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| Crédit Alejandro Guerrero |
Au crépuscule de sa vie, l'empereur Hadrien (76-138) sent ses forces le quitter. Assis sur le bord d'une fontaine, il se souvient d'une existence traversée par l'ambition, la passion, l'engagement, l'idéal, les souffrances. Esprit libre, stratège militaire, diplomate, unificateur et pacificateur de l'Empire romain, esthète et homme de culture, il raconte la grande solitude de celui qui exerce le pouvoir. Il dit son idéal de paix et d'harmonie conquis dans le sang, les vertus et la sagesse acquises dans la douleur, les guerres notamment celle de Judée. Il assume tout avec philosophie, les victoires, les échecs, les erreurs, la cruauté, son ambition sans limite. Il évoque les trahisons, les plaisirs, les amours, notamment celui pour Antinoüs, mort noyé dans des circonstances obscures à l'âge de vingt ans. Il décrit son appétit pour le beau, l'art, l'architecture, sa curiosité pour l'altérité nourrie de voyages.
Renaud Meyer signe l'adaptation du roman de Marguerite Yourcenar (1903-1987), première femme élue membre de l'Académie française en 1980, roman publié en 1951 abondamment documenté, considéré comme très juste historiquement par les chercheurs. Texte érudit dont le récit s'incarne dans la parole et la chair de son narrateur, "Mémoires d'Hadrien" embrasse le destin de la figure mythique d'un "dictateur bienveillant", personnage énigmatique contradictoire capable d'une grande générosité et d'une terrible violence dans la préservation de ses intérêts personnels. Homme d'envergure dont l'indépendance d'esprit a marqué l'Histoire, Hadrien s'est attaché à maintenir la paix par le développement des infrastructures aux frontières de l'Empire, la mise en place d'une administration.
Le plateau dépouillé et l'épure de la mise en scène souhaitée par Renaud Meyer laissent place à l'imaginaire. Ce sont les mots d'Hadrien qui font surgir les beautés du monde. Drapé dans une tunique blanche, Jean-Paul Bordes prête ses traits à cette figure hors du commun. Dans l'intimité de sa psyché, il nous entraîne sur les flots de la mémoire. Voix timbrée soulignant la musicalité du texte, le comédien n'a plus d'âge, tour à tour gamin et vieillard. Il incarne les souvenirs depuis l'enfance solaire, l'apprentissage, l'ascension jusqu'à la gloire et finalement le crépuscule d'une existence. L'empereur devenu vertueux avec l'âge et l'expérience mystique de l'illumination porte un regard aigu sur l'existence, Éros et Thanatos, le corps et l'esprit, le sacré, l'amour. Sincérité, humanité et générosité.
Mémoires d'Hadrien, de Marguerite Yourcenar
Jusqu'au 13 juillet 2024
Du mercredi au samedi 19h, le dimanche 15h
Avec Jean-Paul Bordes
Mise en scène et adaptation : Renaud Meyer
Lumière : Jean-Pascal Pracht
Création sonore : Bernard Vallery
Scénographie : Marguerite Danguy des Déserts
Costume : Mine Vergès
Photographies : Alejandro Guerrero
Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse - Paris 6
Tél location : 01 45 44 50 21
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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