Ailleurs : Phare du Môle Saint Louis, témoin de l'histoire de Sète, la Venise du Languedoc

 

Le Phare du Môle Saint Louis à Sète, dresse son élégante silhouette au bout de la jetée, le musoir du port de plaisance. Ce monument, reconstruit à de nombreuses reprises depuis la création du môle et la fondation officielle de la ville en 1666, a été détruit par les Allemands en 1944 et relevé en 1948. L'édification de l'ouvrage a nécessité 2297 pierres froides de Frontignan soit 310 m3 de pierre de taille. Haut de 33,5 mètres, cent-vingt-six marches permettent d'accéder au sommet. Élément incontournable de Sète et de son emblématique môle, il porte à sa base deux vers du poète sétois Paul Valéry (1871-1945), extraits de "La naissance de Vénus" : "Son œil mobile emporte, éclairant nos périls, / L’eau riante et la danse infidèle des vagues."








La ville de Sète est fondée officiellement le 29 juillet 1666. À cette date est posée la première pierre du môle, future jetée de six-cent-cinquante mètres. "L'île singulière" voit le jour à l'emplacement d'un modeste village de pêcheur qui devient un port de commerce d'envergure à l'initiative de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), ministre de Louis XIV, et Paul Riquet (1609-1680) entrepreneur à l'origine du Canal du Midi qui cherche un débouché sur la Méditerranée.

Le premier ouvrage conçu pour guider les navigateurs au bout de la digue de Sète, est un simple fanal dressé sur un musoir carré. Cette lanterne rudimentaire indique l'entrée du port. En 1683, une tempête emporte l'installation. Le premier phare est édifié sur un musoir rond en 1684, sous la forme d'une tour carrée éclairée à la lampe à suif. Ce bâtiment modifié et reconstruit à plusieurs reprises témoigne de l'histoire de Sète. En 1690, les modifications apportées sur l'ouvrage augmentent sa hauteur. En 1710, l'attaque de la flotte britannique qui prend la ville avant d'être chassée par les troupes du duc de Noailles, endommage le phare, qui est entièrement réhabilité en 1720. En 1831, à nouveau transformé, l'éclairage du feu fixe dispose désormais d'une combinaison de vingt-quatre lampes à l'huile de colza et de réflecteurs de cuivre.

Le projet d'un phare de troisième ordre à proximité de cette tour qui conservera une fonction de fanal est évoqué dès 1855 à l'occasion de la réorganisation du port et du fort Saint Louis. En 1861, un nouveau phare est construit sur le môle, édifié à proximité de la bâtisse originelle désormais caduque. La tour ronde de vingt-cinq mètres de haut en pierre de Cassis est doté d'une lanterne tournante avec une lentille de Fresnel, qui fonctionne à l'huile de colza puis au pétrole à partir de 1873. La portée lumineuse augmente jusqu'à quinze milles marins soit vingt-huit kilomètres. 








À la fin du XIXème, deux phares, celui du môle Saint-Louis, reconstruit en 1855, et celui du Mont Saint-Loup à Agde, achevé en 1836, éclairent le secteur. Entre 1860 et 1905, la construction d'une dizaine de phares témoigne de l'évolution de la signalisation sur les côtes méditerranéennes. L'essor du port de Sète le développement du commerce grâce à la transformation des chenaux de navigation, rendent nécessaire l'établissement d'un phare plus puissant, susceptible de remplacer celui du Mont Saint-Loup. L'entreprise est relancée en 1898. En août 1899, les édiles déterminent le Mont Saint Clair comme lieu d'implantation d'un nouveau phare d'envergure. La décision ministérielle du 3 janvier 1900 entérine le projet. Le phare du Mont Saint Clair édifié entre 1900 et 1903 et le phare du Môle Saint Louis éclairent alors l'alignement de la passe Est du port.

La lampe à pétrole du phare Saint Saint Louis est remplacée, en 1908, par une lampe à la vapeur de pétrole plus puissante avant que n'intervienne l'électrification en 1933. Entre 1935 et 1944, afin de pallier aux éventuels manques de visibilité par temps de brouillard, le phare Saint Louis équipé d'un système de communication sans fil. Le radiophare, dont l'antenne est installée entre la tour en activité et l'ancienne désaffectée, permet de transmettre des informations aux navires munis d'un récepteur radiogoniomètre. 









En 1942, sous l'Occupation, le Service des phares de la Méditerranée passe sous l'autorité allemande. En 12 août 1944, le port est endommagé par un bombardement important. Le repli des troupes allemandes s'organise. Les artificiers de la Wehrmacht minent le phare et les infrastructures du port avant leur retraite. Le 19 août 1944, les charges détruisent entièrement les installations portuaires, le môle et le phare. 

En 1945, un phare temporaire, structure provisoire dite "phare de guerre" est implantée. Mais dès 1946, la Ville manifeste le désir de reconstruire le phare du XIXème siècle à l'identique. Les archives de 1855 lacunaires ne permettent pas retrouver les plans originaux. Le nouveau phare légèrement différent du précédent, est inauguré le 10 avril 1948. Il est édifié en pierre calcaire jurassique des carrières de Frontignan, tourelle percée de quatorze fenêtres et dotée d'un escalier en colimaçon. 

Aujourd'hui simple feu latéral bâbord, doté d'une lampe halogène solaire, qui émet toutes les douze secondes, le phare du Môle Saint Louis signale les brise-lames dans l'enceinte du port. Désormais, il n'y a plus de gardien. Le monument est accessible à la visite sur réservation préalable auprès de l'office du tourisme.

Phare du Môle Saint Louis - 34200 Sète

Office du tourisme
Grand rue Mario Roustan - 34200 Sète
Tél : +33 (0)4 86 84 04 04 
Horaires de l'Office du Tourisme : 
- Du mercredi 01 novembre au dimanche 31 décembre 2023
Tous les jours de 9h30 à 13h et de 14h à 17h30. Fermé tous les jeudis après-midi (sauf le 2/11 et vacances scolaires) Dimanche et jour fériés de 9h à 13h. Ouverture exceptionnellement le 1er novembre de 10h à 13h et de 14h à 17h00. Fermé le 25 décembre.
- Du mardi 02 janvier au dimanche 31 mars 2024
Tous les jours du lundi au samedi de 09h30 à 13h00 et de 14h00 à 17h30. Dimanche et jours fériés de 10h à 13h. Fermé tous les jeudis après-midi.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.