Paris : Fontaine du Fellah, fontaine impériale de style "retour d'Egypte" au 42 rue de Sèvres - VIIème

 


La fontaine dite du Fellah, au 42 rue de Sèvres, est l’un des quinze points d’eau créés à la suite du décret impérial de Saint Cloud en 1806. Inscrits aux Monuments historiques, au titre d’éléments préservés de l’hôpital Laennec, par arrêté du 25 juillet 1977, mur et édicules ont été intégrés en 2012 à un ensemble immobilier édifié sur l’emplacement libéré par la démolition d’anciens bâtiments attenants. Ces extensions du XIXème et du XXème siècle de l’hospice des Incurables, fondé par le cardinal de la Rochefoucauld et Marguerite Rouillé, construit par l’architecte Christophe Gamard de 1653 à 1640, n’avaient guère d’intérêt patrimonial. La fontaine du Fellah répond au style dit retour d’Egypte, en vogue à la suite de la campagne menée entre 1798 et 1801 par celui qui n’était alors que le général Napoléon Bonaparte. Son arche aux piédroits inclinés, haut de 2,8 mètres, évoque l’entrée d’un temple égyptien, au fronton duquel l’aigle éployé rend hommage à l’Empereur. La fontaine du Fellah, bâtie en applique sur les plans de l’ingénieur François-Jean Bralle (1750-1831) également auteur de la fontaine de Mars a pour vocation d’alimenter un quartier qui manque de points d’eau publics.








Le sculpteur Pierre-Nicolas Beauvallet (1750-1818), élève d’Augustin Pajou (1730-1809), imagine la figure masculine qui orne la niche de la fontaine du Fellah. Artiste officiel, très introduit dans les cercles du Premier Empire, il obtient nombreuses commandes publiques, les reliefs de la Colonne de la Grande Armée place Vendôme.  Pour la fontaine du Fellah, Beauvallet s’inspire d’une statue antique, Antinoüs en Osiris, favori de l’empereur Hadrien, oeuvre découverte lors de fouilles archéologique en 1739 dans la villa Hadrienne, résidence impériale à Tivoli édifiée au IIème siècle. 

La statue grandeur nature, vêtue d’un pagne, coiffée du pschent traditionnel, porte des amphores desquelles s’écoule l’eau dans une vasque semi-circulaire. A l’origine, le flot s’échappe ensuite par un mascaron à tête de lion pour être évacuée vers un puisard percé dans la chaussée. La statue de Beauvallet dégradée est remplacée par une copie vers 1840, réalisée par Jean-François Théodore Gechter (1795-1844), pour la somme de trois-mille francs.







A la suite d’infiltrations dans la station de métro Vaneau, la fontaine du Fellah est arrêtée entre 2005 et 2018 . Les travaux annoncés en 2006 sont repoussés faute de budget. La création en janvier 2016 d’une association citoyenne fait évoluer la situation grâce à une campagne de valorisation de la fontaine dans le cadre, en 2017, du Budget participatif de la Ville de Paris. Les fonds alloués par la Mairie permettent de remettre en eau la fontaine dès l’été 2019. 

La fontaine du Fellah appartient au réseau d’infrastructures d’alimentation en eau de la ville de Paris, développé à la suite du décret de 1806. La création de quinze fontaines monumentales, dont les plans sont signés par des architectes prestigieux tels que Percier, Fontaine, a pour objectif d’améliorer la distribution de l’eau. Le réseau basse pression, sans traitement des eaux, pose néanmoins rapidement des problèmes de potabilité. 







A l'origine, la fontaine du Fellah est alimentée par la pompe à eau du Gros Caillou, mise en service au niveau du quai d’Orsay en 1788. Le système de canalisations joue sur la gravité et rend possible l’alimentation les fontaines du quartier du Gros Caillou et du Faubourg Saint Germain ainsi qu’une trentaine de points d’eau privés, notamment des hôtels particuliers. Pourtant la création du tout à l’égout des Invalides corrompt la qualité de l’eau. La pollution la rend impropre à la consommation. La pompe à eau du Gros Caillou peu rentable est abandonnée en 1858, puis détruite en 1909. 

La fontaine du Fellah trouve alors une nouvelle source d’alimentation grâce à une dérivation des eaux du Canal de l’Ourcq construit entre 1802 et 1825. L’Ourcq affluent de la Marne aménagé, est détourné vers le grand Bassin de la Villette dans la prolongation du Canal Saint Martin qui aboutit au Bassin de l’Arsenal élément structurel d’un vaste réseau, système constitué entre 1820 et 1850. 

La fontaine du Fellah
42 rue de Sèvres - Paris 7



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.