Paris : 12 et 12bis avenue Élisée Reclus, oeuvre de l'architecte Henri Deglane, fruit d'une opération immobilière prestigieuse - VIIème

 


Le 12 avenue Élisée Reclus, élégant immeuble de rapport, oeuvre en 1910 de l'architecte Henri Deglane (1855-1931), se caractérise par la joyeuse polychromie des briques et de la pierre associées. Le décor foisonnant qui emprunte ses motifs au registre de la nature rappelle que l'Art Nouveau était il y a encore peu le summum de la mode. L'avenue Élisée Reclus est percée en 1907 lors du réaménagement du Champ de Mars, ancien terrain de manœuvres de l'École Militaire, esplanade tracée sur d'anciennes terres maraîchères. Il sera entièrement redessiné par Formigé entre 1908 et 1928 pour devenir le jardin actuel. A l'occasion de cette opération, les terrains entre l'avenue de la Bourdonnais et l'allée Adrienne-Lecouvreur au nord-est, entre l'avenue de Suffren et l'allée Thomy-Thierry au sud-ouest sont lotis afin d'édifier de fastueux immeubles résidentiels.

Aubaine d'une réclame d'ampleur auprès d'une clientèle huppée hautement désirable, les architectes rivalisent d'élégance. Ils font appel à des sculpteurs d'envergure pour réaliser les décors de façade. Au 12 avenue Élisée Reclus, Henri Deglane s'associe à Georges Gardet (1863-1939), artiste particulièrement réputé pour sa sculpture animalière. Le motif des cigognes, oiseau de bon augure, revient à plusieurs reprises dans le programme décoratif sculpté. Guirlandes de fleurs et de fruits, bouquets ponctuent chacune des faces de l'immeuble.








En 1910, la réputation d'Henri Deglane n'est plus à faire : premier Grand Prix de Rome en 1881, Médaille d'or à l'Exposition Universelle de 1889, l'architecte a participé à la construction du Grand Palais lors de l'Exposition Universelle de 1900. Introduit dans la bonne société tout auréolé de distinctions variées, notamment la Légion d'Honneur en 1900, il obtient de nombreux contrats publics et privés prestigieux. Son intervention 

Henri Deglane suit une formation initiale au sein de l'École des arts décoratifs. Il intègre les Beaux-Arts de Paris en 1874n grâce au soutien de son professeur l'architecte Louis-Jules André (1819-1890). Diplômé en 1880, premier Grand Prix de Rome en 1881, il séjourne à la Villa Médicis de Rome entre 1882 et 1885. Lors l'Exposition Universelle de 1889, l'architecte est distingué par une médaille d'or. Il occupe le poste de deuxième inspecteur lors de la construction de la Galerie des Machines, palais édifié devant l'École Militaire sur les plans des architectes Ferdinand Dutert et Stephen Sauvestre assistés de l'ingénieur Victor Contamin. L'édifice est démoli en 1909. A partir de 1890, Henri Deglane enseigne aux Beaux-Arts de Paris, en tant que chef d'atelier architecture. 








De 1896 à 1900, il oeuvre aux côtés d'Albert Louvet, Albert-Félix-Théophile Thomas et Charles Girault pour la réalisation du Grand Palais, lieu phare de l'Exposition Universelle de 1900. En charge des nefs nord et sud de la grande nef et de sa partie transversale dénommée « paddock », ainsi que des façades et décors, il réalise également l'entrée principale, ses péristyles et la façade sur la nouvelle avenue Alexandre-III, notre actuelle avenue Winston-Churchill. Dans le même temps, Henri Deglane intervient au sein du Palais des arts pour concevoir les espaces de la galerie Rapp et Desaix. En 1906, il imagine le Palais de l'Afrique Occidentale lors de l'Exposition coloniale de Marseille. 

A titre personnel, il acquiert le château de Laussel à Marquay, bâti par les seigneurs de Commarque au XVème siècle. Il s'ingénie à redonner son lustre à cette bâtisse Renaissance abandonnée depuis le XVIIIème siècle. Henri Deglane est élu à l'Académie des Beaux-Arts en 1918. 

Immeuble de rapport 
12 et 12bis avenue Élisée Reclus - Paris 7
Métro Bir-Hakeim ligne 6 / RER C Champ de Mars Tour Eiffel 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur du 7è arrondissement - Françoise Colin-Bertin - Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages