Ailleurs : Amphithéâtre romain de Martigny en Suisse, vestige de la cité antique de Forum Claudii Vallensium

 

L’amphithéâtre romain, patrimoine familier et symbole fort du passé de la cité, est le seul vestige antique à Martigny demeuré apparent au fil des siècle. Contrairement au mithraeum, sanctuaire dévolu au culte du dieu Mithra, particulièrement populaire auprès des soldats, ou bien au téménos temple d’époque celte, ou encore au tepidarium vestiges des thermes romains, ainsi que la domus demeure de notables du IIème siècle, l’arène est restée visible et accessible jusqu'à nos jours. Malgré ses dimensions relativement modestes - 75,50 mètres dans le grand axe pour 63,70 mètres dans le petit axe - cette construction témoigne de l’importance de la ville romaine de, Forum Claudii Vallensium en Germanie Supérieure. Elle est fondée vers 47 par l’empereur Claude dans le voisinage direct de l’ancien oppidum celte d’Octodure, sur l’axe majeur reliant Rome à la Gaule et à l’Angleterre. Au temps de sa gloire, l’amphithéâtre de la capitale de la Civitas Vallensium accueille jusqu’à cinq mille spectateurs. Pourtant la ville et son amphithéâtre sont peu à peu abandonnés à la fin du IVème siècle au profit de Sion, qui devient le siège épiscopal de la région au VIème siècle. Dans le canton suisse du Valais, la ville moderne de Martigny digne héritière d’Octodure, perpétue le souvenir des fastes de la période romaine. Redécouverts à l’occasion de fouilles archéologiques ou par hasard lors de la construction d’immeubles, de nombreux édifices antiques, publics et privés, confèrent à Martigny une atmosphère toute particulière. 









Les premières fouilles archéologiques entreprises à Martigny datent de 1883. L’amphithéâtre suscite néanmoins un intérêt scientifique tardif, son bon état de conservation jouant paradoxalement contre lui. Le monument, si familier qu’il en paraîtrait presque anodin, ne révèle pas encore ses secrets. Il demeure mal connu jusqu’en 1978, date à laquelle la Confédération suisse s’en porte acquéreur. Son exploration systématique puis sa restauration menées sous la houlette de l’archéologue du canton du Valais, François Wiblé, éclairent cet important vestige sous un jour nouveau. L’amphithéâtre romain de Martigny est construit au IIème siècle sur l’emplacement d’une ancienne nécropole à incinération au pied du Mont Chemin. Il s’élève alors à l’extrémité de la cité Forum Claudii Vallensium, où la faible urbanisation permet de mettre en place les infrastructures nécessaires aux jeux du cirque, tels que les enclos pour les animaux ou les geôles destinées aux prisonniers condamnés à descendre dans l’arène.  

L’amphithéâtre est conçu sur le modèle dit "massif", en assises superposées de soixante centimètres de hauteur. Les gradins reposent directement sur un remblai de terre en pente. Des alluvions, gravas issus du creusement de l’arène, constituent le talus de la cavea. Les murs principaux particulièrement étroits, à peine quatre-vingt-dix centimètres d’épaisseur, soit trois pieds romains, sont élevés en maçonnerie de schiste et de tuf roches caractéristiques du Mont Chemin. Cette composition particulière a entraîné au cours des siècles un glissement au niveau des assises, du fait de la poussée du talus endommageant les murs.

Le monument originel ne prévoit pas d’infrastructures de type couloirs, escaliers. Ajoutées postérieurement afin de faciliter l’accès des spectateurs aux places assises, les rampes extérieures aboutissent au sommet des gradins qui forment un promenoir. Côté sud est, le pulvinar, tribune d’honneur, s’assoit sur la voûte d’un carcer, cachot où étaient maintenus les prisonniers en attente. En vis-à-vis symétrique, se trouve un deuxième carcer voûté. Les deux autres carceres ouverts sur l’arène, sans voûte, sont plus récents. Au nord-est se trouve le parc pour les bêtes et la rampe d’accès principale.










Du fait de son état de conservation remarquable, l’amphithéâtre romain de Martigny accueille des évènements culturels, de nombreux concerts mais également à l’occasion de la Foire du Valais, les traditionnels combats de reines entre vaches d’Hérens. Récemment, les gradins d’origine en bois, par nature provisoires, étaient devenus impraticables. La générosité du grand mécène de la ville, Léonard Gianadda, créateur de la Fondation Pierre Gianadda, institution culturelle privée, a permis d’offrir une nouvelle structure d’assise à l’amphithéâtre. Le chantier d’envergure a été mené en un temps record entre le printemps 2020 et décembre de la même année sous la direction de l’archéologue Thomas Hufschmid, expert fédéral. La vocation affichée d’une intervention moderne dans le cadre d’un monument antique, propriété de la Confédération suisse et classé d’importance nationale, a obtenu l’aval des instances fédérales, la validation du Service cantonal Valaisan des monuments historiques, ainsi que l’accord de la Municipalité de Martigny. 

Le projet ambitieux n’a pas cherché à reproduire la configuration antique mais plutôt à l’interpréter de façon contemporaine. Une structure inédite composée de de deux-cent-vingt éléments préfabriqués en béton a été créée. Les modules conçus sur mesure ont été ensuite posés au-dessus des vestiges sans les altérer. L’installation réversible et démontable facilement valoriser le site, le rendre le rendre accueillant pour le public de sorte à pouvoir développer les événements, tout en préservant le patrimoine. Désormais, l’amphithéâtre de Martigny offre une capacité de deux-mille spectateurs.  

Hommage à la cité romaine, Léonard Gianadda a offert à la ville, trois statues, copies en bronze de sculptures antiques représentant Jules César, Auguste et Claude. Ces figures importantes de l’histoire de Martigny ont été installées devant l’amphithéâtre rénové, décor parachevé avec munificence. 

Amphithéâtre romain de Martigny
10 rue d’Oche - Martigny - Suisse

Office de Tourisme de Martigny
Avenue de la Gare 6 - 1920 Martigny - Suisse
Tél : +41 27 720 49 49
Horaires : Du lundi au mardi de 9h00 à 18h30 - le samedi de 9h00 à 17h00 - Dimanche et jours fériés de 9h00 à 14h00



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.