« Psychédélices », l’une des deux expositions développées au MIAM à l’occasion des vingt ans du musée, réunit les œuvres d’une quarantaine d’artistes. Leur travail rend compte de l’influence du mouvement psychédélique sur la production picturale française. Les commissaires d’exposition, Barnabé Mons et Pascal Saumade ont imaginé un parcours, kaléidoscope coloré, furieusement pop, délicieusement baroque, qui exprime la variété des « expériences visionnaires en France ». Les recherches plastiques conduites à travers des expériences psychiques, mystiques, chimiques assument pleinement un certain kitsch jubilatoire, le « mauvais goût », les délires joyeux d’une mythologie formelle devenue collective. Au MIAM, l’exposition souligne l’importance du mouvement psychédélique dans l’histoire de l’art moderne. L’ensemble rassemblé grâce à des prêts exceptionnels, collectionneurs privés et institutions éclaire la démarche de ces plasticiens, empreinte de spiritualité. Les artistes psychédéliques donnent à voir le résultat de leurs introspections, flamboyant, drôle, décalé, érotique. Les couleurs saturées et les teintes acidulées illuminent un foisonnement de formes, cercles concentriques, enchevêtrements de courbes sinueuses, comme autant d’expressions plastiques de leurs expérimentations sensorielles. Ils représentent le processus des perceptions modifiées par la méditation, l’hypnose ou les psychotropes. L’exposition du MIAM propose un panorama contrasté, réjouissant et joyeusement foutraque. Les registres et les modes d’expression se croisent dans un mouvement englobant arts populaires, art brut, publicité, graphisme, arts folkloriques. Une perception étendue de la notion d’art, une démarche inclusive propre à cette institution sétoise.
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Expo Ailleurs : Psychédélices - MIAM musée international des arts modestes - Jusqu'au 9 janvier 2022 - Sète
By La Rédaction At octobre 13, 2021 0
Courant de la contre-culture né en Californie dans les années 1960, le mouvement psychédélique emprunte son nom au terme imaginé en 1957 dans la correspondance épistolaire entre l’écrivain Aldous Huxley et le psychiatre Humphrey Osmond. Du grec « psyché » l’âme et « delein » visible, clair, le psychédélisme se veut un révélateur de l’esprit humain, une démarche exploratoire des différents niveaux de la conscience. Les transes, l’extase induites par des pratiques de méditation ou la consommation de substances aux effets hallucinatoires ouvrent des portes vers des réalités parallèles. Les artistes donnent à voir ces expériences oniriques, de rêves éveillés, territoires inconnus.
Le psychédélisme se répand dans la littérature avec les écrivains de la Beat Generation, le cinéma, la bande-dessinée et trouve un essor particulier sur la scène picturale et musicale. Le graphisme psychédélique trouve une parenté directe dans l’esthétique développée au cœur du surréalisme, du pop art, de l’op art ou bien encore des mandalas indiens. Ce courant utopique associé au mouvement hippie, célébrant sens et conscience, revendique des idéaux libertaires, une spiritualité marquée par la non-violence. Par le rejet des conventions sociales, il remet en question les institutions, les valeurs traditionnelles, enjoint à la transgression des codes qui va mener notamment à la révolution sexuelle.
En expérimentant d’autres champs d’existence, le courant suggère une ouverture aux autres cultures et développe une sensibilité aux philosophies orientales. Le militantisme politique prend forme dans les mouvements de protestation pacifique contre la guerre du Vietnam, ainsi que l’engagement pour le mouvement des droits civiques auprès des Africains-Américains. La dénonciation du consumérisme, du mode de vie matérialiste néo-libéral mène à un propos célébrant le retour à la terre, un développement de la sensibilité écologique.
Dans un contexte artistique et spirituel particulier, les expériences sont souvent associées à l’usage de drogues. Le psychédélisme connaît son apogée fin des années 1960 avec l’émergence du rock psychédélique. Les créations graphiques qui accompagnent cette musique, affiches de concert, pochettes de disque, diffusent largement une esthétique psychédélique. Le rock, The Doors, Pink Floyd, Grateful Dead, Janis Joplin, Jimi Hendrix, la pop, The Beatles, The Kinks, The Beach Boys, jusqu’à nos jours le trip hop, Massive Attack, Wax Tailor, participent de cette propagation.
Le mouvement perd de l’ampleur au début des années 1980. Le regain d’intérêt actuel replace au centre de l’actualité des artistes qui désormais revendiquent leur appartenance au psychédélisme sans pour autant s’associer à la consommation de substances hallucinogènes.
Les artistes représentés au MIAM : 10KR ÖS, Jean-Claude Appelgam, Captain Cavern, Philippe Caza, André Cervera, Chicken, Olivia Clavel, Robert Combas, Cosentino Christophe, Henri Cueco, Elke, Daemmrich, Brigitte Delpech, Renaud Desmazières, Nicolas Devil, Charles Duits, Jean-Claude Forest, Pierre Guitton, Jurictus, Julio Le Parc, Arnaud Loumeau, Robert Malaval, Jean-Louis Martire, Henri Michaux, Jacques Noël, Frédéric Pardo, Fred Perimon, Kiki Picasso, Pooley, Jacques Pyon, Hervé Di Rosa, Sam Rictus, Ody Saban, SergeX, Joseph Sima, Jean-Pierre Verdier, Christophe Vilar, Mark Willis.
Psychédélices
Jusqu’au 9 janvier 2022
MIAM, musée international des arts modestes
23 quai du Maréchal de Lattre de Tassigny - 34200 Sète
Tél : 33 (0) 4 99 04 76 44
Horaires :
- 1er avril - 30 septembre :
Tous les jours de 9h30h à 19h00
Visites guidées du lundi au vendredi à 14h30 et à 16h00, groupes sur réservation
- 1er octobre - 31 mars :
Tous les jours sauf lundi de 9h30 à 12h et de 14h à 18h
Visites guidées (minimum 10 personnes) sur réservation
- Fermetures annuelles :
1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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