à 19h
Du 10 juillet au 28 août 2024, horaire différent le mercredi de 12h à 21h
Du 16 novembre 2024 au 30 mars 2025, ouvert les mercredi, samedi et dimanche de 11h à 18h et pendant les vacances scolaires du mercredi au dimanche de 11h à 18h
Accessibilité
En train :
• Gares les plus proches : Montélimar (Paris – Montélimar 2h55) et Valence (Paris – Valence 2h10)
En bus :
• Depuis Montélimar : Ligne X74
• Depuis Valence : Ligne X73
• Depuis Avignon : E15
En voiture :
• Depuis Paris : A6 puis A7 vers Lyon/Marseille – Sortie 16 Loriol-Sur-Drôme – Suivre D104
• Depuis Marseille : A7 vers Lyon/Paris – Sortie 18 Montélimar – Suivre D107 puis N102
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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