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| Crédit Studio Vanssay |
Frédéric, étudiant à Stockholm, rend visite à l'improviste à de lointains cousins, la famille Falsen qui vit dans un château, sur une île suédoise isolée. Hugo, le maître des lieux, homme taciturne, est le seul à travailler. Agathe, sa sœur, abuse de sa position de propriétaire majoritaire pour imposer à tous de vivre en costume du XVIIIème siècle. Ophélie, première épouse d'Hugo, déclarée morte afin que le nobliau puisse contracter un second mariage avec Éléonore, doit se reclure dans sa chambre afin de préserver le secret. Éléonore, la châtelaine qui entretient des rapports troubles avec son propre Frère, Sébastien, entreprend de séduire Frédéric. Ce dernier va faire les frais du curieux sens de l'hospitalité de ses hôtes bien décidés à se divertir à ses dépens. Les premières neiges de l'hiver rendent tout échappatoire impossible. Enfermement jusqu'au printemps.
La Compagnie du Colimaçon remet au goût du jour une pièce délicieusement désuète, la première écrite par Françoise Sagan et montée en 1960 au théâtre de l'Atelier. Ce huis clos désenchanté dresse le portrait vaudevillesque d'une caste décadente, privilégiés aux moeurs déliquescentes. Dans cette famille dysfonctionnelle, ils sont jeunes, beaux, riches aussi désabusés que désinvoltes, et ils s'ennuient. L'intrigue révèle progressivement de la part d'ombre de chacun alors que s'établissent des liens de marivaudages modernes entre manipulations et jeux cruels jusqu'à la perversion. La mise en scène d'Emmanuel Gaury et Véronique Viel éclaire toute la complexité des situations et des relations mises en place par Françoise Sagan.
Si l'action se déroule dans les années 1950, les Falsen ont pris l'habitude de vivre hors du temps, jouant au criquet, chassant, s'habillant à la mode Louis XV, bousculant les codes de la bienséance pour se désennuyer. Les visites sont leur seul réel divertissement. Parmi ces bourgeois désœuvrés, languissants, oisifs, Hugo s'active afin de faire vivre le domaine. L'équilibre précaire entre les protagonistes menace de s'effondrer à tout instant.
Sur scène, les six comédiens déploient une belle énergie de troupe au service d'un texte, Gaspard Cuillé, est impeccable dans le rôle du visiteur Frédéric, Emmanuel Gaury, très convaincant dans celui du taiseux Hugo. Odile Blanchet livre une Éléonore, piquante et séduisante, Bérénice Boccara une Agathe, irrésistible de drôlerie. Benjamin Romieux incarne Sébastien avec panache, le frère cynique et incestueux. Sana Puis, nuancée, prête ses traits à une Ophélie résignée et consentante.
La comédie de mœurs, faussement légère, associe gravité et ironie, nuances de mélancolie et situations insolites. Les secrets inavouables refont surface. Chacun se destine à un sort tragique. Texte au vitriol, l'intelligence des répliques, dialogues spirituels, porte haut le flambeau de la férocité. Savoureux et incarné.
Château en Suède
Jusqu'au 9 février 2025
Du mardi au samedi à 19h - Le dimanche à 15h
De Françoise Sagan
Mise en scène Emmanuel Gaury, Véronique Viel
Avec Emmanuel Gaury, Odile Blanchet, Bérénice Boccara, Gaspard Cuillé, Sana Puis, Benjamin Romieux
Costumes Guenièvre Lafarge
Lumière Jean-Pascal Pracht
Scénographie Bastien Forestier
Musiques Mathieu Rannou
Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse - Paris 6
Tél location : 01 45 44 50 21
theatredepoche-montparnasse.com
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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