Théâtre : Du bonheur de donner, de Bertolt Brecht - Avec Ariane Ascaride et David Venitucci - Le Lucernaire - Jusqu'au 5 mars 2023

 


Ariane Ascaride aborde l’oeuvre du dramaturge allemand, Bertolt Brecht (1898-1956) par le biais de textes poétiques qui éclairent un humanisme militant, disent l’amour, la guerre, l’exil, la bienveillance, la difficulté d’être au monde et le sort terrible réservé aux plus démunis. Avec la complicité du musicien David Venitucci, la comédienne célèbre un pan considérable du travail de Bertolt Brecht, sa poésie, méconnu en France. Artiste marxiste militant, déchu de la nationalité allemande par le régime nazi en 1935, il est contraint à l’exil. Il se réfugie en Suède, en Finlande puis aux Etats-Unis, où il est placé sur la liste noire du maccarthysme au lendemain de la guerre. 

Au Lucernaire, Ariane Ascaride traverse les recueils, les traductions, et réunit pour la scène un florilège d’une trentaine de poèmes. Cette sélection très personnelle révèle sa connaissance intime de l’oeuvre de Brecht, dont les textes ont accompagné sa carrière depuis le début. Les récits ancrés dans une réalité déchirante embrassent un ensemble de thématiques cohérentes. Ils nous parlent d’exil, de migration, de conflits, de misère, de déracinement, de la lutte des classes. Un important corpus est consacré à la condition féminine avec d’émouvants portraits de femmes, Evelyne la prostituée ou bien encore la mère infanticide. La troublante actualité de ces textes vient souligner la modernité radicale du dramaturge et poète, ses nuances, sa sensibilité humaniste, son engagement et plus inattendu pour un auteur à la réputation austère, son humour. Les mots de Bertolt Brecht incitent le spectateur à la réflexion, morale, politique, alertent sur les injustices. Le dramaturge suscite l’envie de s’engager, d’aiguiser un regard critique porté sur le monde pour accéder à une forme de bonheur qui serait le fruit d'« une vie bonne ». 




Economie de moyens, sobriété, sur le plateau, se tiennent deux tabourets hauts perchés et des pupitres devant des rideaux noirs. La mise en scène de Patrick Bonnel fait la part belle à l’expressivité de l’interprétation et à la musique. Ariane Ascaride voix timbrée, inflexions de conteuse, se fait passeuse de mots, d’idées. Elle incarne le sourire mélancolique et le rire franc, l’émotion au bord des larmes, expressivité vibrante. « Du bonheur de donner » fait résonner les mots de Bertolt Brecht contemplatifs, poétiques, réalistes, mélancoliques. Les textes chantés sur une partition originale signée David Venitucci, qui à l’accordéon accompagne la comédienne, rythme le spectacle, fait entendre le vent, les vagues, apporte une musicalité supplémentaire à la représentation. 

Message universel de tolérance, de respect de l’altérité, les poèmes lus ou bien chantés célèbrent les valeurs de générosité, de compassion et d’empathie. Intense et délicat, art porteur de sens, un très beau moment de théâtre et de poésie.

Du bonheur de donner, de Bertolt Brecht
Jusqu’au 5 mars 2023
Du mardi au samedi à 19h - Dimanche 16h

Avec Ariane Ascaride
Musique originale David Venitucci
Collaboration artistique Patrick Bonnel
En hommage à Marcel Bluwal
Production Agatfilms et cie

Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs - Paris 6
Tél : 01 45 44 57 34



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.