Expo : Tadjikistan, au pays des fleuves d’or - Musée national des arts asiatiques - Guimet - Jusqu'au 10 janvier 2022



Au carrefour des mondes depuis la haute antiquité, le Tadjikistan bénéficie d’une situation stratégique, au croisement des routes commerciales et des voies de conquête. Pays de transition entre l’Occident, le Moyen-Orient, les steppes d’Asie Centrale et le sous-continent indien, ce territoire métissé a longtemps joué un rôle central au cœur des réseaux. Dès le IIème siècle av. JC, trois des cinq routes de la soie empruntent les voies qui cheminent à travers les vallées du Tadjikistan. Cette enclave de convergence a donné naissance à une civilisation foisonnante, fruit d’un syncrétisme vibrant. La profusion des sites archéologiques dont certains sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco illustre la richesse d’un creuset culturel unique. L’exposition « Tadjikistan, au pays des fleuves d’or », véritable ambassade, consacre huit années de collaboration entre les équipes du musée national des Antiquités du Tadjikistan et celles du musée Guimet. Il s’agit du premier événement d’envergure internationale en Occident consacré à la culture de ce tout jeune pays à l’histoire millénaire, devenu une république en 1991 à la suite de la dissolution de l’Union soviétique. De l’âge de bronze jusqu’au VIIIème siècle qui marque la diffusion de l’Islam et l’avènement de la dynastie des Samanides, l’exposition chronologique réunit près de deux-cents artefacts, témoignages précieux, trésors de la Bactriane, de la Sogdiane. Les prêts exceptionnels des musées de Douchanbé, ainsi qu’une partie du « Trésor d’Oxus » conservé au British Museum de Londres éclairent la profusion des influences successives, la virtuosité des artisans et la vitalité culturelle de ce territoire.











Entouré de chaînes montagneuses qui culminent à six-mille mètres d’altitude, le Tadjikistan puise son identité dans un environnement exceptionnel. Dès l’âge de Bronze, la richesse des sols, étain, rubis, lapis-lazuli, assure la prospérité d’une contrée qui possède également au nord et au sud, deux rivières aurifères l’Amou-Daria l’antique Oxus, et son affluent le Zeravchan « le dispensateur d’or ». Ces ressources naturelles initient la propagation d’un savoir-faire métallurgique unique, art des alliages, forge de puissantes armes de guerre et développement de la ferronnerie précieuse.

Dans l’ombre de ses voisins, la Chine, l’Afghanistan et l’Ouzbékistan, le Tadjikistan moderne se distingue par sa discrétion. Fil rouge nécessaire de l’exposition « Tadjikistan, au pays des fleuves d’or », cartes et repères chronologiques ponctuent un parcours qui s’étend sur plusieurs millénaires d’histoire. La scénographie souligne l’alternance des influences, autant de périodes incarnées par les sites archéologiques, la succession des obédiences, le bouddhisme, le zoroastrisme puis l’Islam, l’évolution des régimes politiques.

Les musées de Douchanbé ont envoyé en émissaires, les trésors de la vallée du Wakhan, les splendeurs du site archéologique de Sarazm. Le luxe des artéfacts produits par l’empire des Perses Achéménides, au VIème siècle av. JC, venus combattre les nomades Sakas, les mythiques Scythes côtoient les splendeurs forgées par ces peuplades des steppes, sculptures animalières, zébu, bouquetin, mouflon, témoignages d’un savoir-faire de la vallée d’Isfara.  












L’antique Bactriane, région à cheval sur les États actuels d'Afghanistan, du Tadjikistan, et de l'Ouzbékistan, située entre les montagnes de l'Hindou Kouch et le fleuve Amou-Daria a été l’une des grandes satrapies de la monarchie perse. Conquise par Alexandre le Grand au IVème siècle av. JC, il en confie la gouvernance à l’un de ses Diadoques, l’un de ses généraux. Séleucos Ier fonde la dynastie des Séleucides, dont le règne s’étend de la fin du IVème au Ier siècle av. JC. Au Musée Guimet, une salle consacrée à l’héritage de l’art hellénistique met en lumière la perpétuation de ce patrimoine au-delà de la chute du pouvoir grec. 

Pièces de monnaie d’or, d’argent, de bronze utilisées par les populations hellénisées, rendent compte de ce métissage gréco-bactrien. Au sud du Tadjikistan actuel au nord de l’antique Bactriane, la citadelle de Takht-i-Sangi « le trône de pierre » et les vestiges du temple de l’Oxus dédié au dieu des eaux et de la fertilité, ont révélé des milliers d’objets de terre crue, d’ivoire, d’or et de métaux variés.

Les routes de la soie relient le Proche Orient à la Chine à travers le pays des Sogdiens, surnommés les Phéniciens de l’Asie Centrale. Les marchands et les artisans emportent dans leurs cargaisons, biens précieux et savoir-faire. La tradition du travail de la soie se transmet tandis que l’influence des productions chinoises destinées à une clientèle sogdienne aisée impose une nouvelle esthétique. Une série de mingqi, des chameaux de Bactriane en terre cuite des VIème et VIIème siècles, atteste de la présence sogdienne en Chine et de l’intrication des motifs artistiques.









A l’est du Tadjikistan, les monastères d’Adjina Tepa et de Hisht Tepa, sites majeurs du VIIème et VIIIème siècles, témoignent d’une pratique religieuse introduite par les moines nomades cheminant sur les routes commerciales. Temples en terre crue, statues, têtes de Bouddha, fresques, illustrent l’ampleur des rites bouddhistes dans la région.

L’Islam se diffuse au Tadjikistan à partir du VIIIème siècle. Entre 819 et 1005, la dynastie iranienne des Samanides dont la capitale est Boukhara, établit un émirat persanophone, racines du Tadjikistan actuel. Les vestiges des opulentes villes Hulbuk et Sayod entretiennent la mémoire de ce riche passé de création artistique et de brassage culturel.

Tadjikistan, au pays des fleuves d’or
Jusqu’au 10 janvier 2022

6 place d’Iéna - Paris 16
Tél : 01 56 52 54 33
Horaires : Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.