Paris : Tour Eiffel, 15 anecdotes amusantes pour découvrir la Dame de fer sous un nouveau jour - VIIème

 


La Tour Eiffel, symbole de la France et de Paris, occupe une place particulière dans l'imaginaire mondial. Sa silhouette unique, illuminée la nuit, s'éteint parfois le soir lors d'événements dramatiques ou se pare des couleurs d'une cause en signe de soutien. Au XIXème siècle, la Tour Eiffel, conçue et édifiée par les Ateliers de l'ingénieur Gustave Eiffel, incarne le savoir-faire français en matière d'ingénierie. Ces spécialistes des constructions métalliques, viaducs, ponts, gares, se sont déjà illustrés en réalisant, à partir de 1879, la structure interne de la Statue de la Liberté d'Auguste Bartholdi, oeuvre offerte aux États-Unis par des philanthropes français au nom du peuple français à l'occasion du centenaire de la déclaration d'indépendance de 1776. 

Attraction principale de l'Exposition Universelle de 1889, évènement placé sous le signe de la modernité industriel, du progrès technologique et des constructions métalliques, la Tour Eiffel est alors présentée sous le nom de Tour de 300 mètres. La première année, elle attire près de deux millions de visiteurs. Aujourd'hui, gérée par la Société d'exploitation de la Tour Eiffel, la SETE, elle est visitée par environ six millions de personnes chaque année. Trois étages sont ouverts au public. Le deuxième étage et le sommet comportent deux niveaux chacun, l'un abrité et l'autre ouvert sur l'extérieur. La rédaction a sélectionné quinze anecdotes au sujet de la Tour Eiffel pour mieux comprendre son histoire, sa conception, ses records et ses secrets.








Au programme de l'Exposition Universelle de 1889, la tour de 300 mètres de haut sur une base de 125 mètres de côté promet d'être la vedette du show. Un concours est lancé le 1er mai 1886 afin d'édifier cette tour monumentale véritable prouesse technique. Le 12 juin le projet des Ateliers Eiffel est choisi parmi 107 dossiers. Le chantier bat des records de rapidité. Vingt-et-un mois. Deux-cents ouvriers. La première pierre est posée le 28 janvier 1887. Cinq mois sont nécessaires pour finaliser les fondations. Le système de préfabriqué facilite la manœuvre. Plaques et poutres sont préassemblées dans les ateliers de Levallois-Perret puis acheminés sur le chantier pour le montage final. Le chantier s'achève le 31 mars 1889. Prouesse technique et architecturale, la Tour Eiffel est officiellement inaugurée le 15 mai 1889. Sur l'un des piliers de la Tour, Gustave Eiffel a fait graver soixante-douze noms, ingénieurs, scientifiques, mathématiciens français reconnus pour leur excellence dans leur domaine.  

1/ La Tour de 300 mètres des Ateliers Eiffel, fruit d'une réflexion collective 
En 1884, Maurice Koechlin, ingénieur franco-suisse, qui travaille au sein des Ateliers de Gustave Eiffel cherche des solutions techniques afin de construire des structures susceptibles de battre des records de hauteurs. En dessinant les premiers plans d'une tour vertigineuse, il est confronté au problème technique de la résistance au vent. Il imagine alors avec son collègue Émile Nouguier, Koechlin une structure qui laisse passer le vent. Le brevet numéro 164364 est déposé le 18 septembre 1884. La dimension esthétique de la future Tour Eiffel est confiée aux soins de l'architecte Stephen Sauvestre. La patte Gustave Eiffel n'interviendra que plus tard.

2/ Une pétition contre la construction de la Tour Eiffel
Des intellectuels réprobateurs publient une tribune à l'encontre du projet mené par Gustave Eiffel, dans les pages du journal "Le Temps" daté du 14 février 1887. Parmi les détracteurs signataires se trouvent les écrivains Guy de Maupassant, Alexandre Dumas fils, François Coppée, Emile Zola, l'architecte Charles Garnier, le compositeur Charles Gounod, les poètes Sully Prudhomme, Leconte de Lisle. La pétition est adressée à Adolphe Alphand, directeur des travaux de l'exposition sous le titre "Protestation des artistes contre la tour de M. Eiffel". La Tour Eiffel déchaîne les critiques. Le poète Paul Verlaine la qualifie de "squelette de beffroi", l'homme de lettres Léon Bloy de "lampadaire véritablement tragique". Gustave Eiffel défend son projet en promettant "une grande impression de force et de beauté".

