Au Moulin à vent, maison patrimoniale fondée en 1946, connait une nouvelle vitalité depuis sa reprise fin 2018, par Théophile Moles, passé par le Gavroche de Nicolas Decatoire, puis le Bizetro de Pierre Parola, son mentor et désormais associé. Le parcours du jeune homme illustre une histoire de transmission qui trouve tout son sens au sein de la vénérable institution de la rue des Fossés Saint-Bernard. Chez Henri rebaptisé Au Moulin à vent en hommage au plus célèbre cru du Beaujolais, particulièrement prisé de l'un des propriétaires, connait une longévité remarquable. Dernier vestige des anciennes halles aux vins de Jussieu, rasées dans les années 1970 et remplacées par l'Université et l'Institut du Monde arabe, ce bistrot de caractère attire les passionnés, les défenseurs de la tradition. Théophile Moles entretient avec ferveur l'esprit des lieux, la patine du temps et la douce nostalgie.
Aux fourneaux, le chef Maxime Plateau, formé chez Ferrandi, a fourbi ses armes auprès de belles maisons telles que le restaurant du Scribe, ou encore chez Lucas Carton. Dans l'assiette, la partition familière résonne jubilation bistrotière. Les compositions tranquilles, hors du temps répondent à la sainte trinité des tournures impeccables : beau produit, cuisson maîtrisé, assaisonnement juste. Distingué par les Trophées Pudlo des Bistrots 2023, Au Moulin à vent a été sacré Bistrot de l'année.
Au Moulin à vent, la salle dans son jus répond à tous les codes bistrotiers, comptoir en zinc, banquettes de moleskine, chaises bistrot, tables nappées, boiseries, miroirs biseautés. L'atmosphère conviviale, bonhomie cordiale, se fait volontiers gouailleuse.
Inspiré par ce pan de l'histoire culinaire, le chef Maxime Plateau déploie un touché, une générosité. Ingrédients frais, de saison, volontiers bio, il privilégie les fournisseurs locaux et célèbre avec panache le terroir français. La carte à l'ardoise fait défiler les classiques indétrônables, pâté en croûte, escargots en persillade, cuisses de grenouille, os à moelle, et les suggestions du jour inspirées du marché.
Les spécialités de la maison ont des accents lyonnais, cuisine bourgeoise qui n'a pas peur du roboratif. La poitrine de veau confite 15 heures, gratin dauphinois, sauce forestière dispute la vedette à la côte de bœuf charolaise maturée à partager. Les desserts sont à l'avenant et filent droit crème brûlée, tarte tatin, profiterole. La carte des vins rend un hommage sincère aux flacons de vignerons.
Le carpaccio de tête de cochon affirme son authenticité, déluré et plein d'entrain. L'oeuf bio mayonnaise, croûtons, chou rouge, cive, prend des chemins de traverse pour mieux rabattre vers l'esprit bistrot. Le bœuf bourguignon en cocotte, tendreté exquise du boeuf, croquant fondant des légumes, claironne son patrimoine et réveille les voracités timides. Les fromages affinés boudent un peu le pain qui manque de tenue. En dessert, l'irrésistible profiterole du Moulin à vent joue le jeu de la gourmandise toute d'indulgence.
Maison accueillante, additions clémentes, Au Moulin à vent propose une formule déjeuner, entrée-plat ou plat-dessert à 22 euros toute la semaine. Bonheur !
Au Moulin à vent,
20 rue des Fossés Saint-Bernard - Paris 5
Tél : 01 43 54 99 37
Horaires : Du mardi au vendredi de 12h à 14h15 et de 19h30 à 23h - Le samedi de 19h30 à 23h
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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