Ailleurs : Chapelle protestante de Martigny, collection remarquable de vitraux signés Hans Erni, hommage émouvant à Annette Gianadda - Suisse

 

La chapelle protestante de Martigny, propriété de l’église réformée évangélique du Valais, a entamé sa transformation à l’occasion d’une campagne de rénovation entreprise par la communauté locale en 2011. Léonard Gianadda, ingénieur civil et promoteur immobilier, créateur de la Fondation Pierre Gianadda, grand mécène de la ville de Martigny, et son épouse Annette décident à cette occasion d’offrir un vitrail au temple. Léonard Gianadda demande le concours de son ami personnel, le peintre et plasticien Hans Erni (1909-2015), figure majeure des arts en Suisse, alors âgé de cent-deux ans. Si le projet initial, prévoit un vitrail unique, il est rapidement question de trois, puis douze et enfin dix-sept œuvres qui forment une collection unique, réalisée en trois temps distincts. Les œuvres figuratives d’Hans Erni, dont la rigueur graphique emprunte à sa formation technique originelle, embrassent la force du mouvement et la vibration de la couleur. Les images universelles créées pour le temple réformé de Martigny s’ouvrent aux interprétations, message humaniste accessible à tous. 










Le couple Gianadda a conçu un attachement particulier à la chapelle protestante de Martigny, lieu dont l’histoire résonne singulièrement avec leur destin personnel. Le temple réformé a été édifié entre 1931 et 1932 sous la direction de l'architecte Charles-Albert Coppey, par Baptiste Gianadda, grand-père et parrain de Léonard Gianadda. A l’époque, cette construction fait l’objet de tractations tendues avec les autorités fédérales. L’obédience calviniste, interdite depuis le début du XVIIème siècle après une décision de la Diète valaisanne, n’a connu un renouveau en Valais qu’au moment de l'entrée de ce canton dans la Confédération suisse en 1815. Pourtant, elle n’est reconnue officiellement qu’en 1975. 

Léonard Gianadda, catholique, et Annette, de confession protestante, se rencontrent à la fin des années 1950. Lorsqu’ils décident de se marier, ils font face au refus de l’église catholique locale de bénir leur union. En 1961, ils sont contraints d’organiser la cérémonie religieuse dans le canton de Vaud. Jusqu’à la fin de sa vie, Annette Gianadda, disparu le 8 décembre 2011, a fréquenté le temple de Martigny où elle trouvait paix et recueillement. 

A l’occasion de la restauration de cette chapelle, Léonard Gianadda propose à Hans Erni (1909-2015) de créer le vitrail qu’il souhaite offrir à la paroisse. Le pasteur Pierre de Boismorand et le conseil de la paroisse suggèrent une quinzaine de thème, des scènes bibliques marquantes. Inspiré par le lieu, l’artiste imagine trois alternatives marquées par l’expressivité vibrante d’un langage plastique distinctif. Les trois propositions suscitent un enthousiasme égal. Impossible de faire un choix. Léonard Gianadda, mécène généreux, décide d’offrir les trois vitraux.









La réalisation des panneaux est confiée à l'atelier Simon-Marq à Reims. Le choix des teintes et le traçage des lignes de plomb tend à transposer au plus juste les esquisses et cartons pensées par Hans Erni. Les pièces de verre fabriquées, soufflées et colorées au sein la verrerie Saint-Juste-sur-Loire sont retaillées, montées, peintes et retouchées avant d’être cuites à six-cents degrés et de révéler leurs nuances définitives. 

Les trois vitraux sont inaugurés en présence de l’artiste et de la famille Gianadda le 8 janvier 2012, en souvenir d’Annette Gianadda qui s’est éteinte un mois plus tôt. Le plasticien peint avec la lumière, fluidité des formes et puissance de la couleur. Ses créations in sitù, séries spécifiques successives, trouvent une cohérence du récit dans la concrétisation chronologique des panneaux de verre.

Afin de rendre hommage à son épouse, Léonard Gianadda offre quatre nouveaux vitraux destinés au chœur de la chapelle puis complétant les douze baies de la chapelle encore cinq créations destinées à orner les fenêtres à l’arrière de l’édifice. Hans Erni fait don des cartons et maquettes. L’artiste signe une dédicace, le quinze octobre 2013 : "Comme symbole d’amitié pour ma chère amie Annette, j’ai essayé d’exprimer dans les dix-sept vitraux de la chapelle protestante de Martigny une atmosphère de paix et de réflexion profonde." Les cinq derniers vitraux sont posés en 2014 sur la tribune de l’orgue et l’ensemble complet est officiellement inauguré le 16 mars 2014. 

Dans le prolongement de cette première initiative, Léonard Gianadda a poursuivi son oeuvre philanthrope en offrant à la chapelle catholique de la Bâtiaz de nouveaux vitraux. Bienfaisance œcuménique.

Chapelle protestante de Martigny
3A rue d’Oche - 1920 Martigny - Suisse

Paroisse protestante du Coude du Rhône Martigny-Saxon
Tél : +41 78 654 26 48



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.