Etienne A., trente-et-un ans, travaille en horaires décalés dans le premier entrepôt d’Amazon en France à Saran dans le Loiret. Toutes les nuits, il prépare et expédie des milliers de colis. Divorcé de Lucie qui a épousé Lionel l’un des managers de la firme, père d’Antoine sept ans, il souffre de solitude, se désespère de cette vie rétrécie sans horizon. Etienne dort la journée, sommeil agité, troublé par les cauchemars de colis à empaqueter. Il fait ses courses chez Lidl. Rend visite à son père Léon dont la hanche le lance. Quand il garde son petit garçon, ils vont se promener sur le site abandonné du projet d’aérotrain, symbole des utopies oubliées, des rêves relégués. Etienne en pince pour sa collègue Sandrine mais il est trop timide pour se déclarer. Durant la nuit de Noël, il se confie enfin à elle, lui révèle ses sentiments, sa mélancolie et son désir d’évasion, de tout plaquer. Il lui vient alors l’idée de se glisser dans un carton en attendant d’être expédié ailleurs.
Le plateau encombré de cartons, de colis et au milieu un bout de tapis roulant, évoque le travail à la chaîne de ces nouveaux ouvriers. Les conditions de travail au sein d’Amazon, le géant mondial du e-commerce fondé par Jeff Bezos, ont souvent été dénoncées. Les techniques managériales de la firme américaine sujettes à controverses fixent un modèle d’organisation du travail implacable. Les pressions, les exigences pour tenir les objectifs irréalisables de livraison, voir les dépasser surtout en période de fêtes ne font qu’accroire la pénibilité de tâches dont la répétitivité seule serait un fardeau physique et psychologique terribles. Le système Amazon, ce sont des règles de sécurité enfreintes pour suivre les cadences infernales, le manque de bienveillance et d’humanité, l’obsession de la rentabilité au détriment de la santé des salariés.
Seul sur scène, Nicolas Schmitt, incarnation sensible, se glisse tour à tour dans la peau de tous les personnages. Nuances, émotion, intensité, par sa belle présence scénique et la justesse du propos, il transmet les émotions, éclaire ces figures tristes sous un jour nouveau.
« Etienne A. » interroge la société, l’organisation de la précarité des salariés pauvres, la réalité du monde du travail. La pièce dit l’isolement, le désarroi et la monotonie, le renoncement, les jobs d’appoint. Les existences tristes évoquées reflètent le drame ordinaire de la condition humaine moderne. Le spectacle engagé fait rire aussi, avec tendresse, s’accroche aux lueurs d’espoir, à la candeur préservée.
Etienne AEcrit et mis en scène par Florian Pâque
Avec Nicolas Schmitt
Jusqu’au 30 avril 2022
A 19h30 le vendredi, le samedi et le dimanche
Salle la Piccola Scala
La Scala Paris
13 boulevard de Strasbourg - Paris 10
Résa : 01 40 03 44 30, du mardi au vendredi de 14h à 17h
lascala.com
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