Paris : Carolina, une oeuvre de Marcello Tommasi - square Gabriel Pierné - VIème

 

« Carolina », statue de bronze signée Marcello Tommasi (1928-2008), a été inaugurée le 15 décembre 1972, au coeur du romantique square Gabriel Pierné. A cette occasion, le sculpteur toscan reçoit la Médaille d’argent de la Ville de Paris lors d’une cérémonie à l’Hôtel de Ville. L'oeuvre représente une fillette grandeur nature, 1,36 mètres. Elle repose sur un piédestal de béton aussi haut que l’enfant de bronze. Celui-ci fait mention du titre « Carolina », de son auteur Marcello Tommasi et de la date d’exécution 1968.

A l’angle des rues de Seine et Mazarine, à l’arrière de la chapelle du Collège des Quatre Nations, le square Gabriel Pierné a été établi sur les terrains libérés par la démolition de l’ancien jeu de Paume des Métayers. Ce lieu est resté fameux pour avoir accueilli les premiers essais infructueux de Molière et de la troupe de l’Illustre théâtre à Paris. 



L’oeuvre « Carolina » de Marcello Tommasi s’inscrit dans la veine classique d’un réalisme sans complaisance, quasiment exempte d’idéalisation, traits naturalistes d’une « inquiétante étrangeté » freudienne, maigreur prépubère, candeur impudique. L’effronterie de la pose, déhanché bravache, main sur les hanches, buste relevé contraste avec la joliesse de la coiffure, cheveux relevés en queue de cheval haute. 

Expression floue, un sourire flotte sur le visage aux yeux exagérément grands, aux cernes creusés. Le regard tourné vers la droite, attiré par autre chose, confère à cette figure un effet de spontanéité. L’artiste aurait capturé l’instant d’inattention de son modèle. Enfant malingre, les côtes visibles, les clavicules creusés, « Carolina » n’est pas sans évoquer une autre fillette frondeuse, « La petite danseuse de quatorze ans » d’Edgar Degas (1834-1917) présentée en 1881 au Salon des Indépendants à Paris. Les deux œuvres provoquent un certain malaise.






Marcello Tommasi nait le 29 janvier 1928 à Pietrasanta, ville de Toscane réputée pour ses sculpteurs. Située à proximité des carrières de Carrare, le marbre s’y travaille depuis l’Antiquité romaine. Sept fonderies d’art y ont acquis une grande renommée grâce à leur collaboration avec de prestigieux artistes tels que Fernando Botero, Cyril de la Patellière, Jean-Michel Follon. Marcello Tommasi appartient à une longue lignée d’artistes qui remonterait au XVIIème siècle selon la légende familiale. Son père, le sculpteur Leone Tommasi, son frère le peintre Riccardo Tommasi Ferroni, les enfants de ce dernier Giovanni et Elena tout deux peintres, perpétuent la tradition au XXème siècle.
Marcello Tommasi poursuit des études d’histoire de l’art à l’Université de Florence, où il rédige une thèse au sujet de Pietro Talla (1577-1640) sculpteur italien de l’école florentine, représentant toscan du style baroque. Durant sa carrière, actif en Italie à Pietrasanta, à Florence, il se fait remarquer à Paris où il vit durant près de vingt ans et répond à un certain nombre de commandes publiques. En 2002, dans le catalogue d'exposition "Un classico contemporaneo nato sotto Saturno" / « Un classique contemporain né sous Saturne », (Florence, Mauro Pagliai Editore), Detlef Weiss le qualifie d’«héritier symbolique du néo-platonisme du quattrocento ». 

Carolina, une oeuvre de Marcello Tommasi
Square Gabriel Pierné - Paris 6




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.