Ailleurs : Ancien Palais Consulaire de Sète, Maison Régionale de la Mer, témoin de la transition esthétique entre Art Déco et Art Nouveau au début du XXème siècle

 

L'ancien Palais Consulaire, symbole de l'âge d'or révolu de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Sète, désormais propriété de la Région Languedoc-Roussillon, accueille en son sein la Maison Régionale de la Mer depuis 2013. L'édifice, inscrit dans son intégralité au titre des Monuments historiques par arrêté du 10 décembre 2021, présente un aspect inattendu pour un bâtiment administratif. Adolphe Dervaux (1871-1945), architecte dont le nom est aujourd'hui associé à un modèle de candélabre de style Art Déco conçu dans les années 1920 pour le métro de Paris, dessine les plans en 1913, à la suite d'un concours lancé par la Chambre de Commerce. La Première Guerre Mondiale retarde la réalisation du projet. Le chantier débute tardivement en 1926. Inauguré en 198, le Palais Consulaire témoigne de la transition esthétique entre Art Nouveau et Art Déco. L'épure des lignes générales marque l'avènement du style Art Déco tandis que le programme décoratif manifeste des influences Art Nouveau organiques. Les inflexions néo-mauresques du campanile-minaret, dont l'orientalisme traduit un certain goût du pittoresque, évoquent les liens commerciaux privilégiés du port de Sète avec l'Algérie et la Tunisie, mais également l'expérience d'Adolphe Dervaux, architecte adjoint de la régence de Tunis en 1894. Le bâtiment a subi peu de modifications depuis sa construction. Décors, boiseries, parements de mosaïque, luminaires, moulures et ferronneries ont été préservés dans toute leur originalité.








La Chambre de Commerce de Sète est fondée en 1872. À cette époque, le port de Cette - qui deviendra Sète en 1928 - voit son trafic augmenter sensiblement sous l'effet du développement du commerce. Entre 1882 et 1888, d'importants travaux permettent d'accroître sa capacité et d'accueillir les grands navires à vapeur. La prospérité liée à l'activité portuaire confère à Sète, le statut de cinquième port de France à la fin du XXème siècle, derrière Marseille, Le Havre, Bordeaux et Dunkerque. La Chambre de Commerce obtient la concession du port en 1874. L'activité se recentre sur l'importation plutôt que sur les exportations notamment dans le cadre du commerce du vin, deux années avant le début de la crise du phylloxera.

En 1912, le Tribunal de Commerce se retrouve sans locaux à la suite d'une décision municipale. La Chambre de Commerce de Sète nourrit le dessein de construction d'un bâtiment réunissant la Bourse du Commerce, le Palais Consulaire et le Tribunal. Le site dit "du chantier", emplacement stratégique occupé alors par le service maritime des Ponts et Chaussées, à l'angle des quais Philippe Régy et Louis Pasteur, est choisi en 1913. Le concours d'architecture lancée par la Chambre de Commerce distingue le projet d'Adolphe Dervaux, futur architecte en chef de la Compagnie des chemins de fer du Midi dans les années 1920, auteur de la Gare de Biarritz Ville en 1911, de la Gare de Rouen Rive Droite entre 1913 et 1928. 

La conception architecturale moderne emprunte la rigueur des lignes géométriques d'inspiration Art Déco et les rondeurs organiques pour le programme décoratif foisonnant aux inflexions Art Nouveau. Le décor sculpté de la façade, oeuvre de Paul Niclausse (1879-1958) rend hommage au négoce du vin avec notamment le haut-relief du campanile représentant "Les Vendangeuses". Les bas-reliefs du fronton s'inspirent des branches de vigne. Les ferronneries d'art de l'atelier E. Borderel et Robert reprennent les motifs de fleurs et de grappes de raisin pour la porte d'entrée à double ventail et impostes. L'activité de la pêche des filets. Une balance de la justice fait allusion à la fonction de tribunal tenue par le Palais Consulaire. 

Les volumes intérieurs se parent d'éléments empruntés au vocabulaire plastique des paquebots transatlantiques, portes arrondies, fenêtres en forme de hublot, espaces distribués par des coursives développés autour d'un jardin intérieur. Au sol, la maison Gentil et Bourdet signe le pavement de mosaïque. Verrières, bas-reliefs, peintures murales notamment des panneaux réalisés par Carlos Reymond (1884-1970) sur le thème du port de Sète, enlevés avant le rachat par le Conseil régional, complètent alors un riche décor. Le Palais Consulaire est inauguré en 1928. La Chambre de Commerce et d'Industrie s'y installe l'année suivante. En 1972, une vaste campagne de restauration redonne leur jeunesse aux façades et leurs hauts-reliefs allégoriques. 








En 2007, la Chambre de commerce et d'industrie de Sète Frontignan Mèze perd la gestion du port au profit de la Région Languedoc Roussillon à la suite de déboires financiers. Déclarée en cessation de paiement, elle est mise sous tutelle préfectorale jusqu'à la fin 2010. L'année 2013 marque le départ définitif du Palais Consulaire racheté par la Région pour deux millions d'euros dans le cadre d'un accord. À la suite de la départementalisation des chambres consulaires, la CCI de Sète Frontignan Mèze est restreinte au statut de délégation de la CCI de l'Hérault créée en 2017. 

L'ancien Palais Consulaire rénové, réhabilité par la Région est désormais occupé par la Maison Régionale de la Mer. Il accueille les Commissions du Parlement de la Mer, réunions des élus et professionnels du littoral et de la mer. Le Cépralmar - Centre d'études et des promotions des activités lagunaires et maritimes - y réside à l'année. Expositions temporaires et événements ponctuelles y sont régulièrement organisées.

Ancien Palais Consulaire de Sète
Maison régionale de la Mer
2 Quai Philippe Régy - 34200 Sète



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.