Shakespeare and Company, librairie anglophone mythique du quartier Latin, entretient la légende du Vieux Paris. Quai de Montebello, en bord de Seine, ce centre de la culture anglo-saxonne niche dans un bâtiment chargé d’histoire, aux fondations héritées d’un ancien monastère du XVIème siècle. Destination de promenade, la librairie indépendante, propice à la flânerie, a longtemps été le point de chute d’une certaine bohème littéraire américaine, en particulier de la Beat Generation. En 1951, George Whitman, petit-fils du poète américain Walt Whitman, reprend une ancienne épicerie au 37 rue de le Bûcherie. Il fonde le Mistral, une librairie anglophone dont l’objectif est de faire connaître, de soutenir les écrivains de langue anglaise de de passage à Paris. A rebours des enseignes de la grande distribution, la librairie Shakespeare and Company affiche un capharnaüm joyeusement anachronique de livres, journaux, magazines, éditions originales, ouvrages d’occasion, œuvres confidentielles et best-sellers, prose, poésie, histoire, sociologie, politique. Une véritable expérience goûtée par habitués et touristes.
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Paris : Librairie Shakespeare and Company, légende littéraire du Quartier Latin - Vème
By La Rédaction At janvier 12, 2023 0
A la fin des années 1950, les écrivains de la Beat Generation, lorsqu’ils ont un petit pécule de côté, résident souvent au Beat Hotel situé au 9 rue Gît le Cœur à Saint Michel. En voisin, William Burroughs et Alla Ginsberg fréquentent assidument la libraire Shakespeare and Company. Gregory Corso se voit interdit de boutique à la suite de trop nombreux vols de livres. Inspiré par l’expérience parisienne, Lawrence Ferlinghetti créé en 1953 avec Peter D. Martinn la librairie City Lights à San Francisco. Ils développent ensemble une maison d’édition parallèle, qui publie notamment Jack Kerouac et Allen Ginsberg.
En 1964 à l’occasion du quatre-centième anniversaire de la naissance du Barde immortel, George Whitman rebaptise la librairie Shakespeare and company. Il reprend le nom de la mythique librairie de Sylvia Beach, créée en 1921, au 8 rue Dupuytren puis déplacée au 12 rue de l’Odéon. Durant l’entre-deux-guerres, cette institution germanopratine est le point de chute parisien de la Lost generation, Ernest Hemingway, Francis Scott Fitzgerald et des expatriés américains parmi lesquels Gertrude Stein. La librairie diffuse des livres censurés aux Etats-Unis et en Angleterre, tel que « L’amant de lady Chatterley » de D.H. Lawrence publié en 1928. Sylvia Beach édite pour la première fois l’« Ulysse » de James Joyce en 1922. Henry Miller lors de son séjour à Paris entre 1930 et 1939 ainsi que Richard Wright font partie des habitués. Cette libraire ferme définitivement en 1941 sous l’Occupation. Selon la légende Sylvia Beach aurait refusé de vendre le dernier exemplaire de « Finnegan Wake » de James Joyce, à un officier allemand.
George Whitman entend perpétuer la mission de Sylvia Beach. Il offre l’hospitalité aux voyageurs de passage, les « tumbleweeds » au sein même de la boutique Shakespeare and Company. Sur le mur de la librairie sont tracés ces mots extraits de la Bible : « Be not inhospitable to strangers, lest they be angels in disguise ». Le célèbre escalier en colimaçon mène à l’étage réparti en petites pièces où sont installés treize lits parmi les piles de livres. L’hébergement est gratuit à condition de faire le lit le matin, aider à la boutique - un peu de ménage, tenir la caisse - et lire un livre par jour. Plus de quarante mille personnes ont bénéficié de ce logement gracieux. La librairie est fréquentée en 1971 par Jim Morrison.
Sylvia Whitman, la fille de George reprend la librairie en 2001. Elle développe festivals culturels, animations, rencontres et lectures hebdomadaires ainsi qu’un prix littéraire. En 2015, un café est inauguré en partenariat avec Bob’s Bake Shop dans le local voisin, ancien garage abandonné depuis 1981. Cette initiative vient concrétiser un projet que George Whitman nourrissait depuis 1969.
En mars 2020, le premier confinement lors de la pandémie Covid 19 menace la pérennité de la librairie Shakespeare and Company. Portes closes durant deux mois. Sans vente en ligne, il est question de fermeture définitive. La mobilisation internationale via les réseaux sociaux offre un sursis. La formule abonnement « Year of reading », sélection de douze livres, reçoit un accueil très favorable. Le site web est développé afin de promouvoir la vente en ligne. La librairie est sauvée.
Librairie Shakespeare and Company
57 rue de la Bûcherie - Paris 5
Tél : +33 1 43 25 40 93
Horaires : Du mardi au samedi de 10h à 20h - Dimanche midi à 19h
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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