Théâtre : L'usage du monde, d'après Nicolas Bouvier - Avec Samuel Labarthe - MES Catherine Schaub - Théâtre de Poche Montparnasse - Jusqu'au 5 mars 2023



En juin 1953, Nicolas Bouvier, vingt-quatre ans, quitte Genève en Fiat Topolino, automobile hors d’âge bricolée pour l’occasion. Il rejoint son ami le peintre Thierry Vernet en déplacement à Belgrade. Ils se laissent deux ans pour parcourir les routes des Balkans. Leur minuscule pécule devrait couvrir quatre mois de frais. Pour subvenir à leurs besoins, ils vont improviser, donner des cours de français, placer des articles, vendre dessins et tableaux. De Belgrade à Kaboul, ils traversent la Yougoslavie, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, jusqu’aux frontières de l’Inde. Nicolas Bouvier tient un journal dans lequel il dit la beauté des paysages, les rencontres, les hommes, les cultures. Energie et enthousiasme d’un jeune homme des années 1950, il raconte avec humour les péripéties sur les chemins du monde, les incidents, les pannes, les surprises. Le périple ponctué de haltes plus ou moins longues, notamment à Tabriz et à Quetta, s’achève en décembre 1954. 

Samuel Labarthe nourrissait de longue date le projet de porter à la scène le récit de l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier, son compatriote. Il y a quelques années, il y avait fait une lecture de « L’usage du monde », au Vieux Colombier. Au Poche Montparnasse, l’adaptation signée Anne Rotenberg, Gérald Stehr, Samuel Labarthe retrouve la verve, la vitalité de Nicolas Bouvier, son appétit pour le monde. Sa curiosité et son envie de découvrir des horizons plus vastes s’exprime dans la volupté des mots. Le style épuré volontiers journalistique condense la capacité d’émerveillement intacte, mais aussi la passion, l’humour. L’enfant qui rêvait devant les atlas géographiques n’est jamais loin.




Seul en scène, Samuel Labarthe se trouve dans la position du conteur, du passeur de mots. Elégance souriante, suavité d’une voix timbrée, présence scénique, il interprète l’imaginaire de Nicolas Bouvier. L’inventivité de la mise en scène de Catherine Schaub, soutenue une scénographie efficace signée Delphine Brouard, parvient à retranscrire dans l'immobilité du théâtre, le sentiment du voyage. En fond de plateau, films, dessins, photographies en noir et blanc - création vidéo de Mathias Delfau assisté de Allan Hove - défilent sur un écran pour mieux évoquer les beaux lointains. L’univers sonore, musique, sons, imaginés par Aldo Gilbert transporte ailleurs. 
 
Récit saisissant, anachronique, un tel voyage ne serait plus possible de nos jours. Nostalgie d’un temps révolu. « L’usage du monde », réflexion sur la condition humaine, une manière d’être au monde, célèbre l’altérité et l’humanité.

L’usage du monde, d’après Nicolas Bouvier
Jusqu’au 5 mars 2023

Adaptation : Anne Rotenberg - Gérald Stehr - Samuel Labarthe
Avec Samuel Labarthe
Mise en scène : Catherine Schaub
Scénographie : Delphine Brouard
Création lumières : Thierry Morin
Création vidéo : Mathias Delfau assisté de Allan Hove
Univers sonore : Aldo Gilbert
Voix de Thierry Vernet : Alexandre Labarthe
 
Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse - Paris 6
Tél location : 01 45 44 50 21
theatredepoche-montparnasse.com
Page Facebook
Fil Twitter
Galerie Instagram



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.