Crédit Émilie Brouchon |
Sam et Valentine, mariés depuis vingt ans, un fils adulte, se rendent chez le psy pour une thérapie de couple. Sam traîne des pieds mais Val pense que c'est le dernier recours pour sauver leur amour. Ils se racontent et reviennent sur les grandes étapes de leur histoire, souvenirs décolorés par le temps, réminiscences vives de leurs sentiments. Chacun prend la parole à son tour pour repasser le film de leur existence commune. Mais cette rétrospective révèle à quel point leurs visions des faits sont différentes. Une mise au point salutaire est nécessaire. L'irréparable a-t-il été commis ? Valentine a-t-elle vraiment renoncé à sa carrière pour préserver leur couple ? Sam a-t-il embrassé la prof de guitare ? La faillite de leur mariage est-elle irrémédiable ? La vérité se trouve à mi-chemin entre les deux versions.
Sébastien Azzopardi, auteur, metteur en scène et comédien, aborde le thème l'incommunicabilité dans le couple. À travers "Ma version de l'histoire", il explore la complexité les rapports homme-femme sous prétexte d'une mésentente conjugale sur fond de crise existentielle. Sam et Val jouent la survie de leur couple sur le canapé du psy, livrant chacun leur partition désaccordée. Les saynètes s'enchaînent, histoire commune et pourtant si différente. Ils remontent à la source de leur lassitude, de leur désamour. Les souvenirs en pagaille s'égrènent au gré des temps marquants de la mémoire collective, chronologie chahutée, le 11 septembre 2001, les attentats du World Trade Center et la naissance de leur fils. La finale de la Coupe du Monde en 1998, le second tour des élections présidentielles en 2002, l'éclipse totale de soleil en 1999. Prendre la parole, prendre du recul, ils tentent de démêler le fantasme de la réalité en comparant leurs interprétations des événements.
Sébastien Azzopardi démontre une véritable empathie, une tendresse particulière pour ses personnages. L'acuité du regard posé sur leurs problèmes, leurs possibles dérapages, alimente la finesse d'un texte savoureux, aux répliques piquantes. L'universalité du propos s'ancre dans l'alternance des points de vue. Celle-ci retranscrit la dynamique du couple pour mieux évoquer l'usure des sentiments et les mensonges, la mauvaise foi et les coups bas, l'attachement profond malgré les bousculades. L'adultère aussi peut-être mais pas forcément du côté imaginé.
Sébastien Azzopardi, dans le rôle de Sam le nonchalant, entretient un flegme qui confine à la désinvolture, immature, renfrogné. Miren Pradier, interprète une remarquable Valentine tout en nuances, en complexité. Déborah Leclercq et Alexandre Nicot sont délicieux dans leurs incarnations multiples, figures de passage, commentateurs. Surprenante, divertissante, la pièce, parfois un peu sage, fait preuve de jolies trouvailles sans cependant parvenir à éviter certains clichés.
Ma version de l'histoire
Jusqu'au 6 juillet 2024
Mardi et mercredi à 20h - Du jeudi au samedi à 21h - Samedi à 16h30 et dimanche à 16h
De Sébastien Azzopardi
Avec Déborah Leclercq, Sébastien Azzopardi, Miren Pradier, Alexandre Nicot
Assistante Camille Jolivet
Scénographie Juliette Azzopardi, assistée de Arnaud de Segonzac
Vidéo Nathalie Cabrol, assistée de Jérémy Secco
Lumières Philippe Lacombe
Costumes Jackie Tadeoni
Accessoiriste Capucine Grou-Radenez
Musique Romain Trouillet
Théâtre Michel
38 rue des Mathurins - Paris
Tél : 01 42 65 35 02
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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