Cinéma : House of Gucci, de Ridley Scott - Avec Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jeremy Irons, Jared Leto

 

Le 27 mars 1995, Maurizio Gucci, dirigeant de la prestigieuse maison de mode fondée par son grand-père, est assassiné devant le siège de l’entreprise, criblé de balles par un tueur à gage. Son ex-épouse Patrizia Reggiani sera désignée comme commanditaire à la suite d’un procès retentissant. Au début des années 1970, Patrizia Reggiani, jeune femme ambitieuse, se contente de jouer les secrétaires pour son père qui dirige une société de transport. A l’occasion d’une soirée, elle croise Maurizio Gucci, alors étudiant en droit, héritier du célèbre empire. Patrizia décide de provoquer le destin et fait en sorte de se placer à nouveau sur son chemin. Malgré leurs personnalités opposées, elle séduit Maurizio. Le jeune homme décide la présenter à son père Rodolfo, le styliste historique de la maison Gucci désormais retraité qui vit retiré du monde. Cloîtré dans sa misanthropie, celui-ci s’oppose fermement à leur relation. Maurizio épouse néanmoins Patrizia. Le couple se rapproche d’Aldo, le frère de Rodolfo, l’homme d’affaires du clan Gucci qui les accueille au sein de l’entreprise à ses côtés. Paolo, son fils, nouveau designer sans talent se persuadé d’être un génie, voit d’un mauvais œil l’intrusion de ces deux-là. Patrizia, infiltrée dans cette organisation patriarcale, travaille à l’avènement de Maurizio au détriment des autres membres de la famille. Mais si elle tire les ficelles, elle est condamnée à rester dans l’ombre de son mari lequel peu à peu se déniaise. La vieille garde et les jeunes prétendants au trône s’affrontent en querelles intestines, pour imposer une vision et des objectifs qui ne se rejoignent que sur la question de l’argent.







Second film de l’année pour le réalisateur Ridley Scott, « House of Gucci » assume sa dimension soap opera sur grand écran qui prouve que la vie réelle sera toujours la plus romanesque. Le récit rocambolesque, histoire vraie infusée de fiction, retrouve chair et passion à travers les éléments inventés. Grandeur et décadence de la maison Gucci, cette ambitieuse saga familiale dans l’univers de la mode satisfait les appétits coupables pour les faits-divers sanglants et le scandale, les affaires criminelles crapuleuses. Le film combine tous les ingrédients alléchants nécessaires, ambition, luxe, argent, compromission, meurtre. 

Ridley Scott s’empare des flamboyantes années 1980. Il imagine une esthétique accrocheuse inspirée de la publicité de cette époque, sans renier une dimension provocatrice. Les partis pris plastiques contrastent avec une réalisation qui se révèle plus académique, peut-être pour rester dans le ton de l’époque. La démesure des années fric, le mauvais goût, le tape-à-l’œil trouvent à s’exprimer dans le baroque réjouissant des décors, des costumes, du maquillage et des coiffures. La bande son pop rock et disco, Donna Summer, Blondie, Eurythmics, donne une furieuse envie de se lancer sur la piste de danse.



Au-delà d’un destin de couple et d’une irrésistible ascension avant la chute, cette tragédie en trois mouvements, raconte une femme de tête empêchée par la société patriarcale. Tour à tour sulfureuse ou sincère, l’ambivalente Patrizia, interprétée par une formidable Lady Gaga, apparaît tout d’abord comme une croqueuse de diamants vénale. Arriviste machiavélique animée par une soif de pouvoir inextinguible, elle tisse sa toile au cœur de l’empire Gucci. Mais son histoire demeure avant tout le drame d’une redoutable femme d’affaires privée de son véritable statut et d’une reconnaissance confisquée par son époux. Au final, Patrizia est aussi la femme amoureuse, bafouée, rejetée, trahie. 

Le film repose sur le prestige d’une distribution de haute volée et livre quelques performances d’acteurs savoureuses, Al Pacino et Jeremy Irons les vieux lions sont impeccables, le duo Lady Gaga / Adam Driver, Patrizia / Maurizio fonctionne à merveille. Seul bémol, Jared Leto, grimé et improbable, cabotine.  

Développé en trois actes inégaux, arc narratif parfois confus, « House of Gucci » réserve quelques longueurs mais demeure un divertissement rutilant des plus appréciables pour qui aime la mode et les true crimes ! 

House of Gucci, de Ridley Scott
Avec Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jared Leto, Jeremy Irons, Jack Huston, Salma Hayek, Camille Cottin
Sortie le 24 novembre 2021



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.