Paris : Le Poète chevauchant Pégase, une oeuvre d'Alexandre Falguière, square Opéra Louis Jouvet - IXème

 

« Le Poète chevauchant Pégase » du sculpteur Alexandre Falguière (1831-1900) déploie ses ailes au square Opéra Louis Jouvet. La statue équestre allégorique représente un jeune homme nu, lyre à carapace de tortue dans la main gauche, bras droit tendu vers le ciel. Le poète monte à cru Pégase, cheval ailé mythologique né du sang de la Gorgone Méduse. Ensemble, ils survolent un globe terrestre. L’alignement des deux têtes, choix curieux du sculpteur, engendre chez la monture une torsion anormale de l’encolure. Assise déséquilibrée, le cavalier se trouve proche de la chute. Cette statue est désignée sous plusieurs titres notamment « Apollon sur Pégase », « Pégase emportant le poète vers les régions du rêve ». 

En 1890, est relancé le projet d’un monument à Victor Hugo évoqué depuis 1881 par un comité de personnalités composé de Clémenceau, Schoelcher, Renan, Berthelot, Banville, Coppée, Leconte de Lisle, Dumas fils, Daudet, Puvis de Chavannes. Les sculpteurs Ernest Barrias et Alexandre Falguière sont mis en compétition dans un concours confidentiel. En 1895, le projet de Barrias est choisi. Falguière se voit néanmoins confier les reliefs. Il décédera avant exécution. Cette statue sera fondue par l’Occupant allemand en 1941. Falguière dégage de son groupe originel une statue équestre « Apollon chevauchant Pégase ». En 1896 la Ville de Paris passe commande pour le square Opéra, aujourd’hui square Opéra Louis Jouvet. Le bronze de 1131 kg est réalisé dans l’atelier Thiébaut & frères.  A l’époque, la fonderie Fumière et Gavignot acquiert une partie de l’entreprise Thiébaut & frères, l’un des plus importants ateliers de la seconde moitié du XIXème siècle. A partir de 1895, ces artisans fondent de nombreuses œuvres monumentales pour Falguière parmi lesquelles ce « Poète chevauchant Pégase ». La statue est inaugurée en juillet 1897. 







Sculpteur peintre dessinateur, Alexandre Falguière (1831-1900) débute ses classes de sculpture auprès de Bernard Griffoul-Dorval (1788-1861) à l’école des Beaux-Arts de Toulouse. La ville lui décerne une bourse afin de poursuivre sa formation à Paris. La pension insuffisante, Falguière travaille pour le sculpteur Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887), puis pour Jean-Louis Chenillion (1810-1875).  Alors qu’il atteint l’âge limite d’admission, il intègre enfin les Beaux-Arts de Paris en 1854. Il rejoint l’atelier de François Jouffroy (1806-1882). Le jeune Falguière débute au Salon des artistes en 1857.

Son oeuvre au caractère réaliste classique puise son inspiration dans un naturalisme, fruit de l’étude du modèle vivant. Il exécute de nombreuses figures féminines allégoriques. Si la sculpture demeure sa principale activité, à partir de 1873, il présente également des peintures au Salon. En 1894, il réalise le plafond de la salle des Illustres au Capitole de Toulouse.








En 1882, il devient professeur à l’Ecole des Beaux-Arts et la même année est élu à l’Institut.  Son plus célèbre élève sera Antoine Bourdelle. Artiste officiel, Alexandre Falguière est distingué par des honneurs et de nombreuses médailles. Les commandes publiques prestigieuses se multiplient, notamment une série de monuments dédiés aux grands hommes de la IIIème République, ainsi que « Le Triomphe de la République » destiné à l’Arc de Triomphe de la place de l’Etoile. Parmi les plus importantes se trouvent le Monument au cardinal La Vigerie à Bayonne, le Monument à Pierre Goudouli de Toulouse, Monument à Léon Gambetta de Cahors, le Monument à Lafayette de Washington 

Alexandre Falguière hérite du projet de Monument à Balzac après le refus de la proposition présentée par Auguste Rodin à la Société des gens de lettres en 1898. Il meurt subitement en 1900 à Paris laissant de nombreux projets en suspens. 

Le Poète chevauchant Pégase - Alexandre Falguière
Square Opéra Louis Jouvet - Paris 9



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.