Nos Adresses : La Petite Venise, gastronomie italienne au parc de Versailles, la dolce vita au château



La Petite Venise, discrète table italienne, halte gourmande au cœur du parc de Versailles, a trouvé refuge le long d’une contre-allée du château, à l’extrémité du Grand Canal près du bassin d’Apollon. Le chef Robbie Pepin compulse le registre transalpin avec une sincérité désarmante, une générosité réjouissante et une énergie joyeuse. Les assiettes, envolées savoureuses, compositions colorées, s’inscrivent dans les évidences heureuses d’une cuisine de saison. A La Petite Venise, le patrimoine français dont le château de Versailles est la plus parfaite illustration, rencontre la gastronomie de la Botte. Le combo ne manque pas de piquant. A l’ombre des tonnelles, voire des jeunes filles en fleurs, l’établissement déploie une ravissante terrasse aux allures de roseraie. Dans la quiétude d’une enclave verdoyante, le temps suspend son vol l’espace d’un déjeuner romantique ou d’un repas en famille. Une découverte délicieuse !










Au temps de Louis XIV, la Petite Venise désigne l’ensemble de bâtiments, aujourd’hui disparus, qui abritent alors la flottille naviguant sur le Grand Canal ainsi que les logements de la corporation des matelots de Versailles. Le lieu prend cette jolie dénomination à l’occasion d’un cadeau de la Sérénissime au roi Soleil. Le Doge de Venise offre quatre gondoles au souverain français. Les gondoliers italiens qui les manœuvrent intègrent l’escadrille royale des canaux versaillais. A la Révolution, les premiers édifices disparaissent. De nouvelles écuries sont élevées à cet emplacement sous le règne de Louis Philippe. Ces bâtisses désormais accueillent un magasin de souvenirs et le restaurant La Petite Venise créé en 2006. 

Estampillé Musiam, émanation du groupe Ducasse Culture, spécialiste de la restauration en milieux culturels, l’établissement séduit aussi bien les touristes du monde entier de passage à l’occasion d’une visite au château que les Parisiens en quête d’expériences champêtres en ville. La belle salle de caractère mêle les charmes d’un lieu historique, pierre de taille, poutres apparentes et curieuses anciennes mangeoires, aux touches contemporaines d’un restaurant raffiné. La magnifique terrasse ne se lasse pas d’être l’atout absolu de La Petite Venise, atout conforté par un service avenant, yeux souriant derrière le masque de rigueur

Le chef italo-écossais Robbie Pepin revendique une passion pour l’esprit et les saveurs transalpines, ferveur transmise par ses grands-parents restaurateurs italien. Le chef a fait ses classes au Four Seasons florentin et à l’Andana toscan avant de rejoindre le groupe Ducasse, où il a officié aux fourneaux d’Il Ristorante de l’Hotel Bulgari à Londres, ou encore à La Trattoria by Alain Ducasse à Monte Carlo. 











La carte resserrée assume une épure de bon aloi à laquelle répond galamment la justesse des propositions. L’alphabet gourmand italien se décline dans un minimalisme inspiré, au gré des saisons, de l’arrivage du marché. L’amplitude des saveurs, l’abondance toute méditerranéenne des assiettes traduisent un amour des beaux produits traités avec élégance, la qualité des ingrédients. Le chef Robbie Pepin propose une cuisine de trattoria volubile, limpide et généreuse, sans esbroufe inutile mais profuse en goût. 

Plaisir des yeux avant même celui des papilles, les compositions avenantes, colorées, exaltent les sens. Elles prennent repères dans la franchise des grands classiques de la Botte. Les pâtes maison, bonheur dense, fourchette taquine, barbotent joliment dans des sauces relevées avec esprit, des déclinaisons de textures enthousiasmantes. 

Le fondant, le croquant, les assiettes d’antipasti élaborées avec précision font oeuvre de séduction en compagnie d’un vin rosé, Pino Grigio Ramato du domaine Puiatti, Frioul-Vénétie Julienne. Les Antipasti Grande Venise à partager - Légumes marinés, charcuterie, melon, marmelade de courgettes et Mozzarella di Bufala - jouent sur les classiques imparables et convoquent les saveurs estivales, la gourmandise des salaisons, le crémeux infini de la mozzarella de bufflonne. Spécialité du chef, Le Poulpe Mariné à l'huile d'olive, écrasé de pommes de terre tiède, olives Taggiasche et citron confit, souligne la parfaite maîtrise des cuissons, le sens des contrastes sereins.










Les pâtes maison ne laissent pas de doute sur leur profonde nature italienne. Composition alerte, les Rigatoni All’ammatriciana, guanciale, sauce tomate épicée et parmesan, avancent débonnaires, langueurs chaleureuses et citations acides, tandis que les Taglierini al pomodoro, sauce tomate basilic, coeur de Burrata, défendent avec justesse de replètes imbrications. Les Fregola Sarda, façon risotto aux fruits de mer, bisque de crustacés, trouvent des équilibres gourmands dans l’abandon des juxtapositions plaisantes.

Du côté des desserts, « Dolce di casa », ça gigote joyeusement. La Tarte au citron, éclats de meringue craquante, fait son show en 3D. La Panna Cotta Vanille Marmelade fraise / rhubarbe déploie des trésors de générosité fruitée. La Mousse au chocolat gianduja, biscuit dacquoise coco, crumble, cerises amarena, surprend par son aérienne volupté. Sylphide de la sélection, le Tutti Frutti, fruits frais de saison, sirop à la menthe, sorbet, déploie un art consommé de la couleur.

Terrasse de charme dans un lieu historique, quiétude heureuse d’un jardin caché, cuisine italienne savoureuse et nourritures allègres, La Petite Venise tient le haut de l’affiche. Une exquise surprise, une belle adresse gourmande.

La Petite Venise 
Enclos de la Petite Venise (entre le Bassin d'Apollon et le Grand Canal)
Place d'Armes, Allée d'Apollon
Parc du Château de Versailles - Versailles
Tél : 01 39 53 25 69
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 11h45 à 18h - Fermé le lundi
Ouvertures exceptionnelles en soirées pour des dîners privés sur réservation



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.