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| Crédit Sébastien Toubon |
Rue Saint Séverin à Saint-Germain-des-Prés. L'amant d'une épouse adultère, confronté au retour du mari, s'échappe par la fenêtre. Accroché dans le vide à une gouttière branlante, les toits de Paris pour paysage, il s'interroge sur ses choix. La famille d'un jeune Nigérien a économisé durant des années pour réunir la somme nécessaire à son passage vers l'Europe. À la suite de nombreuses mésaventures, dépouillé par les passeurs, il atteint enfin la terre promise. Il se retrouve en France sans ressources, démuni, accepte des petits boulots tristes dans l'angoisse du prochain transfert d'argent Western Union pour rembourser sa famille. Hanté par le mal du pays, il regrette la douceur de son village natal. À Borodino, en Russie, de nos jours. Comme chaque année, des amateurs passionnés préparent une reconstitution de la bataille de la Moskova qui a opposé en 1812, les troupes napoléoniennes à l'armée du tsar. Mais la police du canton intervient pour interdire l'assaut final. Il y a une histoire de femme sous cette décision, marivaudage qui implique le capitaine des Grognards et le chef des forces de l'ordre.
Dans une mise en scène de Thierry Harcourt, Judith Magre lit trois nouvelles de Sylvain Tesson, "La gouttière", "L'exil", "La bataille", trois chroniques de la condition humaine extraites du recueil "S'abandonner à vivre", publié en 2014. Paris, le Sahel, la Russie, Sylvain Tesson, l'écrivain-voyageur nous invite à parcourir le monde aux côtés de ses frères humains.
Judith Magre, soixante-dix ans de carrière, vient de fêter ses quatre-vingt-dix-sept printemps. Attachée aux équipes du Poche Montparnasse, à la famille Tesson, le patriarche Philippe disparu cette année, Stéphanie, la fille, qui dirige le théâtre, elle met son talent et sa générosité au service des textes de Sylvain, le fils, nomade funambule, toiturophile. De sa belle voix timbrée, Judith Magre donne vie à la poésie, fait vibrer les imaginaires contrastés, ce style particulier, une musicalité et un art de la chute propre à Sylvain Tesson. Oeil pétillant souligné de noir, singularité sensible, elle raconte les existences bousculées, du vaudeville germanopratin au drame des migrants, les écueils de la vie.
Les trois récits capturent le moment de bascule, l'évènement qui va bousculer le destin. Ils éclairent un regard posé sur le monde, sans concession. Sylvain Tesson se penche sur la condition humaine, questionne le libre-arbitre. Ses personnages s'abandonnent à vivre, suivent le courant et font bonne figure malgré les aléas. Réagir aux injustices, ne pas se résigner, ne pas céder au fatalisme, ces nouvelles disent la cruauté de l'existence, le désenchantement des destinées contrariées et l'espoir tenace.
S'abandonner à vivre
Jusqu’au 18 décembre 2023
Le lundi à 19h
Avec Judith Magre
Mise en scène de Thierry Harcourt
75 boulevard du Montparnasse - Paris 6
Tél location : 01 45 44 50 21
theatredepoche-montparnasse.com
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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