Rue Cassini, dans le XIVème arrondissement de Paris, trois villas, maisons-ateliers édifiées pour des artistes entre 1903 et 1906, préfigure dans leur conception le mouvement Art déco, qui connait ses premières occurrences architecturales dès 1910. Elles sont construites sur un terrain en bordure de l'Observatoire, rue dont la dénomination de 1790 rend hommage à une famille d'astronomes, directeurs successifs de cette institution. Les hôtels particuliers aux numéros 3bis, 5 et 7 rue Cassini, se distinguent par leurs styles contrastés, oeuvres d'un même duo d'architectes Paul Huillard (1875-1966) et Louis Süe (1875-1966), représentant majeur de l'Art déco, auteur précédemment d'une série d'ateliers d'artistes au 126 boulevard du Montparnasse. Le vocabulaire plastique éclectique 1900 tend alors vers un dépouillement progressif, en réaction au foisonnement Belle Époque. Les trois villas mitoyennes de la rue Cassini témoignent de l'âge d'or de Montparnasse, quartier qui prend son essor sous l'impulsion des avant-gardes artistiques.
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Paris : Trois villas rue Cassini, maisons-ateliers oeuvres du duo d'architectes Louis Süe et Paul Huillard, témoignage des évolutions urbanistiques du quartier de Montparnasse au début du XXème siècle - XIVème
By La Rédaction At septembre 24, 2024 0
Le tournant du XXème, époque charnière dans l'évolution de la ville, est marqué par une libéralisation des règles urbanistiques. À la veille de la Première Guerre Mondiale, les immeubles modernes s'intègrent à la trame du Paris haussmannien. La restructuration du tissu urbain se concrétise alors par des propositions radicales dont témoigne l'évolution des ateliers d'artistes. À Montparnasse, les cités d'artistes constitués d'ensemble d'ateliers à pans de bois traditionnels se multiplient dès 1910. Les artistes établis, reconnus se font construire des hôtels particuliers en pierre surmontés de verrières à charpente métallique. Les villas de la rue Cassini reprennent le plan de l'habitat bourgeois classique, rez-de-chaussée destiné au salon et salle à manger, les chambres au premier étage et au deuxième l'atelier, mais divergent de ce programme par leur façade.
Au numéro 7, Paul Huillard et Louis Süe édifient la première maison-atelier en 1903 pour le compte de Pol de Czernichowski (1876-1916), peintre, illustrateur, élève de Jean-Paul Laurens et Benjamin-Constant, mort au combat au cours de la Première Guerre Mondiale. Lors du terrassement, une stèle gallo-romaine représentant un forgeron est découverte. Pastiche Louis XVI, l'hôtel particulier répond à un plan général classique qui contraste avec la liberté d'une façade asymétrique notamment dans la disposition des baies. Le décor sculpté important, pilastres, corniches, fronton, volutes, corbeilles vient souligner au second étage trois baies de l'atelier.
Au numéro 5 en 1903, Paul Huillard (1875-1966) opte pour un style historique médiévaliste d'inspiration flamande, vision pittoresque empruntée à ses commanditaires, Jean-Paul Laurens (1838-1921), sculpteur et peintre réputé pour ses sujets historiques, plafond de l'Odéon, salons de l'Hôtel de Ville, et son épouse Madeleine Villemsens. La villa, deux étages sur rez-de-chaussée, est édifiée sur une structure porteuse en béton armé, parée de briques rouges. Les ouvertures courbes, grandes baies arrondies du salon et fenêtres des chambres percement régulier répondent au grandes verrières, arcs en plein cintre et consoles de l'atelier au dernier étage.
La villa du 3bis, édifiée en 1906 sur les plans du duo Süe et Huillard, manifeste une élégance aussi singulière qu'épurée. Destinée au peintre Lucien Simon (1861-1945) membre de l'Institut, peintre officiel de la IIIème République, auteur d'une partie des plafonds du Sénat, et son épouse Jeanne Dauchez Simon (1869-1949) également peintre, la maison surmontée de deux ateliers se déploie sur deux étages sur rez-de-chaussée. La structure en béton armé se lit en façade. Le solide soubassement, appareillage de pierre, contraste avec la légèreté des élévations caractérisées par des remplissages de briques obliques. Les six baies de l'atelier au dernier étage, rythmique verticale, soulignent cette impression.
Villas rue Cassini
3bis, 5 et 7 rue Cassini - Paris 14
Métro Saint Jacques ligne 6 / RER Port Royal ligne B
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Guide d’architecture Paris 1900-2008 - Eric Lapierre - Pavillon de l’Arsenal
Architectures Art Déco Paris et environs - 100 bâtiments remarquables - Simon Texier - Éditions Parigramme
Paris Art déco - Immeubles, monuments et maison de l'entre-deux-guerres (1818-1940) - Gilles Plum - Éditions Parigramme
Ateliers d'artistes à Paris - Jean-Claude Delorme et Anne-Marie Dubois - Éditions Parigramme
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