Paris : Ryaba la poule, un vitrail signé Ivan Loubennikov - Station Madeleine Ligne 14 - IXème



La Poule Ryaba, gallinacé magique du folklore russe, cousine de notre poule aux œufs d’or, est le motif principal d’un vitrail monumental, oeuvre du plasticien Ivan Loubennikov. Inauguré le 26 mars 2009, il éclaire de ses couleurs vives la mezzanine d’accès aux quais de la station Madeleine sur la ligne 14. Ce cadeau offert à Paris par Moscou a été réalisé dans le cadre des échanges internationaux de la RATP avec ses pairs étrangers notamment les réseaux des transports en commun de Lisbonne, Chicago, Montréal, Mexico. La politique culturelle menée depuis une quinzaine d’années a permis de faire don aux villes partenaires d’éléments iconiques du métro parisien, les célèbres édicules Art Nouveau imaginés par Hector Guimard. Celui de Moscou a été établi en 2007 à l'entrée de la station Kievskaïa de la ligne Koltsevaïa. En remerciement, Paris a reçu des œuvres d’artistes contemporains qui ornent désormais les stations dans la tradition artistique du métro parisien. 







Pour le vitrail de la Madeleine, Ivan Loubennikov, féru de figuration métaphorique, combine les éléments de verre façon patchwork. Il associe les symboles de la Russie impériale et de l’Union Soviétique. La faucille et le marteau côtoient une croix orthodoxe. L’aigle impérial et l’étoile rouge se rapprochent. Les traditionnels clochers à bulbe des églises russes voisinent l’horloge de la tour Spasskaïa du Kremlin.

La poule Ryaba des contes populaires est l’héroïne d’une comptine douce-amère connue de tous les enfants de Russie. Elle est retranscrite en français et en russe des deux côtés du vitrail.  

Il était une fois un vieil homme et sa femme
Ils avaient une petite poule du nom de Ryaba
Un jour, elle pondit un oeuf extraordinaire : tout en or
Le vieil homme tenta de le casser : “Toc-toc !”… Rien à faire !
Sa femme tenta de le casser : “Toc-toc !”… Rien à faire !
Une petite souris qui passait par là fit tomber l’œuf et le brisa
Le vieil homme se mit à pleurer. Sa femme aussi.
Alors la petite poule dit : ne pleure pas grand-père, ne pleure pas grand-mère
J’en pondrai à nouveau, mais pas en or…

Le vitrail est constitué de vingt panneaux de verre fondus dans les ateliers de la ville de Gous-Khroustalny, fameuse pour sa verrerie fondée en 1756. L’oeuvre représente une surface de 40m2. L’oeuf de métal doré pèserait à lui seul pas moins de 80kg.








 Ivan Loubennikov, peintre, sculpteur, architecte, s’inspire à la fois de la culture populaire et de l’histoire de l’art, des contes et des grands auteurs classiques. Né à Minsk en 1951, il est profondément marqué par son enfance en Sibérie. Il développe un imaginaire empreint de nature sauvage aux paysages indomptés. A l’âge de quatorze ans, il rejoint Moscou pour poursuivre ses études. Il est diplômé en 1976 de l’Institut d'État académique des Beaux-Arts Sourikov à Moscou dans la section art monumental. Jusqu’au début des années 1990, il se consacre essentiellement à la réalisation de fresques murales en Russie, mais également en Italie ou encore à Chypre. A la fin des années 1990, sa peinture sur toile suscite l’intérêt grandissant des collectionneurs étrangers. Il puise son inspiration dans la culture populaire russe et de références savantes. Fasciné par l’art des icônes, il assume l’influence de Matisse, Caravage, Zurbarán et revendique une démarche esthétique qui tend vers la recherche du beau. Embrassant les éléments d’une formation académique rigoureuse en pleine époque soviétique, il distille dans ses créations humour et diversité des références, sophistication et fantaisie.

Ivan Loubennikov devient professeur de peinture monumentale à Institut d'État académique des Beaux-Arts Sourikov en 1994. Dans le cadre de ces classes, il est chargé en 2005 de la scénographie de trois stations du métro moscovite. La première réalisation à la station Maïakovskaïa en 2005, est récompensée par le prix International Vladimir Maïakovski en 2009 et par la Médaille d’Or de l’Académie des Beaux-Arts de Russie. Il intervient ensuite en 2007 à la station Sretenski boulevar puis en 2008 à la station Slavianski. A chaque nouvelle mise en scène, Ivan Loubennikov fait appel à des savoir-faire qui célèbrent l’artisanat russe, vitrail, mosaïque, métal forgé et acier gravé. Dans le prolongement de cette démarche, il réalise en 2009 le vitrail destiné au métro parisien. Il signe également la scénographie du Musée Maïakovski. Membre de l’Académie russe des Beaux-arts, il est nommé Artiste du peuple et décoré de l’Ordre de l’Amitié en octobre 2011. 

Ryaba la poule, vitrail d'Ivan Loubennikov
Ligne 14 Station Madeleine - Métro parisien 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.