Paris : Fontaine de Mars, point d'eau martial au 129 rue Saint-Dominique - VIIème



La Fontaine de Mars s’est nichée dans un décrochement charmant le long de la rue Saint Dominique. La placette sur laquelle elle est isolée donne accès à la rue de l’Exposition, baptisée en l’honneur de l’Exposition Universelle de 1867. Sous le Premier Empire, un décret de 1806 ordonne la création de douze fontaines monumentales conçues par les meilleurs architectes, Percier, Fontaine… Napoléon Ier décrète que "l'eau coulera dans toutes les fontaines le jour et la nuit, de manière à pourvoir non seulement aux services particuliers, mais encore à rafraîchir l'atmosphère et les rues… Ce sera un beau réveil pour Paris". Ce réseau de distribution de l’eau basse pression, brute et désormais considérée comme non potable puise dans l'Ourcq, affluent de la Marne, qui aménagé est détourné vers le grand bassin de la Villette, se prolonge avec le canal Saint-Martin et aboutit au bassin de l'Arsenal. L'infrastructure hydraulique constituée au cours des années 1820-1850, peu entretenue, inspire néanmoins celle imaginée par Haussmann et ses ingénieurs. Girard, Gényès, Darcy puis Belgrand réalisent des prouesses techniques. La fontaine de Mars est édifiée entre 1806 et 1809 sur une place semi-circulaire plantée de peupliers. En 1858, à la suite de travaux d’urbanisme, elle devient la placette à arcades qui nous est familière. Ce point d’eau, voisin de l’hôpital militaire du Gros-Caillou qui sera rasé en 1900, est tout d’abord baptisé fontaine du Gros-Caillou. 











Rattachée à l’hospice militaire, la future Fontaine de Mars est tout d’abord alimentée par la Pompe à feu du Gros-Caillou. Ce système d’élévation des eaux de la Seine a été mis en service au niveau du quai d’Orsay en 1788 afin d’irriguer grâce à un système de canalisations jouant sur la gravité, les fontaines du quartier du Gros-Caillou et du faubourg Saint-Germain ainsi qu’une trentaine de points privés. La pompe à feu, peu rentable, sera définitivement abandonnée en 1858 à la suite de problèmes liés à la qualité des eaux. Placée directement sous l’écoulement du tout-à-l’égout des Invalides, elle charriait un flux particulièrement pollué et impropre à la consommation. Elle est détruite en 1909. 

La Fontaine de Mars, monument de style néoclassique, paraît fort massive sur la minuscule placette. Construction carrée en pierre blonde, d’environ deux mètres de large, elle a été édifiée sur des plans de l’ingénieur et architecte François-Jean Bralle (1750-1831). Les décors sont signés Pierre-Nicolas Beauvallet (1750-1818) élève d’Augustin Pajou. Bien vu sous l’Empire, il réalise de nombreuses commandes publiques parmi lesquels les bas-reliefs de la Colonne de la Grande Armée de la place Vendôme à Paris. 

Sur les quatre faces de la Fontaine de Mars, les montants sculptés sont encadrés de colonnes moulurées, pilastres d’ordre dorique. Trois panneaux sont ornés de bas-reliefs. Le principal, orienté vers la voie, représente la déesse de la Santé, Hygie un serpent enroulé autour du poignet donnant l’accolade au dieu de la Guerre, Mars, doté d’une pilosité faciale très à la mode chez les Grognards de l’Empereur. Au pied de ce dernier un coq gaulois chante. Sur les faces latérales, deux urnes sont gravées de scènes bachiques.







Le piédestal est entouré d’une frise d’animaux marins mythologiques. L’eau jaillit en soubassement de trois mascarons de bronze, identiques à ceux employés pour la fontaine des Quatre Saisons de la rue de Grenelle. Disposés sur trois des faces, ils déversent leur flux dans des petits bassins semi-circulaires au niveau du sol. Un discret repère de crue marque le niveau des eaux de la Seine qui avaient envahies les rues de Paris en 1910. Notons que le lit du fleuve est situé à 570 mètres de la fontaine.  

Les éditeurs de cartes postales des années 1900 désignent souvent improprement le monument sous le nom de fontaine de Neptune. Propriété de la Ville de Paris, la Fontaine de Mars est protégée au titre des Monuments historiques depuis inscription par arrêté du 15 mai 1926.

Fontaine de Mars
129-131 rue Saint-Dominique - Paris 7



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Paris de fontaine en fontaine - Jacques Barozzi - Parigramme 
Le guide du promeneur du 7è arrondissement - Françoise Colin-Bertin - Parigramme

Sites référents