3/ La Tour la plus haute du monde durant quarante ans
Tour la plus haute du monde lors de sa construction en 1889, la Tour Eiffel conserve son record de 314 mètres jusqu'en 1930. Elle est détrônée par le Chrysler Building gratte-ciel new-yorkais haut de 319 mètres, lui-même dépassé par l'Empire State Building de 381 mètres en 1931.






4/ Promise à la destruction, sauvée par la TSF, télégraphie sans fil, radiodiffusion
La Tour Eiffel devait être démolie vingt ans après l'Exposition Universelle à l'instar d'autres constructions. En 1903, elle est mise à la disposition du Ministère de la Guerre. Le général Gustave Ferrié, ingénieur et militaire, pionnier de la radiodiffusion expérimente le réseau télégraphique sans fil depuis la tour et fait installer une antenne au sommet. Le succès des premières expériences éclaire le potentiel de la Tour Eiffel dans le cadre de ces technologies innovantes. Elle est sauvée.

5/ La Tour Eiffel a contribué à l'essor de la radio et la télévision
Après la radio, à partir de 1920, la technologie de la télévision se développe. Dès 1935, les premières émissions sont diffusées grâce à un émetteur de 2Kw placé sur la structure de la Tour Eiffel. En 1939, quinze heures de programme par semaine sont produites pour trois-cents récepteurs dans les foyers français. Les premiers studios de télévision installés à proximité, rue de Grenelle. Aujourd'hui, les installations et émetteurs de l'opérateur TDF au sommet de la Tour Eiffel permettent d'atteindre douze millions de Franciliens, à qui elles offrent un bouquet de chaînes de la télévision numérique et terrestre ainsi que la radio.

6/ La Tour Eiffel, panneau publicitaire pour Citroën 
En 1925, André Citroën, constructeur automobile, fait appel à Fernand Jacopozzi pour créer des illuminations d'un genre un peu particulier : une réclame lumineuse de trente mètres de haut sur la Tour Eiffel. 250 000 ampoules en six couleurs composent neuf tableaux. Le dernier le nom de la firme. Le tout pour une facture de 1,25 millions de francs la première année. La publicité demeure en place jusqu'en 1933. 








7/ Au sommet de la Tour, l'appartement secret de Gustave Eiffel
Gustave Eiffel aménage les espaces au sommet de la Tour en appartement privé, bureau et laboratoire. Il y reçoit des hôtes de marque. Le fait que le lieu soit inaccessible au public, entretient la légende et les fantasmes les plus fous. Aujourd'hui, une partie des bureaux a été conservée pour mettre en scène des personnages de cire, Gustave Eiffel, sa fille Claire recevant Thomas Edison. Le reste des espaces est occupé par des locaux techniques. 

8/ Des ascenseurs historiques inaugurés en 1899 toujours en activité
Il y a 1665 marches du parvis jusqu'au sommet de la tour Eiffel. Néanmoins, les escaliers entre le deuxième étage et le sommet ne sont pas ouverts au public. Du parvis au deuxième étages, il demeure tout de même 674 marches à gravir pour les courageux. Inaugurée le 15 mai 1889, la Tour Eiffel est dotée dès juin d'un moyen d'ascension moins sportif. Cinq ascenseurs hydrauliques sont installés. Ils seront modernisés à l'occasion de l'Exposition Universelle 1900. Au fil du temps, ils évoluent. Dans les piliers est et ouest, les ascenseurs originels sont remplacés en 1899 par des ascenseurs hydrauliques construits par Fives-Lille. Ces deux machines sont toujours en fonctionnement et soigneusement entretenues. 

9/ La Tour Eiffel vendue à un ferrailleur par un escroc
En 1925, Victor Lustig et son complice Dan Collins se font passer pour sous-ministre et chef de cabinet du Ministère des Postes et Télégraphes alors en charge de la gestion de la Tour Eiffel auprès de cinq entrepreneurs de la récupération des métaux. Ils prétendent vendre la Tour Eiffel en pièces détachées. Les deux compères prétextent le secret d'état et produisent des faux documents à l'en-tête du ministère. Ils profitent de la crédulité de leurs interlocuteurs et font monter les enchères. André Poisson remporte le deal, soi-disant confidentiel, et signe un gros chèque. Les escrocs s'enfuient en Autriche avec leurs gains. Victor Lustig renouvelle l'arnaque, sans succès cette fois. Démasqué avant conclusion, il est arrêté. 








