Cinéma : Le Parfum Vert, de Nicolas Pariser - Avec Vincent Lacoste et Sandrine Kiberlain

 

Sur la scène de la Comédie Française, en pleine représentation un acteur est assassiné. Il s’écroule empoisonné. Martin qui lui donnait la réplique, témoin direct, recueille ses derniers mots « Assassinat… Parfum vert ». Il est alors enlevé par des malfrats, membres d’une mystérieuse organisation. Conduit dans un manoir près de Rambouillet, il est présenté au propriétaire, inquiétant amateur de bande-dessinées, à la jeunesse mouvementée. Martin est libéré au matin par son ravisseur, lourdement sédaté. Sa disparition a éveillé les soupçons de la police. Ami de la victime, il est devenu le suspect principal. De retour à Paris, il cherche un moyen de s’innocenter. Il tente de retrouver le commanditaire de son rapt en suivant la piste d’une librairie spécialisée. Il y fait la connaissance de Claire, dessinatrice de BD en pleine crise familiale. Elle décide de l’aider dans son enquête. Recherché par la police, Martin échappe à ses poursuivants grâce à elle. En quête de vérité, ils se rendent à Bruxelles où ils lèvent le voile sur une machination internationale et les manigances politique d’une organisation criminelle néo-fasciste, dirigée depuis les pays de l’Est. Ils sont interceptés par les services secrets français.









Présentée à Cannes 2022, à la Quinzaine des réalisateurs, « Le Parfum Vert » s’inscrit dans la lignée des comédies d’espionnage. Le réalisateur Nicolas Pariser revendique pleinement ses références Hitchcock « Une femme disparaît », Hergé et Tintin « Le sceptre d’Ottokar » et multiplie les clins d’œil, le manoir inspiré d’un décor de Cluedo, les deux policiers façon Dupond et Dupont. La fantaisie flirte volontiers avec le pastiche. 

Le film embrasse une esthétique vintage plaisante qui le rapproche encore plus des maîtres du genre. Les rebondissements classiques du film noir, course-poursuite, meurtres en série, énigmes à percer, codes à déchiffrer ponctuent une narration rythmée de péripéties cocasses. Pur divertissement, « Le Parfum Vert » dégage une énergie comique soulignées par des dialogues ciselés, à l’excentricité spirituelle. Le cinéaste met à profit son sens du burlesque, du décalage pour épicer des atmosphères de soupçon généralisé, où se mêlent anxiété et paranoïa. 




Innocent poursuivi pour un crime qu’il n’a pas commis, accusé à tort à la suite d’un concours de circonstances, Martin, jeune acteur maladroit, est contraint d’enquêter aux quatre coins de l’Europe. En compagnie de Claire, extravagante autrice de bande-dessinée, il se lance dans une épopée rocambolesque. La comédie d’espionnage est portée par un tandem irrésistible, Vincent Lacoste aussi gauche, qu’anxieux et Sandrine Kiberlain dans le rôle d’une charmante extravagante. L’alchimie des comédiens renforce la tonalité loufoque souhaitée par Nicolas Pariser. Le réalisateur prend plaisir à contredire cette première impression en distillant une angoisse tenace, alimentée par des sujets d’histoire et d’actualité, ombre de la Seconde Guerre Mondiale, montée des extrêmes droites en Europe, leurs liens avec la Russie, la Syrie, la Chine, complotisme, fake news et antisémitisme. 

Art du faux-semblant, grand jeu des illusions, l’improbable affaire prend un tournant politique sans cesser d’amuser. Enthousiasmant ! 

Le Parfum Vert, de Nicolas Pariser
Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Lacoste, Rüdiger Vogler, Léonie Simaga, Arieh Worthalter, Jenna Thiam, Alexandre Steiger 
Sortie le 21 décembre 2022



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.