Paris : Square Rapp, photogénie et patrimoine architectural dans le quartier du Gros-Caillou - VIIème

 


Le square Rapp dans le quartier du Gros Caillou associe en toute discrétion photogénie et patrimoine architectural. Jolie pépite ouverte entre les numéros 33 et 35 de l'avenue Rapp, cette voie mixte longue de cinquante-sept mètres s'achève en impasse. Deux immeubles remarquables se distinguent. Au numéro 3, l'Art Nouveau de Jules Lavirotte (1864-1929) triomphe dans son foisonnement formel et ornemental.Une treille en trompe-l’œil imaginée par l'architect décore le mur aveugle, versant du 10 rue Sédillot, qui clôt le square. Le petit jardin au-delà de la grille en fer forgé également dessinée par Lavirotte est une propriété privée. Au numéro 4, l'immeuble de la Société Théosophique, section nationale d'une organisation spiritualiste née en 1875 aux États-Unis accueille en son sein l'ambassade du Costa Rica en France au quatrième étage. Le bâtiment édifié sur les plans de l'architecte Louis Lefranc (1860- ?) entre 1912 et 1915 dispose d'un théâtre à l'italienne, établi depuis 1907. Racheté et restauré en 2016 par la comédienne et humoriste Christelle Chollet, le théâtre de la Tour Eiffel propose un programme éclectique tout au long de l'année.








L'Hôpital des Gardes Françaises inauguré en 1759, est confié à la gestion de la Ville de Paris en 1789 à la Ville de Paris. Il ferme en 1795 pour rouvrir en 1802, sous l'appellation Hôpital de la Garde Consulaire. La fontaine de Mars est construite entre 1806 et 1809 en face de l'entrée principale. L'établissement hospitalier militaire devient Hôpital du Gros Caillou sous le Second Empire. Vétuste, il est désaffecté en 1892, puis rasé en 1895. Cette démolition libère les terrains à l'angle de la rue Saint Dominique et l'avenue Bosquet. Lotis, à leur emplacement sont tracées trois rues Dupont des Loges, Sédillot, Edmond-Valentin. 

Les immeubles résidentiels édifiés entre 1897 et 1899 confèrent à l'ensemble un sentiment d'homogénéité, pierre de taille cossue, accents haussmanniens quelques exceptions. À quelques exceptions près. Les interventions architectes de renom au style unique impriment le reflet des modes au tournant du siècle, Art Nouveau puis l'Art Déco. En 1898, sur la rue de Sédillot la comtesse Pauline de Monttessuy, née Pauline Ximenes de Helfenstein acquiert une vaste parcelle sur laquelle l'architecte Jules Lavirotte se voit confier la construction d'un hôtel particulier entouré d'un parc. L'hôtel de Monttessuy, pleinement achevé en 1899, devient en 1949 lycée italien Léonard de Vinci.








En 1898, la comtesse réside entre Paris et sa propriété de Bretteville-sur-Laize, le château des Riffets. Romuald Jaworowski (1830-inc), son fondé de pouvoir, gère affaires et biens immobiliers en son nom. Dans le cadre d'une opération de spéculation immobilière, une parcelle en fond de terrain est détachée du parc de l'hôtel de Monttessuy. À cette occasion, Jules Lavirotte achète auprès de Jaworowski le terrain où est construit le bâtiment du 29 avenue Rapp, véritable manifeste de son style.

La "Villa Monttessuy" futur square Rapp est ouverte sur une portion de la parcelle détachée. Au numéro 3 de l'impasse, la comtesse fait construire par Jules Lavirotte un immeuble de rapport achevé entre 1899 et 1900. Les appartements de la riche veuve, distribués sur trois niveaux occupent sous-sol, rez-de-chaussée et premier étage. Lavirotte se réserve les derniers étages pour établir son domicile et son agence. 

Un arrêté municipal du 29 avril 1997 classe l'impasse dans la voirie parisienne. La "Villa Monttessuy" adopte sa dénomination actuelle, square Rapp, liée au voisinage de l'avenue Rapp.

Square Rapp 
Accès 33 / 35 avenue Rapp - Paris 7
Métro Ecole Militaire ligne 8



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Curiosités de Paris - Dominique Lesbros - Parigramme