« Azulejo géométrique », ensemble de fresques colorées signé de l’artiste portugais Manuel Cargaleiro, habille de carreaux de faïence, peints selon la technique de l’azulejo, la station de métro Champs-Elysées-Clemenceau. Cette création singulière a été réalisée dans le cadre du programme d’échanges culturels mis en place par la RATP et ses pairs internationaux. « Azulejo géométrique » célèbre l’amitié franco-portugaise. En 1995, une édition contemporaine d’un édicule Guimard, entourage Art Nouveau conçu en 1900, offerte au Metropolitano de Lisboa. Cette icône parisienne trône désormais à l’entrée de la station Picoa devant le siège social de la société de transport public lisboète. En retour, le peintre et céramiste Manuel Cargaleiro a créé le décor de la station Champs-Elysées-Clemenceau, celui de la salle d’accès ainsi que les couloirs principaux. Intervention murale en azulejos, ce décor foisonnant se compose d’élégantes formes géométriques, alternant les carreaux peints et des éléments en relief blancs ton sur ton, losanges, cercles, carrés.
La présence d’œuvres d’art au cœur même des installations du métro parisien réenchante le quotidien. Sans ces petites touches de poésie, subtilement distillés, ces espaces ne vivraient que par leur fonction. La culture lusitanienne apporte par le biais de ces azulejos chamarrés un peu du soleil qui manque à Paris. L’azulajeria, art décoratif traditionnel au Portugal, dérive de l’héritage mauresque. Le mot azulejo vient de l’arabe « azzulaï », petite pierre polie. La jolie coïncidence veut que cet artisanat soit caractérisé dans sa version la plus iconique par la combinaison du blanc et du bleu, azul en portugais. Il se développe en Andalousie à partir du XVème siècle pour atteindre son apogée au XVIIIème siècle au Portugal. Au XIXème siècle, la production industrielle diversifie la palette chromatique tout en rendant plus accessibles les précieux carreaux.
Le métro de Lisbonne inauguré en 1959 a investi dès ses origines sur un programme décoratif soigné, embrassant pleinement la dimension esthétique des stations. Des artistes sont intervenus afin de réaliser les nombreuses fresques peintes selon la technique de l’azulejo qui ornent les quatre lignes actuelles. Ces créations éclairent la tradition nouvelle des azulejos géométriques, fruits du courant moderniste des années 1950. En reprenant le modèle, l’intégralité des murs du niveau d’accès de la station parisienne ont été pavés de carreaux peints. Déployée à travers ce lieu anonyme fréquenté chaque jour par 15 000 usagers, l’oeuvre confère un peu de gaieté. Les classiques parallélépipèdes blancs ont laissé la place aux ensembles colorés de Manuel Cargaleiro.
Né en 1927, cet artiste a très tôt développé une goût pour l’expérimentation et le renouvellement. Peinture, dessin, gravure, tapisserie et céramique, il explore les supports et les arts à travers une œuvre complexe et multiple. Influencé dans sa jeunesse par l’Ecole de Paris, Robert Delaunay, Max Ernst, Victor Vasarely ou Paul Klee, il développe une fascination pour les modules géométriques, les couleurs primaires, préoccupé par la traduction du mouvement.
Par le biais des panneaux de céramique, il aborde l’art de l’azulejo en peintre. La palette de formes, le foisonnement des compositions peintes à main levé directement sur la faïence convoque un vocabulaire plastique très personnel. Ses grandes réalisations murales polychromes ornent de nombreux lieux publics comme le jardin municipal d’Almada, façade de l’institut franco-portugais de Lisbonne, station-service à Obidos sur l’autoroute de l’Atlantique et station de métro Colégio Militar à Lisbonne.
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