Jusqu’au XVIème siècle, à Paris le fleuve ne se franchit qu’en deux points. Le Petit Pont et le Grand Pont de l’Île de la Cité, deux constructions d’époque gallo-romaine illustrent le manque d’aménagements. La nécessité d’un pont traversant entièrement, d’un seul tenant, la Seine se fait sentir. Henri II envisage de relier par une passerelle le quai de l'École, l'île du Palais et le quai des Augustins. Il meurt en 1559 avant d’avoir mené à bien son projet. Son troisième fils, Henri III (1551-1589) couronné en 1574, valide la construction par lettres patentes le 16 mars 1578. Il pose officiellement la première pierre le 31 mai 1578, en présence de Catherine de Médicis, la reine mère, et de la reine Louise de Lorraine Vaudémont, son épouse. De 1588 à 1599, les désordres politiques fruits des Guerres de Religion, interrompent le chantier. Le roi Henri IV (1553-1610) qui règne de 1589 à 1610 ordonne par lettres patentes de mai 1598 la reprise des travaux. Ce choix prolonge un ensemble d’aménagement mené à la pointe de l’Île de la Cité, création de la place Dauphine, sœur de la place des Vosges, derrière l’ancien palais des Capétiens, ouverture de la rue Dauphine et dans la même optique agrandissement du palais des Tuileries relié au palais du Louvre.
Il existe une controverse sur la paternité du Pont Neuf. Selon la théorie la plus répandue jusqu’à récemment, les travaux sont menés initialement sous la direction des architectes Jacques et Baptiste Androüet du Cerceau. En 1579, Baptiste Androüet du Cerceau, architecte royal depuis le 17 octobre 1578, et Pierre des Illes modélisent la structure du pont. Selon une version alternative, l’entrepreneur du pont, Guillaume Marchant (décédé en 1604) aurait travaillé selon ses propres plans avec Thibault Métezeau, et Pierre des Illes, et secondé à partir de 1584 par François Petit. Les frères Androuet du Cerceau, membres de la commission royale de surveillance du Pont Neuf, auraient seulement supervisé la finalisation et l’entretien de l’ouvrage.
Au début du XIXème siècle, la structure du Pont Neuf fatiguée par le poids de l'Histoire montre des signes de faiblesse. En 1827, l’arche adjacente au quai des Augustins est restaurée. Puis une vaste campagne rénove les voûtes de 1848 à 1855. A cette occasion, les échoppes disparaissent. Les corbeilles sont dégagées des boutiques et autres baraquements, les caves sont bouchées. Les refuges sont dotés de nouveaux bancs faisant corps avec le parapet. Les candélabres au gaz conçus par Victor Baltard font leur apparition en 1854. Les plaques de fonte sur le socle de chaque réverbère s’ouvrent sur des niches qui dissimulent les robinets d’arrivée du gaz, accès facile pour réparation et entretien.
La pompe de la Samaritaine, première pompe élévatrice d’eau, est construite entre 1602 et 1608 l’ingénieur hydraulicien Jean Lintlaër. Jouxtant le Pont Neuf, elle est mise en service à l’achèvement de l’ouvrage. Les roues élèvent l’eau jusqu’à la hauteur du pont. Elle alimente les palais du Louvre et des Tuileries. L’édifice élégant installé sur pilotis est coiffé d’un campanile ornée d’une horloge. La façade est ornée d’un bas-relief en bronze représentant Le Christ et la Samaritaine au puits. La pompe sera entièrement reconstruite en 1715 mais devenue inutile en 1817, elle est détruite. Le grand magasin de la famille Cognacq-Jay, fondé en 1870, lui rend hommage en lui empruntant son nom, la Samaritaine.
L’actuelle statue équestre d’Henri IV tournée vers la place Dauphine remonte à 1818. Elle remplace la statue originelle fondue à la Révolution en 1792. L’originale, oeuvre de Jean de Bologne et son élève Pierre Tacca, commandée par Marie de Médicis, a été installée en 1614. Tout d’abord cheval sans cavalier, le monument sera finalisé en 1635 par des bas-reliefs et un ensemble de bronze, aux angles du piédestal, quatre esclaves signés Barthélémy Tremblay, Francesco Bordoni et Pierre de Francqueville. Ces œuvres ont rejoint les collections du Louvre. La statue déboulonnée en 1792, l’emplacement demeure vide au cours du Consulat et du Second Empire. En 1814, la Restauration, une statue d’Henri IV en plâtre dont le modèle s’inspire de la précédente vient ranimer le souvenir du Vert Galant. En 1818, la statue en bronze réalisée par le sculpteur néo-classique François Frédéric Lemot est définitivement mise en place. Le décor de bas-reliefs en bronze est complété en 1820.
Le Pont Neuf, lieu privilégié, a longtemps été choisi pour accueillir souverains étrangers et futures reines. Témoin de l’histoire, le Pont Neuf porte les marques de crues significatives sur deux de ses piliers l’un en aval l’autre en amont. En 1985, Christo, pionnier du land art, l’a emballé le temps d’une création éphémère spectaculaire qui a attiré près de trois millions de visiteurs. Tour à tour rendez-vous populaire animé et carrefour des élégances, le Pont Neuf nous est parvenu dans un état de conservation remarquable grâce à la solidité de sa structure et aux restaurations consciencieuses menées au fil des siècles. La dernière, contemporaine, s’est achevée en 2007. Désormais, il est particulièrement prisé pour ses accès au délicieux square du Vert Galant et à la très érotique place Dauphine.
Pont Neuf Paris 1Le guide du patrimoine Paris - Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 1er arrondissement - Philippe Godoÿ - Parigramme
Curiosités de Paris - Dominique Lesbros - Parigramme
Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments - Félix et Louis Lazare
Sites référents
Base Mérimée
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