Paris : The Beautiful Dreamer, une oeuvre d'Arne Quinze, porte de Versailles - XVème



The Beautiful Dreamer, première oeuvre du plasticien flamand Arne Quinze installée de façon permanente dans l’espace public français, a été inaugurée le 20 novembre 2019. Depuis 2015, Viparis orchestre les grands travaux de modernisation de Paris Expo Porte de Versailles. Le parc des expositions réinventé sur un modèle de développement durable deviendra centre d’affaires international et lieu de vie. La sculpture monumentale d’Arne Quinze s’inscrit dans la ligne directe des projets architecturaux d’envergure, parmi lesquels la plus grande ferme urbaine au monde imaginée par Valode et Pistre Architectes, un complexe hôtelier conçu par Jean-Michel Wilmotte, un pavillon pensé par Jean Nouvel. Les choix esthétiques confèrent au chantier une dimension artistique évidente. En symbiose avec le concept d’une végétalisation du parc, la réalisation du plasticien belge souligne l’identité des lieux. L’oeuvre monumentale curatée par ArtBliss Paris s’intègre au tissu urbain pour mieux valoriser cette jonction un peu aride entre le nouvel hôtel Novotel et l’entrée du pavillon 6. La fleur gigantesque d’Arne Quinze ouvre le parc d’exposition sur la ville environnante. Placée dans l’espace public, elle prescrit un rythme inédit et par cette dynamique différente distille la culture dans le quotidien des usagers de la ville.  Plutôt que de succomber à la monotonie grise des espaces urbanisés, « The Beautiful Dreamer » propose l’alternative de sa flamboyante diversité.










Arne Quinze vit et travaille à Laethem-Saint-Martin en Belgique. Né en 1971, il a quinze ans dans les années 1980 lorsqu’il s’empare de sa première bombe de peinture pour descendre dans la rue. Le jeune graffeur s’exprime sur les murs de la ville, les trains de banlieue. L’espace urbain se transforme en musée à ciel ouvert grâce à l’intervention libre et décomplexée des street artists. Arne Quinze saisit la radicalité de ce geste et embrasse la nature vandale de la pratique. Prélèvement du réel à un niveau élémentaire, le street art reconfigure de la géographie sensible de la ville. Les artistes se réapproprient le territoire de la cité. 

Aujourd’hui, en atelier, Arne Quinze développe une réflexion picturale. Il alterne peintures en grand format, compositions florales vibrantes, et dessins délicats. Sculptures et installations monumentales sont le fruit d’un travail en studio. La technicité de cette pratique nécessite l’intervention d’ingénieurs et d’assistants. Arne Quinze intervient dans les villes du monde entier depuis plus de vingt-cinq ans. Par une forme particulière de Land art, il tente de réhumaniser les environnements minéraux de la ville contemporaine. Ses œuvres empruntant à la beauté débridée de la nature remettent en question la perception des centres-villes. 

Porté par la reconnaissance internationale, Arne Quinze arpente désormais les chemins du monde. L’artiste projette au cœur des métropoles sa vision d’une cité idéale où règne l’éclectisme des formes. L’art en ville rassemble les êtres, ouvre des dialogues, amène les individus à communiquer. Et les échanges sont parfois houleux. Les interventions d’Arne Quinze souvent sujettes à controverse comme « Rock Strangers », un ensemble de blocs rouges à Ostende placés devant la digue face à la mer auxquels les riverains reprochent de boucher la vue.










Arne Quinze cherche par ses œuvres d’art public à réintroduire l’élément nature dans des espaces entièrement repensés par l’être humain. A Shanghai, Beyrouth, Washington, Mumbai, Rio, Bruxelles, ses propositions engendrent des dynamiques nouvelles dans le cadre du développement urbain. Il traduit l’énergie d’une expérience intime dans le cadre d’une recherche plastique. Jubilation, célébration des écosystèmes, nécessité d’une préservation, il interroge nos modes de vie contemporains éloignés de l’essence primordiale.

Imaginée en adéquation avec le projet Paris Expo Porte de Versailles, « The Beautiful Dreamer », oeuvre monumentale, haute de 11,50 mètres illustre cette fascination pour la beauté de la nature, principale source d’inspiration, son exubérance qui trouve un équilibre dans la variété. Principale source d’inspiration de la nouvelle installation. Floraison exotique luxuriante, les différents éléments de la sculpture ont été fondus en bronze puis peints. Le processus véritable expérimentation colorée, palette chromatique éclatante, célèbre la vitalité joyeuse de la nature. Certains motifs ont été ployés directement sur place grâce à une grue, incarnation d’une puissance végétale brute. Les éléments en pierre naturelle jouent sur le paradoxe d’une prolifération de formes organiques. L’évocation surréaliste d’une fleur improbable aux élégants déploiements convoque un sentiment de vulnérabilité et suggère la nécessité de l’optimisme face à l’évolution continue des écosystèmes, des environnements.

En symbiose avec les lieux où elles sont placées, joyeuses intrusions, écho singulier dans un contexte urbain, les œuvres d’Arne Quinze donnent à réagir. L’art sujet de conversation, créer des liens entre les êtres, rend à nouveau possible la communication. Ces interventions suggèrent de vaincre la grande solitude des villes en entamant des dialogues. Arne Quinze rompt la monotonie du béton pour régénérer l’énergie de la cité grise, lui transmettre un bouillonnement d’émotions.

The Beautiful Dreamer - Arne Quinze
Place Amédée Gordini
Angle du boulevard Lefebvre et de l’avenue de la Porte de la Plaine 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.