Ailleurs : Maison Impressionniste Claude Monet Argenteuil, ancienne demeure du peintre, nouveau musée ludique et interactif - Inauguration à l'occasion des journées européennes du patrimoine le 17 et le 18 septembre 2022



La Maison Impressionniste Claude Monet (1840-1926) à Argenteuil, ancienne demeure de l’artiste devenue musée, ouvre ses portes au public à l’occasion des journées européennes du patrimoine le 17 et le 18 septembre 2022. Situé en face de la gare ferroviaire, le pavillon où réside la famille Monet de 1874 à 1878, est désormais occupé par un espace muséal intimiste qui explore les liens entre le peintre et la ville. Allures de chalet suisse, coquet volets verts, façade rose pale, la Maison Impressionniste Claude Monet évoque la présence du maître à Argenteuil à travers un parcours accessible à tous, sonore, interactif et numérique. Acquis par la ville en 2003, le pavillon a fait l’objet d’une vaste campagne de réhabilitation afin de répondre aux spécificités techniques requises par le projet de musée développé en 2019. Le parcours scénographique s’attache à retracer l’histoire personnelle de Claude Monet, lance des pistes de réflexion au sujet des techniques de l’artiste. Il interroge le regard porté sur les décors naturels de la ville, véritables sources d’inspiration, évocation en filigrane de l’évolution d’Argenteuil. Sous le pinceau de Monet, aux bords de Seine champêtres succèdent les marqueurs de l’urbanisation et de l’industrialisation, ponts, gares etc. Autant de mutations profondes qui fascinent le peintre de la modernité. Visite du nouveau musée sans oeuvres, Maison Impressionniste Claude Monet en compagnie de Stéphanie Feze, responsable de l’unité patrimoine et tourisme de la Ville d’Argenteuil. 








Sous le Second Empire, la ville d’Argenteuil aux portes de Paris devient lieu de villégiature grâce à l’ouverture de la gare ferroviaire en 1863. La desserte accentue le développement et l’attractivité du nouveau quartier. Monsieur Flament, charpentier et homme, se lance dans la spéculation immobilière. Le long de la voie ferrée, il construit une série de pavillons au cachet singulier. Fantaisie impromptue, il s’inspire des chalets de montagne et pare les façades d’éléments typiques, balconnets et lambrequins. 

A la suite de son exil à Londres et aux Pays-Bas durant le conflit franco-prussien, Claude Monet, de retour en France en 1871, s’établit avec son épouse Camille et leur fils Jean à Argenteuil. Ils y demeurent jusqu’en 1878. Au cours de cette période charnière d’une grande fécondité, Monet peint deux-cents-cinquante-neuf toiles parmi lesquelles cents-cinquante-six représentent Argenteuil. Il signe en 1872 l’oeuvre fondatrice « Impression, Soleil levant ».  Le 15 avril 1874, ouvre la Première exposition des peintres impressionnistes dans les ateliers de Nadar. En 1877, Monet réalise la série réalisée autour de la Gare Saint Lazare.

En décembre 1871, la famille emménage dans une première maison louée à Mme Aubry, à l’angle du boulevard Thiers désormais Karl Marx et de la rue Pierre-Guienne. Les Monet vivent alors depuis deux ans sur la dote de Camille. Les achats réguliers de Paul Durant-Ruel complètent le budget serré. A partir de 1873, le marchand d’art, lui-même dans une position délicate, est contraint de limiter ses acquisitions. Claude Monet rencontre alors des difficultés financières. Il se brouille avec Mme Aubry au sujet de loyers impayés. Son ami Edouard Manet lui trouve une nouvelle maison à proximité. Le peintre s’installe avec sa famille en 1874 au 21 boulevard Thiers, pavillon où se trouve désormais la Maison Impressionniste Claude Monet. La famille y demeure jusqu’en 1878 date à laquelle les problèmes d’argent les contraignent à réduire leur train de vie. Les Monet retournent un temps à Paris dans appartement rue d’Edimbourg. 







En 2003, la Ville d’Argenteuil préempte la maison du 21 boulevard Karl-Max pour la somme de 250 000 euros. La bâtisse fait l’objet en 2010 d’une série de rénovations partielles. La Mairie initie un projet plus ambitieux : transformer la maison en musée. En 2019, l’appel d’offre remporté par l’atelier d’architecture LACAA. Le budget 1,5 millions d’euros incluant l’achat de la maison est financé par une dotation d’Etat à hauteur de 600 000 euros, la Ville d’Argenteuil 400 000 euros, le département du Val d’Oise 100 000 euros, le Conseil régional 30 000 euros, le mécénat 50 000 euros. Le chantier perturbé par la crise sanitaire, la réception attendue en 2020 sera retardée de deux ans. 

