Gisèle Freund reçoit son premier appareil photo, un Leica cadeau de son père, à l’occasion de l’obtention de son baccalauréat. Elle étudie la sociologie à Francfort et se rapproche d’un groupe d’étudiants communistes. En mai 1933, inquiétée par le nouveau régime, elle quitte l'Allemagne nazie pour poursuivre ses études à Paris. Elle soutient une thèse sur la sociologie de l'image, "La photographie au XIXème siècle en France" à la Sorbonne. Dès 1938, Gisèle Freund, précurseure, est l'une des premières à utiliser les pellicules Agfacolor dont les couleurs signeront un style de portrait.
A Paris, elle se lie avec Adrienne Monnier et Sylvia Beach, fondatrices des librairies La maison des amis des livres et Shakespeare and Company. Elle fréquente l'avant-garde des lettres, James Joyce, José Ortega y Gasset, André Malraux, Henri Michaux, Roger Caillos de nombreux intellectuels sud-américains, le poète franco-uruguayen Jules Supervielle, Susana Soca poétesse et mécène uruguayenne, Pedro Figari peintre et écrivain également uruguayen. En 1941, Gisèle Freund quitte la France occupée, l'Espagne franquiste pour l’Argentine où elle retrouve Victoria Ocampo, fondatrice de SUR, revue littéraire et de sciences humaines, également maison d'édition.
Gisèle Freund débarque en Amérique Latine en transatlantique par le Brésil. Ces premières images capturent les côtes, la nature et le contraste avec le modernisme des villes nouvelles, un monde rural entraperçu. Elle choisit paradoxalement souvent le noir et blanc pour saisir ces paysages du bout du monde. La photographe voyage à travers l’Argentine et le Chili. Elle est frappée par la beauté de la Terre de feu, la Patagonie. Elle s’aventure en Uruguay, en Equateur, en Bolivie, au Pérou et marque tout de suite un intérêt particulier pour le Mexique.
Au fil de ces voyages sensibles, périples à la rencontre des populations, des autres, Gisèle Freund affirme une démarche humaniste, saisissant les visages des célébrités comme des anonymes. Elle réalise de nombreux reportages pour Times Magazine, Life, les parutions argentines La Naciòn et El Hogar, le journal mexicain Novedades. En 1950, la publication d’un photoreportage pour Life au sujet d'Eva Peròn et de son train de vie luxueux provoque la colère du régime. Elle est contrainte de quitter précipitamment l’Argentine. Ses engagements politiques traduits en images lui causeront d’autres problèmes. A l’invitation de Robert Capa, Gisèle Freund rejoint à sa création l'agence Magnum en 1947. Mais elle est obligée de la quitter en 1954, interdite de visa aux Etats-Unis du fait de ses affinités communistes.
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