Nos Adresses : Lorette et les Garçons, bistrot moderne, néo-brasserie au parfum d'antan - Paris 9



Lorette et les Garçons, brasserie à l’ancienne réjouissante, joue la carte de la nostalgie pour mieux embrasser une vision du Paris populaire éternel. Si l’établissement est récent, l’esprit des lieux mise sur une sincérité hors du temps. A l’ombre de l’église Notre-Dame-de-Lorette, ce bistrot de quartier de la Nouvelle Athènes assume les codes très parigots. Façade en bois, micro-terrasse de charme, menu à l’ardoise, sol en carreaux de ciment, banquettes de moleskine, tables nappées et miroirs peints signent une identité reconnaissable dans le monde entier. Une touche de gouaille parisienne, un goût prononcé pour les recettes de grand-mère et le terroir allègre, une sélection de vins inspirée, Lorette et les Garçons combine tous les ingrédients d’un moment gourmand réussi. L’ambiance sans chichi aussi chaleureuse que décontractée y cultive une authentique convivialité pour une brasserie d’habitués. Cuisine d’antan d’inspiration lyonnaise, volupté d’abondance et chaleur humaine, la très bonne adresse de la semaine !











Aux commandes de Lorette et les Garçons, se trouvent deux enfants de la balle, Vincent Pétron, fils d’un négociant en vin, petit-fils d’une restauratrice normande et Pierre Lindon, fils du patron de l’Al Dente, institution à deux pas de Matignon. Le dynamique tandem s’est formé à bonne école dans des établissements parisiens comme La Pizzeria d’Auteuil des frères Dumant. En 2018, rattrapés par la fièvre de l’entreprenariat, ils lancent leur propre lieu dans la grande tradition familiale. 

En cuisine, le chef Nicolas Duroux, riche d’une histoire de reconversion heureuse complète le panorama. Navigant dans les eaux de la communication et du cinéma, il choisit en 2015 de virer de bord pour vivre sa passion, la cuisine. Il fourbit ses premières armes au Dôme du Marais, La Karambole, Le Comptoir général. Chez Lorette et les Garçons, il compose une carte de saison maison, s’inspirant de l’arrivage du marché et des beaux produits du terroir. Hommages à la tradition, ces compositions limpides de néo-brasserie empruntent ses belles évidences à la cuisine bourgeoise. Plaisir est le grand mot. Les jus, les textures, les saveurs généreusement prodigués combinent la minutie à la générosité. Le mijotage est pratiqué comme un art, les appétits apaisés avec bienveillance. On se surprend rapidement à saucer les assiettes.

L’engagement auprès des petits producteurs, le respect de la saisonnalité donnent à penser les plus beaux produits. La viande provient des boucheries Chamineau et Lalauze, les fruits et légumes des Halles de Murat, les fromages de Frescolet et le pain de Farine & O, la terrine de campagne de la maison Conquet, les Sardines à l’huile d’olive de La Belle-Iloise. Les grands classiques de la cuisine traditionnelle, simple et roborative, convoquent les parfums d’antan, les secrets des recettes de famille. Chez Lorette et les Garçons les incontournables se font assiettes signature. Selon la saison, soupe à l’oignon, bœuf bourguignon, blanquette se bousculent plein d’allant à la carte. Escargots, Cuisses de grenouille, Tartare de bœuf au couteau, Poulet fermier frite, Côte de bœuf sauce aux cèpes suivies de desserts délicieusement régressifs, pain perdu, profiteroles, mousse au chocolat, composent un menu bistrotier réjouissant. 









La carte des vins, courte, abordable, bien sentie, donne la part belle aux nectars de récoltants. Et dans la grande tradition bistrotière, les élixirs peuvent se déguster à la ficelle ! Pour accompagner ce début de dîner, un verre de Bourgogne Pinot Noir domaine Jean-Baptiste Jessiaume 2018 s’invite à la table. Robe rubis brillante, légers reflets violines, ce vin léger et souple déploie au nez de belles nuances de fruits rouges mûrs, de griottes. En bouche, la gourmandise du fruit et sa fraîcheur s’affirment dans la plénitude d’une structure élégante.

Iconique, l’Œuf mayonnaise à l’ancienne file droit dans son nappage de mayo maison très réussie. Les Cuisses de grenouille, crème d’ail doux et coulis de persil, s’engagent dans une ronde colorée, joliment troussées et gentiment goûteuses. Second verre de vin, du Languedoc cette fois, Domaine Moulin de Lène, cuvée Romanus, à la robe rubis profonde. Les arômes de framboise et de griotte dominent nuancés par des notes d’épices douces. La bouche, soyeuse, équilibrée, d’une belle rondeur marque les saveurs de fruits compotés pour atteindre en finale des accents cacaotés.

Le Croque-monsieur truffé en compagnie de sa salade est pure indulgence, charnu et parfumé, d’une gourmandise pleinement assumée, il confirme émouvant et régressif sa position de composition signature de la maison. Les Rognons de veau en persillade, écrasé de pomme de terre, souvenir d’une recette de grand-mère, déboulent avec leur faconde gourmande et leur innocence sincère. Douillets, joliment bons. 







En dessert, il n’est pas question de passer à côté des Profiteroles de Lorette, nappées de chocolat chaud à la louche et à table pour le spectacle. A se damner ! Le Pain perdu brioché, crème glacée vanille, artisanale et bio de la Maison Terre Adélice, est tout aussi réussi. Réveillant le morfalou en chacun, il se dévore en quelques cuillères replètes. 

Chez Lorette et les Garçons, l’addition clémente, presque une exception à paris, propose un rapport qualité prix imbattable. Entre amis, en famille, cette néo-brasserie inspirée a de très belles heures gourmandes et conviviales à nous offrir. Enorme coup de cœur de la rédaction !

Lorette et les garçons
9 rue Saint Lazare - Paris 9
Tél :  01 42 06 94 98
Horaires : Ouvert du lundi au samedi, 12h/14h30, et 19h30/22h30 - Fermé le dimanche



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.