Paris : Place Colette, une création du XIXème siècle, un hommage à l'écrivaine, une élégance de carte postale - Ier

 

La place Colette s’inscrit harmonieusement dans l’ensemble constitué par le Palais Royal. Ce dernier édifié en 1628 pour le Cardinal de Richelieu (1585-1642) ne s’est doté de ce parvis qu’au XIXème siècle. Elégantes colonnades, majesté de l’architecture, confèrent à la place Colette une atmosphère particulière où l’histoire croise l’art contemporain. La Comédie Française y côtoie la plus célèbre bouche de métro depuis les édicules Guimard, « Le kiosque des noctambules » de Jean-Michel Othoniel, oeuvre inaugurée le 30 octobre 2000. Le très instagramable Café le Nemours et sa terrasse de charme attirent autant les touristes en goguette que les Parisiens du monde de la culture. Le lieu accueille de nombreux tournages, « Dialogue avec mon jardinier » (2007) de Jean Becker, « The Tourist » (2010) de Florian Henckel von Donnersmarck, « Intouchable » (2011) d’Olivier Nakache et Eric Tolédano et plus récemment la série Netflix, « Emily in Paris ». Accès familier, heureux prélude, invitation à poursuivre la promenade vers les galeries et jardins du Palais Royal, la place Colette se niche entre les rues Saint Honoré et de Richelieu, la galerie de Nemours et la Maison de Molière. En 2001, les aménagements poursuivis par la Mairie de Paris ont permis la piétonisation de ce parvis. 









Ouverte en 1860, la place du Théâtre Français prend sa dénomination actuelle de place Colette par arrêté du 19 février 1966. Elle rend hommage à l’écrivaine Sidonie Gabrielle Colette (1873-1954), l’autrice de « Claudine », « Chéri », « Le blé en herbe », « Dialogue de bêtes » qui résida de 1927 à 1930 à l'entresol du 9 rue de Beaujolais dont les fenêtres s’ouvraient sur le jardin du Palais Royal au premier étage du 93 de la galerie du Beaujolais. 

Cet égard particulier a été accordé par le ministre de la Culture de 1958 à 1968, André Malraux (1901-1976) à la suite d’une demande formulé par la fille de la romancière, Colette de Jouvenel (1913-1981). A l’occasion de l’inauguration officielle le 21 mars 1966, la portion ouest de la place est détachée pour conserver le nom de place du Théâtre Française. Ce segment deviendra place André Malraux le 17 mars 1977. 









La place Colette se trouve à l’emplacement de l’ancienne Porte Saint Honoré qui au XIVème siècle marque le passage via l’enceinte Charles V construite de 1356 à 1383, vers la route conduisant au bourg de la Ville l’Evêque et du village du Roule. Urbanisation, expansion de la ville, la porte disparaît emportée par le déplacement des remparts défensifs. L’enceinte Charles V, rendue obsolète par l’érection de l’enceinte Louis XIII, est démolie en deux temps : la partie occidentale vers 1640, puis la partie orientale 1670 pour faire place aux Grands Boulevards. 
 
Nommé architecte du Palais-Royal en 1849, l’architecte Prosper Chabrol (1812-1875) mène une vaste campagne de restauration jusqu'en 1860 pour le compte du prince Jérôme Bonaparte (1784-1860). A l’occasion de l’agrandissement du Théâtre Français, il fait raser un ilot d’immeubles de rapport. Sous l’impulsion de Chabrol, la salle de spectacle achevée en 1783 par Victor Louis (1731-1800), architecte de Philippe d’Orléans, frère de Louis XVI, trouve une nouvelle jeunesse. Le théâtre se dote d’un escalier d’honneur et d’une aile dédiée aux services administratifs. L’architecte réalise une nouvelle façade dans le style néo-classique de la précédente. Il dégage une esplanade en transformant une portion de la rue Saint Honoré, la place du Théâtre Français inaugurée en 1860.








Dernière mue en 2001, les travaux de réaménagement de la place Colette sous l’impulsion de la Mairie de Paris rendent la Place Colette aux piétons. Alain Charles Perrot, architecte en chef des Monuments historiques, qui a travaillé de nombreux chantiers historiques prestigieux, restauration de l’Opéra Garnier en 1995, la Comédie Française, le théâtre de l’Odéon, les vitraux de la Sainte Chapelle, la place Vendôme, les arènes d’Arles, est chargé du dossier. Il imagine un nouveau parvis, des revêtements plus élégants, dalles de granit et pavés lissés, revoit l’harmonie du mobilier urbain et repense la circulation d’accès à la Comédie Française et au Palais Royal. Désormais, la place Colette revendique des attraits de carte postale heureuse, pour le plus grand bonheur des usagers.

Place Colette - Paris 1
Accès Rue Saint-Honoré, place André-Malraux, rue de Richelieu, rue de Rohan



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.