L’architecte Loup d’Avezac de Castéra supervise la restructuration complète de l’édifice afin de l’adapter à sa nouvelle fonction tout en veillant à valoriser les qualités patrimoniales, préserver les éléments caractéristiques et les spécificités architecturales. Les tableaux de Claude Monet ont inspiré le projet afin de renforcer le sentiment général d’authenticité. Les détails de la façade tels que les volets verts de « Camille Monet dans le jardin à Argenteuil » (1876) appartiennent aux représentations picturales de l’artiste. La véranda disparue a été reconstruite selon les indications données par la toile « Femme assise dans le jardin » (1876) et le jardin d’hiver aménagé à l’avenant. L’actuel jardin réduit de moitié par le lotissement du fond de parcelle, s’étendait jusqu’à la rue de Diane. Sa composition reprend motifs et couleurs peints par Monet








Au cours de ces grandes transformations, l’architecte est confronté aux problématiques techniques propres à la réhabilitation d’une résidence privée en lieu destiné à recevoir du public. Il a fallu adapter la vocation muséale au gabarit d’un pavillon résidentiel. La contrainte majeure, l’exiguïté des espaces intérieurs, est devenue un atout grâce au développement d’une scénographie et d’un équipement spécifique. Mélinée Kambolo, scénographe de l’agence Abaque, s’est attachée à resituer l’oeuvre de Monet à travers la Ville d’Argenteuil. Chaque pièce marque une étape, un lieu, une thématique. En corrélation, l’agence Videmus a imaginé des solutions multimédias, des supports numériques interactifs. 

La reconstitution à l’identique de toute évidence impossible, les aménagements s’inscrivent dans une succession de partis pris pédagogiques et esthétiques. Propice à la déambulation, à la flânerie curieuse, la nouvelle institution recrée l’atmosphère d’une maison du XIXème siècle.  Chaque espace délimité par un code couleur emprunté à la palette chromatique impressionniste se consacre à une thématique. A défaut de meubles d’origine, le mobilier chiné en brocante et peint dans les tons idoines livre des secrets. Les visiteurs sont invités par une signalétique à manipuler les éléments, ouvrir les faux placards, les tiroirs des commodes. Derrière se trouvent des écrans, reproductions numériques sur caissons lumineux des toiles du maître dont la ville d’Argenteuil ne possède aucun tableau, projection de documents personnels, lettres manuscrites, vignettes variées.  







Au rez-de-chaussée, la première salle noue le lien entre Claude Monet et Argenteuil, première page d’un chapitre prolifique illustré par des reproductions numériques des tableaux. Dans une pièce annexe, un film ouvre le propos sur les autres artistes très présents à Argenteuil et dans la région, Renoir, Manet, Caillebotte, Sisley, Jongkind. Le département du Val d’Oise a développé une offre culturelle importante autour des peintres, tel que le musée Camille Pissarro à Pontoise, ou le parcours sur les traces de Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les différents espaces rendent compte des évolutions du paysage urbain en pleine période d’industrialisation. La salle dédiée au pont d’Argenteuil peint à sept reprises par Monet mentionne sa destruction au cours de la Seconde Guerre Mondiale, la violence des bombardements, la ville dévastée. Au lendemain du conflit, la nécessité de reconstruire rapidement confère à Argenteuil son visage actuel, si différent des tableaux de Monet.

Au dernier étage de la Maison Impressionniste, la reconstitution de bateau-atelier marque le clou du spectacle avec ses lampes marines, ses lambris concaves, courbes de la coque, hublots écrans numériques. Afin de travailler sur le motif, Claude Monet a transformé, lors de son séjour à Argenteuil, un bateau en atelier sur Seine. L’original conservé par la ville est reproduit au sein du musée pour mieux évoquer les tableaux réalisés au bord du fleuve, les régates, les scènes de nature. Le parcours s’achève avec le film retraçant le départ de la famille Monet en 1878. Claude Monet quitte Argenteuil pour Paris puis ce sera Vétheuil, Poissy et enfin Giverny.

Maison Impressionniste Claude Monet 
21 boulevard Karl Marx - 95100 Argenteuil 
Tél : 01 34 23 41 98
Horaires : Mercredi et samedi de 10h à 18h - Dimanche de 14h à 18h
Groupes sur réservation mardi, jeudi et vendredi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h30



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.