Cinéma : La dégustation, d'Ivan Calbérac - Avec Isabelle Carré, Bernard Campan

 

Hortense, sage-femme célibataire et sans enfant, mène une existence monotone. Chaque jour, elle rend visite à sa vieille mère acariâtre. Catholique, bénévole de la paroisse, elle vit sa foi en s’engageant auprès des autres. Elle s’investit beaucoup dans le milieu associatif qui oeuvre auprès des sans-abris. Régulièrement, elle aide à organiser des dîners pour eux. A l’occasion de l’une de ces soirées, elle se rend chez un caviste. L'irascible Jacques tient boutique dans un commerce où seuls viennent encore les habitués. Depuis son divorce, il a laissé son penchant pour la dive bouteille devenir au fil du temps quelque chose de moins gai, de plus grave. Drapé dans sa solitude, il ne voit plus grand monde, son vieux copain Guillaume, les rares clients. Son commerce rencontre des difficultés financières et périclite lentement. Son médecin lui ordonne de ralentir sur l’alcool. Mais Jacques demeure dans le déni et se refuse à prendre des résolutions. Jusqu’à l’accident, un malaise cardiaque. Il n’est alors plus en mesure de gérer la cave tout seul. Il embauche Steve, un jeune en réinsertion. Steve va jouer les entremetteurs entre Hortense et Jacques.







Ivan Calbérac signe une adaptation convaincante de sa propre pièce créée au Théâtre Renaissance en 2019. A cette occasion, il reprend une distribution originelle séduisante. Après leur expérience sur les planches, Isabelle Carré et Bernard Campan se retrouvent à l’écran, vingt ans après « Se souvenir des belles choses » de Zabou Breitman. Comédie populaire, « La dégustation » flirte volontiers avec le mélo, jouant des ressorts classiques, pour prendre la tangente. Dans cette histoire de deuxième chance à saisir, les bons sentiments s’effacent au profit de thématiques plus sombres qu’il n’y paraît au premier abord, l’addiction, le désir d’enfant, la PMA, le pardon, la transmission d’une passion, le deuil, l’amitié. 

Les dialogues ciselés, l’humour qui parfois se laisse allier curieusement à la grivoiserie, donnent consistance à la maladresse de Jacques et Hortense, leur timidité de personnages pas épargnés par la vie. A travers la rencontre de ces deux solitudes marquées par les drames, les accidents, le réalisateur donne à voir deux êtres qui s’apprivoisent. De leur complicité nait une nouvelle assurance. Ils apprennent à s’ouvrir aux autres, à communiquer, à laisser l’espoir s’immiscer. Générosité naturelle de l’une, sensibilité à fleur de peau sous des abords d’ours de l’autre, ensemble elle s’épanouit, nature joyeuse tandis qu’il trouve la force de confronter ses démons. 



Cette relation naissante est incarnée avec tendresse, la fraîcheur d’Isabelle Carré, la retenue pudique de Bernard Campan. Les personnages secondaires se révèlent tout aussi attachants, le naturel désarmant de Mounir Amamra dans le rôle de Steve, le bon pote séduisant Eric Viellard, le médecin qui a de l’humour Olivier Claverie. Malgré quelques clichés, une réalisation peut-être un peu trop lisse, il serait dommage de bouder son plaisir face à cette comédie romantique pleine de malice et de tendresse, de chaleur et d’humanité.

La dégustation, de Ivan Calbérac
Avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Mounir Amamra, Eric Viellard, Olivier Claverie, Geneviève Mnich
Sortie le 31 août 2022



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.