Jean Hugo (1894-1984), peintre, illustrateur, décorateur, costumier, écrivain, poète, fait l'objet d'une saison-hommage en Hérault à l'occasion des quarante ans de sa disparition. Durant l'été 2024, trois expositions honorent cet artiste pluridisciplinaire, trois volets au Musée Fabre de Montpellier, au Musée Paul Valéry de Sète, au Musée Médard de Lunel, collaboration initiée dans le cadre de la candidature de la ville Montpellier au label Capitale européenne de la culture 2028. Héritier d'une longue lignée d'artistes et d'intellectuels, arrière-petit-fils de Victor Hugo - qu'il n'a pas connu - Jean Hugo traverse le XXème siècle à la fois observateur et acteur de la vie culturelle de son temps, figure importante de l'entre-deux-guerres. Louise de Villemorin note, spirituelle : "Il est très difficile d’être descendant de Victor Hugo ; aussi, il ne s’agit plus de descendre, il faut remonter. "
L'oeuvre de cet autodidacte est marquée par ses échanges avec les avant-gardes. Sa pratique se nourrit de ses rencontres, ses amitiés avec Pablo Picasso, Francis Picabia, Jean Cocteau, Marie Laurencin, Fernand Léger. Il invente une forme de primitivisme cubiste, juxtaposition des plans colorés, traitement des volumes, perspectives bousculées. Tout au long de sa carrière d'artiste, il produit un important corpus, plus de 1000 peintures, 3000 dessins, collabore aux décors, costumes et mise en scène d'une cinquantaine de pièces de théâtre et ballets. Il publie également deux volumes de Mémoires "Avant d'oublier" (Fayard, 1976) et "Le Regard de la Mémoire (1914-1945)" (Actes Sud 1983).
Au Musée Fabre, l'exposition "Jean Hugo. Le regard magique" prend le relai des dernières grandes rétrospectives consacrées à l'artiste, Toronto en 1973, Paris en 1976, Montpellier en 1995. Trois années ont été nécessaire pour développer cet évènement, réunir les 330 oeuvres présentées, tableaux, dessins, esquisses, éléments de décor de théâtre, costumes, livres illustrés ainsi que des oeuvres de ses proches, Valentine Gross sa première épouse, Pablo Picasso, Francis Picabia. Aux prêts exceptionnels consentis par la famille, s'ajoutent ceux des collectionneurs privés, des institutions nationales et internationales. L'exposition orchestrée par les co-commissaires Michel Hilaire, directeur du Musée Fabre, et Florence Hudowicz, Conservatrice en chef Arts graphiques / Arts décoratifs du Musée Fabre, prend le parti d'un double propos chronologique et thématique. Dans une scénographie inventive signée Maud Martinot, le parcours illustre la diversité de son art, sa poésie, la cohérence de son évolution des prémices durant la Première Guerre Mondiale à la plénitude des paysages de la maturité.
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