Paris : Parc André Citroën, histoire d'un espace vert contemporain et mémoire des usines Citroën - XVème

 

Le Parc André Citroën, inauguré en 1992, l'un des plus récents parcs parisiens, s'étend sur 14 hectares dans le quartier de Javel, coeur du XVème arrondissement de Paris. Conçu par les paysagistes Gilles Clément et Allain Provost et les architectes Patrick Berger, Jean-Paul Viguier, François Jodry, cet espace vert public s'inscrit dans un programme urbain à la contemporanéité revendiquée. Son esthétique géométrique associe la rigueur des lignes, la minéralité à un paysage verdoyant marqué par l'eau, fontaines, cascades, bassins, pièces d'eau et canaux. Au Nord-Est, deux serres monumentales hautes de 15mètres longue de 45 mètres, sont dédiées, l'une à la Méditerranée, l'autre aux essences exotiques et rares. La vaste pelouse centrale descend en pente douce jusqu'à la Seine, perspective unique sur le fleuve. Les deux grands jardins latéraux, jardin noir et jardin blanc, sont devenus, en juillet 2015, jardin Caroline Aigle et jardin Eugénie-Malika Djendi, militaires françaises. Une série de six petits jardins thématiques, les cinq sens, les couleurs, les métaux, les planètes, les jours de la semaine, les métamorphoses, ponctuent les bas-côtés. Le Parc André Citroën dispose également d'aires de jeux variées mais son attraction principale demeure le ballon Generali, ballon captif à gaz, successivement Fortis, Eutelsat, Air de Paris. Attraction payante qui attire près de 50 000 personnes par an, il peut transporter jusqu'à trente passagers durant dix minutes à 150 mètres de haut. 








Le Parc André Citroën, développé sur l'ancien site de l'usine Citroën historique, témoigne du développement urbain du quartier de Javel et du XVème arrondissement. À l'origine, le village de Javel est un port de pécheur, lieu de plaisance prisé dès le XVème siècle. Au XIXème, l'implantation de nouvelles industries transforme radicalement le territoire des bords de Seine, en particulier une usine de produits chimiques, qui fabrique le puissant désinfectant dénommé en référence au village, l'eau de Javel.

En 1901, l'ingénieur André Citroën créé avec trois associé, la société Citroën, Hinstin et Cie, à la suite d'un voyage en Pologne où il achète un brevet d'engrenages à chevrons. Son entreprise s'installe tout d'abord faubourg Saint Denis puis déménage quai de Grenelle, à proximité de l'usine des frères Mors. Son entreprise devient Société anonyme des engrenages Citroën en 1905. En 1907, à la sortie de son service militaire, il prend la direction de la société automobile des frères Mors. Le début de la Grande Guerre marque un tournant. En octobre 1914, la société Mors obtient un contrat auprès de l'État afin de convertir les chaînes de montage et produire 15 000 obus. 

André Citroën, polytechnicien, officier et industriel, négocie la création d'une usine dédiée à la production de masse d'obus destinés à l'Armée française. Début 1915, il signe un contrat d'un million d'obus. L'usine de la rue du Théâtre, usine de production automobile originelle des frères Mors, se révèle désormais trop exiguë. En mars 1915, Citroën rachète l'usine des Aciéries de France. Les bâtiments couvrent 34 000m2 sur le quai de Javel auxquels s'ajoutent des terrains maraîchers constructible. À l'été 1915, l'usine produit 5000 obus de 75 par jour. Au cours du conflit, les infrastructures sont agrandies de 55 000m2 à 130 000m2, des quais de Seine aux rues Balard et Saint-Charles. La production atteint 40 000 pièces par jour en 1918. 








Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, les usines reprennent des activités plus pacifiques et se recentrent sur la construction automobile. En 1919, 30 voitures sortent des chaîne de montage par jour. En 1923, 250 par jour. En 1958, le quai de Javel devient quai André Citroën. Success story et bientôt déclin avant la renaissance.

En difficulté, le groupe Citroën dépose le bilan en 1974 à la suite d'un rachat manqué par le groupe Fiat. Le gouvernement favorise la création du groupe PSA Peugeot Citroën, ce qui entraîne de profondes restructurations. Le site de l'ancienne usine historique du quai de Javel cesse toute activité en 1982. La démolition totale des infrastructures est finalisée en 1983. 

Prend forme alors le projet d'un vaste parc public, ceinturé d'un programme de logements et de bâtiments tertiaires. Le chantier débute en 1986 et le Parc André Citroën est inauguré en 1992. En 2013-14, il est augmenté d'une parcelle de 10 100 m2, située en face de l'hôpital Georges Pompidou. 








L'espace vert est victime de son succès. La dégradation rapide des installations pose problème dès la fin des années 1990. La fréquentation s'avère supérieure aux estimations et la conception originelle d'entretien onéreux prend le budget en défaut. Vétusté générale, serres closes, bassins vides, passerelles fermées, les travaux de rénovation nécessaires sont pris en charge par la municipalité. À partir de 2009, elle entreprend des campagnes successives de rénovation. Pourtant, faute de financement suffisant, en 2014, 6 000m2 demeurent inaccessibles au public. En 2015, un nouveau budget de 3,7 millions d'euros est alloué à la rénovation du Parc André Citroën. Mais en 2017, des délais et des coupes suspendent les interventions sur le Grand Canal et les jardins sériels. 

En 2023, un budget de 2 millions d 'euros est alloué à leur rénovation. Le Grand Canal, vidangé depuis 2003 est remis en eau à l'été 2024 tandis que les abords sont végétalisés, 

Parc André Citroën
2 rue Cauchy / 2 rue de la Montagne-de-la-Fage / Quai André-Citroën - rue Leblanc - rue Saint-Charles - Paris 15
Horaires : Toute l'année du lundi au vendredi : Été 8h à 21h30 / Hiver 9h à 19h30
Le Ballon Generali est ouvert tous les jours de 9h jusqu'à 30 minutes avant la fermeture du parc
Métro Javel ligne 10 / Javel RER C 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du promeneur 15è arrondissement - Florence Chaval - Éditions Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Éditions Rivages