10/ Tour monumentale, poids plume
La structure légère, perméable au vent, affiche un poids plume d'environ 10 100 tonnes. La charpente métallique pèse à elle seule 7 341 tonnes. Son revêtement de peinture 60 tonnes. A cela s'ajoute 2,5 millions de rivets. La structure est développée en fer puddlé, produit des forges de Pompey en Lorraine. Le puddlage, traitement d'affinage du minerai, fait disparaître l'excès de carbone lors de la fonte. Il confère une robustesse particulière au matériau, très prisée par Gustave Eiffel.

11/ La Tour Eiffel change de taille selon les saisons 
Le fer puddlé est sensible à la température. Dilatation ou rétraction thermique, la taille de la Tour Eiffel peut fluctuer de vingt centimètres en fonction de la météo.

12/ La Tour Eiffel a changé de couleurs
Selon les consignes de Gustave Eiffel, la tour est repeinte tous les sept ans afin de préserver la structure des corrosions variées. La Tour Eiffel a fait l'objet de dix-neuf restaurations depuis sa conception au cours desquelles elle a connu sept teintes différentes, parmi lesquelles rouge-brun, ocre jaune, jaune brun, dégradé de brun en 1968. En 2019, elle a retrouvé le jaune brun originel.








13/ Illusion technologique d'un phare dans la nuit
Le sommet de la Tour Eiffel, malgré les apparences, n'est pas occupé par un phare mais par quatre projecteurs motorisés et synchronisés par informatique. Ils émettent un double faisceau tournant d'une portée de 80km qui donne l'illusion d'un phare, ballet lumineux minutieux. Quant à l'illumination de la Tour Eiffel, elle nécessite 336 projecteurs qui se déclenchent grâce à des capteurs à la tombée de la nuit. Le scintillement a lieu durant cinq minutes au début de chaque heure. Le système nécessite 5000 boîtiers de lampes au xénon. Chaque année de 300 à 400 lampes sont changées par des spécialistes des hauteurs.

14/ La Tour Eiffel une star de cinéma depuis 1897
La Tour Eiffel tient une place toute particulière dans les arts, la littérature et surtout le cinéma. Elle fait l'objet du premier travelling vertical réalisé par Louis Lumière en 1897 dans le film "Panorama pendant l'ascension de la Tour Eiffel". Georges Méliès capture sa silhouette dans "Images de l'exposition 1900". Depuis, elle est devenue une véritable star de ciné, depuis les classiques "La Fin du monde" d'Abel Gance en 1930, le film "Ninotchka" d'Ernst Lubitsch en 1939, "Casablanca" film de Michael Curtiz en 1942 jusqu'aux innombrables productions récentes. Elle est d'ailleurs souvent détruite lors d'invasions extraterrestres ou autres incidents cosmiques notamment dans "La Guerre des Mondes" Byron Haskin en 1953, "Independance Day" et "Mars Attack !" en 1996, "Armageddon" en 1998.

15/ Copiée jamais égalée 
Il existe des répliques de la Tour Eiffel dans le monde entier. Aux États-Unis, la plus connue haute de 165 mètres se trouve à Las Vegas. Les petites soeurs se trouvent en Chine à Hangzhou et Shenzhen, au Mexique à Gómez Palacio, en Roumanie à Slobozia, en Russie à Parij, en Bolivie à Sucre, en Belgique Bruxelles, en Pologne à Inwałd et Cracovie, au Canada à Montmartre, en Espagne à Torrejón de Ardoz, en Allemagne à Satteldorf. En 2016, projet d'une Tour Eiffel à Dubaï faisait beaucoup de bruit.

Tour Eiffel 
Champ de Mars - 5 avenue Anatole France - Paris 7
Horaires : Ouvert tous les jours de 9h à 00h45 l'été / de 9h30 à 23h45 l'hiver 
Métro Bir-Hakeim ligne 6 / RER C Champ de Mars Tour Eiffel



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.