Trésor patrimonial rouennais, l’Aître Saint-Maclou a été restauré et réhabilité sous la houlette de la Métropole Rouen Normandie. Désormais bordé de galeries d’art, d’un café-restaurant, d’une pâtisserie, l’ancien ossuaire de la Grande Peste du XIVème siècle accueille de nombreuses animations, concerts et ateliers. Six siècles d’histoire apprivoisés. Les commerces se sont implantés dans la bâtisse à colombages du XVIème qui cerne la cour arborée. Le chef étoilé Gilles Tournadre associé au maître restaurateur Philippe Coudy a œuvré durant quatre années pour donner naissance à son dernier défi gastronomique : une brasserie conviviale au cœur de ce lieu unique. Le Café Hamlet invite à une halte heureuse, pour se restaurer, siroter une boisson fraîche en terrasse, savourer un tea-time gourmand, déguster une pâtisserie de haute volée, s’attabler entre amis pour l’apéritif. Découverte du Café Hamlet à l’occasion du festival Nuits Normandie Impressionniste 2022.
Au Café Hamlet, la carte imaginée par le chef Gilles Tournadre s’inspire de la tradition pour mieux s’autoriser les embardées modernistes. Les plats bistrotiers classiques font l’objet de twists dans l’air du temps : burger à la queue de bœuf, poisson du jour et salade de quinoa, homard pain brioché, recettes véganes, idées fusion. Aux fourneaux du Café Hamlet, le chef Damien Duboc a fourbi ses armes auprès du chef Tournadre au sein de « Gill » son restaurant gastronomique. Le chef pâtissier Christophe Lecourt, « Les pâtisseries de Gill », décline douceurs classiques, trou normand, tarte au chocolat, café gourmand et créations originales, Charlotte aux pommes, Jeanne d’Arc, tarte aux pralines rouges, trompe-l’œil savoureux tels que La fraise, Le pavé de l’Aître…
Installé à Rouen dans les années 1980, le chef Gilles Tournadre inaugure le restaurant gastronomique « Gill » en 1989. Le Guide Michelin distingue rapidement cette nouvelle institution, doublement étoilée durant près de trente ans. En 2020, désireux de s’émanciper et de diversifier ses projets, le chef rend ses étoiles. Dans la foulée, il imagine une nouvelle brasserie « La Place », une pâtisserie « Les pâtisseries de Gill » dont la boutique donne rue Martainville et tout dernier né le Café Hamlet ouvert en juin 2021. Le nom de celui-ci fait référence au prince danois, héros de la pièce de Shakespeare. Il illustre l’idée d’une double identité normande, à la fois scandinave et britannique. La devise de l’établissement « Aître ou ne pas être » détourne la célèbre réplique, métaphysique potache, interrogations existentielles face à un crâne ou un ossuaire, clin d’œil à l’emplacement singulier du café-restaurant.
La bâtisse du XVIème siècle déploie d’intéressant volumes, variations radicales de hauteur sous plafond, et nombres de détails charmants, poutres apparentes, pierre de taille. Distribué sur deux niveaux, le Café Hamlet propose au rez-de-chaussée, une salle principale animée à laquelle s’ajoute accessible par une courte volée de marches la « cour des prêtres » espace végétalisé sous verrière. Les courbes du garde-corps en lame de bois conduisent à l’étage. La mezzanine se fait plus intime, plus cosy.
Le décor soigné souligne l’architecture originelle et joue des contrastes entre l’ancien et le contemporain. Les matériaux nobles tomettes, pierre et bois confèrent à l’ensemble une élégance intemporelle. Les poétiques suspensions dorées, les notes bleues et le bar ultra-moderne convoquent le XXIème siècle. Des miroirs ouvragés ouvrent les perspectives. Affiches des années 1950 et tableaux à la gloire de l’histoire rouennaise remontent les horloges. Un piano mécanique joue tout seul. Le Café Hamlet participe à l’opération « À table avec Flaubert ». Il rend hommage à l’homme de lettres par des portraits signés Nadar disposés ici et là. Angélique Maillet-Lecourt, directrice du Café Hamlet, veille à la précision d’une chorégraphie affable, ballet entre service souriant, plats avenants et clients satisfaits.
Au Aître Saint-Maclou, le caractère exceptionnel du site engendre des contraintes spécifiques, notamment une alimentation en énergie limitée. Afin de parer à ses problématiques techniques, chef Gilles Tournadre a eu l’idée de recentrer la carte sur les plats froids. Il propose des variations snacking croisées aux préparations traditionnelles telles que les terrines. Cette cuisine de brasserie simplifiée décline un répertoire bistrotier sans céder à la routine. La réalisation impeccable ne manque pas de panache. Le chaleureux Café Hamlet revendique une convivialité bon enfant, sans nappe ni chichi, et propositions du jour à l’ardoise, en fonction du marché et des saisons.
Le cocktail du jour en cette fin d’été, Italicus Spritz - liqueur à la bergamote, eau pétillante, citron vert, prosecco - décline avec esprit les parfums de la côte amalfitaine. En entrées, la chiffonnade de melon, jambon de Bayonne et basilic se réveille sous un trait de balsamique tandis que le sashimi de saumon au gingembre et sa crème de riz file droit dans ses expressivités nippones. Les roses flamboyants de l’entrée du jour gravelax de saumon à la betterave et ses légumes croquants dialoguent sur une même palette chromatique avec le gaspacho de betteraves, fraises et coriandre, fraîcheurs contrastées.
Les plats voyagent, thématique estivale. Les Aubergines acidulées à la menthe et son caviar sur tartine lorgnent du côté de la Méditerranée et la généreuse salade César rêve d’Italie américanisée. Le tartare de bœuf version thaï, salade et pommes potatoes, succombe aux accents parfumés du gingembre et des épices douces. Les linguines pistou de basilic et parmesan trottinent gentiment sur des airs transalpins.
Déjeuner ou dîner, apéritif entre amis autour de planches de charcuteries et de fromages locaux, moments gourmands façon salon de thé, l’établissement s’adapte à tous les moments de la journée, à toutes les envies.
Café Hamlet
Aître Saint-Maclou
186 rue Martainville - Rouen
Tél : 02 35 00 46 27
Horaires : Du mardi au samedi de 9h à 23h - Dimanche de 9h à 19h - Fermé le lundi
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Enregistrer un commentaire