Marivaudage contemporain signé Emmanuel Mouret, « Chronique d’une liaison passagère » sonde les désordres amoureux au son de « La javanaise » chantée par Juliette Gréco, écrite par Serge Gainsbourg. Le réalisateur capture l’aventure de la rencontre, les instants où chacun s’ouvre à l’autre pour découvrir un univers inconnu. La relation épisodique originelle, initiée sur l’accord tacite de ne pas s’engager, se fait fugue. Les élans impromptus du cœur déploient leurs mystères. Emmanuel Mouret filme les douze semaines d’un adultère à travers les rencontres successives des deux protagonistes. La narration marquée par les ellipses, décomposée en instantanés hors sol, convoque le temps suspendu de la clandestinité, celui de la bulle amoureuse à l’écart des autres. Le flou du monde en arrière-plan bientôt se mue en vertige du quotidien.
Cette comédie romantique emprunte à l’expérience rohmérienne dans la finesse et l’abondance des dialogues. L’homme tranquille, un peu ennuyeux et la femme libre, franche, véritable bourrasque d’air frais trouve un équilibre précaire dans une fausse légèreté. Il se pose des questions, précautionneux, elle apprécie l’instant présent, rieuse. Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne forme un couple de comédie délicieux, contraste entre les deux personnages, la cinquantaine rayonnante. La vivacité de l’une, solaire et décomplexée, la maladresse de l’autre un peu en retrait, sa mauvaise conscience d’homme marié. Ils incarnent avec sensibilité l’évidente complicité de cette balade sentimentale.
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